Le Figaro Prison avec sursis requise contre les époux Lavier

Le couple est poursuivi pour mauvais traitements sur deux de leurs enfants et corruption de mineurs.

(Photo: Franck Lavier et son épouse Sandrine, au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Crédits photo : PHILIPPE HUGUEN/AFP)

Franck et Sandrine Lavier, deux des acquittés de l’affaire d’Outreau, ont comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Le couple répondait, seul, de mauvais traitements sur deux de ses enfants et, en compagnie de quatre proches, de corruption de mineurs. Les prévenus encourent théoriquement jusqu’à 5 ans de prison: le procureur Nathalie Bany a requis dix-huit mois avec sursis pour les deux principaux prévenus, 8 mois avec sursis pour trois autres, une dispense de peine pour le dernier. Le jugement a été mis en délibéré.

La corruption de mineurs, d’abord. Au cours de fêtes arrosées, immortalisées par des photos et des films navrants, les Lavier et leurs hôtes se livrent à des pantomimes grivoises. Les messieurs apparaissent en nuisette rose quand ils ne montrent pas leur derrière à la fenêtre, les dames simulent des fellations avec des bouteilles vides, on crie des obscénités, tout le monde se dénude mais on cache ses parties intimes, la musique hurle – c’est d’une vulgarité achevée. Le problème, c’est que de très jeunes enfants sont présents, on les entend piailler et, de temps en temps, un petit personnage traverse le cadre. Les prévenus expliquent qu’ils ne se rendaient pas compte de l’inconvenance de leur comportement, qu’ils mettent au compte d’une alcoolisation massive et d’un «délire collectif». Interrogés par une présidente exemplaire, Nicole Jarno, ils bredouillent des contritions maladroites.

Les violences, à présent. C’est le plus grave. Tout commence d’ailleurs par là: le 24 février 2011, deux enfants du couple, Jessica et Louis (1), âgés de 11 et 12 ans, s’enfuient du domicile et se réfugient chez l’assistante maternelle qui avait recueilli la petite fille au moment de l’affaire d’Outreau. Ils se plaignent de mauvais traitements, de punitions cruelles. Quand ils font «des bêtises» – et ils en font, apparemment, souvent -, ils doivent notamment s’agenouiller sur un manche à balai, mains sur la tête, pendant des heures. Franck et Sandrine Lavier protestent: des punitions, il y en a eu, des lignes d’écriture d’abord, des postures telles que décrites, mais sans le manche à balai qui les rapproche de la torture.

Oui mais voilà: figure dans le dossier des photographies des genoux de Jessica et Louis. La violence du flash souligne la blancheur des petites jambes et l’énormité des hématomes brun-orange qui déforment leurs genoux. Confrontées à cette image odieuse, les dénégations des parents sonnent creux. «Je vous aime», avait écrit Jessica sur la lettre laissée à la maison avant la fugue.

Les Lavier ne sont pas que des «acquittés d’Outreau». Cette qualité ne vaut pas, au demeurant, titre de noblesse judiciaire avec apanage et privilèges. Franck Lavier raconte comment, après le deuxième procès d’assises, sa famille presque entièrement réunie avait connu une année de grâce, avec «quatre séjours» dans des parcs d’attraction, l’achat d’une maison, de jouets à foison, la naissance de deux bébés. Après, la vie normale avait repris ses droits, avec le désenchantement, l’incapacité à élever des enfants que les parents, finalement, ne connaissaient pas puisqu’ils avaient été placés pendant trois années. Ce sont des gens ordinaires, pas des symboles, que le tribunal devra juger.

Stéphane Durand-Souffland

(1) Les prénoms ont été modifiés.

Source: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/01/26/01016-20120126ARTFIG00654-acquittes-d-outreau-les-lavier-de-retour-au-tribunal.php

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