Outreau. Une des villes les plus connues de France, et qui s’en serait bien passée. Pourtant, le procès très médiatisé qui porte son nom en a caché au moins un autre, bien plus réel celui-là. Les dix-huit accusés connus n’étaient pas pédophiles, mais l’auteur de ce témoignage a bien été victime d’un pédophile, un médecin. Hélas, ce procès a eu lieu aussi à Outreau, et en même temps que la fameuse » affaire » dont toute la France parlait. Hélas parce que Ludovic a vu ses efforts pour faire condamner son bourreau réduits à néant, malgré les preuves, les témoignages et les concordances avec d’autres victimes. Il dut encore batailler pour obtenir une indemnité de la commission d’indemnisation des victimes, même si la culpabilité de son agresseur avait été formellement reconnue par le président de la cour d’appel de Douai. Ce médecin pédophile l’avait pris sous son aile alors qu’il avait quinze ans, mais uniquement pour abuser de lui, avec sa femme, jour après jour, pendant des années.. Il raconte l’enfer qu’il a vécu, la descente inexorable vers la drogue et l’alcool, pour échapper à son quotidien. Il raconte les souffrances immenses pour en sortir, pour s’en sortir, puis replonger, puis faire définitivement surface grâce à son amour des lettres et de la vérité. 10 ans de sa vie. Et une marque à jamais indélébile, cicatrice à laquelle s’ajoute celle des 11 années de procédure judiciaire qu’il a engagées pour obtenir justice. Et le silence des médias sur ce procès, silence d’autant plus insupportable qu’il côtoie le vacarme assourdissant de l’autre procès d’Outreau. Loin de condamner la justice dans son ensemble, Ludovic Lefebvre appelle à ce que la société reconnaisse et dénonce la justice de classe ( » notable donc non coupable « ) quand elle a lieu comme dans son cas, en contradiction totale avec le principe d’Egalité. Pour enfin ouvrir le débat sur ce qui s’est réellement passé à Outreau, il confie avec courage ce témoignage poignant, terrible, mais ô combien utile pour notre société.