La star franco-algérienne du raï Cheb Mami, 42 ans, accusé de tentative d’avortement forcé sur son ex-compagne, a reconnu sa responsabilité, avouant dans des sanglots « sa faute grave », mais dit avoir été « piégé », jeudi lors de son procès devant le tribunal correctionnel de Bobigny.
Cheb Mami, chemisette blanche, a fait son entrée le visage fermé, jeudi matin dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Bobigny, en banlieue parisienne. Le chanteur a conversé avec ses conseils, lançant des regards aux nombreux journalistes assis au fond de la salle.
Ecroué à la prison de la Santé à Paris depuis lundi après deux années de fuite en Algérie, Cheb Mami, Mohamed Khelifati à l’état civil, encourt dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.
Il lui est notamment reproché des « violences » avec des circonstances aggravantes en 2005 sur une photographe de presse de 43 ans, avec laquelle il entretenait une liaison.
Avortement forcé
En août 2005, Camille -le prénom a été changé à la demande de la victime- affirme avoir été amenée de force dans une villa à Alger après qu’elle eut annoncé sa grossesse au chanteur. Elle dit y avoir été droguée et séquestrée, affirmant que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage. Elle a finalement donné naissance à une fillette aujourd’hui âgée de trois ans.
« J’ai été insultée « sale chienne salope, t’as fauté ». Ils m’ont balancée sur le matelas et m’ont arraché le pantalon. Il y avait deux femmes à califourchon. On m’a fait trois piqûres, une (femme) appuyait sur mon ventre et l’autre me mettait la main dans le vagin et grattait« , raconte Camille à la barre.
Quand le président du tribunal, Jean-Dominique Launay, relit au chanteur une conversation entre lui et la victime, enregistrée par la police en novembre 2005 et où il reconnaissait avoir assisté à la scène d’avortement forcé, celui-ci craque.
« J’étais dépassé« , dit-il en sanglots. « C’est contraire à mes principes, à ma religion. Je n’arrive pas à l’expliquer. J’ai fait une faute, c’est grave, le cauchemar. Je n’étais pas dans la villa mais je savais ce qui se passait« , déclare Mami.
– Pourquoi le reconnaissez-vous aujourd’hui après l’avoir nié ? lui demande M. Launay.
– C’était un secret, c’était mon secret jusqu’à maintenant », dit-il, en pleurant toujours.
Malgré un flot d’incohérences et de contradictions, Cheb Mami va s’en tenir à sa ligne de défense. « J’ai été piégé« , répète-t-il
« Le fait que vous soyez au courant montre que vous êtes partie prenante dans cette affaire« , lui rétorque M. Launay.
« C’était l’idée de Michel » Lecorre (Maurice Lévy, son ex-manager et co-accusé), se défend Cheb Mami. « J’ai accepté dans la panique. S’il n’avait pas proposé cette possibilité je n’aurais jamais pensé à ça. Mais je n’ai rien fait pour l’arrêter« , poursuit-il.
« C’était la honte pour moi d’avoir un fils ou une fille illégitime, un enfant ça se fait à deux. Je ne voulais pas de cet enfant« , tente d’expliquer le chanteur.
Dans la matinée, le tribunal avait procédé à l’examen de la personnalité de celui qui fut le premier et seul chanteur de raï à remplir Bercy. D’après le rapport d’expertise, Cheb Mami « ne présente aucun trouble de personnalité« .
Incarcéré pendant trois mois à Paris, le chanteur avait été libéré après le versement d’une caution de 200.000 euros, avant de s’enfuir ensuite en Algérie en mai 2007.
Les réquisitions sont prévues en fin de journée. Le jugement peut être rendu immédiatement ou mis en délibéré.
Source: http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/cheb-mami-reconnait-sa-faute_771858.html#IcF1i8yq0cuqhQUJ.99