PLUS de deux cents pédophiles ont échappé au spectaculaire coup de filet de l´opération « Cathédrale », lancée la semaine dernière dans le monde entier ; tout cela parce que les polices des nombreux pays engagés dans l´enquête n´avaient pas correctement coordonné leurs actions. Seulement un suspect sur quatre aurait été arrêté, selon le journal britannique « The Observer ».
Cette opération « Cathédrale » avait été organisée par les policiers anglais de la National Crime Squad, sorte de brigade anticriminelle. C´est par hasard, en perquisitionnant chez un pédophile dans un petit port de la côte sud de l´Angleterre, dont l´adresse avait été découverte par les douanes américaines sur du matériel pornographique qu´elles avaient saisi, que les enquêteurs anglais avaient pu « tirer le fil » pour accéder au club Wonderland, l´un des clubs les plus fermés de la planète.
L´opération « Cathédrale » avait été décidée lors d´une réunion des policiers anglais avec leurs collègues des autres pays, au siège d´Interpol cet été à Lyon. Les enquêteurs anglais avaient apporté à cette réunion les noms de 270 membres du club Wonderland, mais ils n´avaient donné que six semaines aux polices des différents pays pour agir. Ils étaient pressés parce qu´ils voulaient retrouver au plus vite les enfants victimes de ces pratiques. Ils avaient en effet saisi des enregistrements où l´on voyait des pédophiles se livrer à des actes sur des enfants, à la demande d´autres membres du club Wonderland, qui pouvaient suivre ces sévices en direct sur Internet grâce à des caméras numériques connectées au réseau (« webcam », comme les appellent les spécialistes).
Ces délais étaient trop courts pour de nombreuses polices, qui n´ont pas eu le temps de localiser tous les suspects. Les policiers américains, par exemple, ne sont intervenus qu´à 32 adresses alors qu´ils avaient les noms de 90 personnes. Les policiers anglais espèrent que d´autres arrestations vont intervenir dans les semaines qui viennent en Argentine, en Russie, au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud. Leur premier coup de filet a permis l´interpellation de cinquante pédophiles et la saisie de plus d´un million d´images pornographiques.
Jean Robin