UNE CENTAINE de personnes suspectées d’appartenir à un réseau de pédophiles diffusant des images pornographiques d’enfants sur Internet ont été interpellées simultanément, mercredi 2 septembre, dans vingt et un pays. Le bilan définitif de ce coup de filet n’était pas connu, jeudi matin, mais un porte-parole des douanes américaines, Raymond Kelly, estimait qu’il s’agissait du « plus vaste réseau de pédophiles jamais mis au jour ».

Cette opération était en préparation depuis plusieurs semaines sous le nom de code « Cathédrale ». Les modalités d’intervention avaient été mises au point lors de réunions entre responsables policiers. L’objectif des enquêteurs était d’identifier les cent cinquante à deux cents habitués d’un site baptisé « Wonderland Club », le « Club du pays des merveilles ».

Les principaux pays concernés sont la Grande-Bretagne, l’Allemagne et, plus encore, les Etats-Unis où une trentaine de personnes ont été interpellées. En France, quatre personnes ont été appréhendées à Toulouse, Strasbourg et dans la région lilloise, sur commission rogatoire du juge lillois Jean-Marc Herbaut. En Italie, un ingénieur de trente-huit ans, suspecté d’être une sorte d’« idéologue » de la pédophilie a été interpellé à Naples. Selon l’Agence France-Presse, certains enfants victimes du réseau seraient d’origine italienne. La police a procédé à des perquisitions à Rome, Turin, Catanzaro, Naples, Bologne et Florence.

Parmi les autres pays figurent notamment le Brésil, la Russie, le Japon, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, la Finlande, la Norvège, le Portugal et la Suède. Au total, plus de 100 000 clichés, dont certains impliquaient des enfants de deux ans, auraient été saisis à cette occasion, de même que des centaines de disquettes informatiques. « C’est réellement odieux », a commenté John Stewardson, l’un des policiers britanniques chargé de coordonner le dispositif.

L’opération « Cathédrale » est la conséquence d’un travail effectué dès 1996 par les douanes américaines. Le démantèlement d’un autre réseau (Orchid Club) avait alors permis d’établir un lien avec la Grande-Bretagne. La police britannique avait pris le relais et constaté, à son tour, l’existence de réseaux internationaux. D’où la mise au point d’une opération de grande ampleur, résultat d’une « parfaite coopération », indique-t-on de source française.