Polémique sur la pédopornographie virtuelle aux Pays-Bas
La Haye : Deux sexologues néerlandais ont proposé de légaliser la pédopornographie virtuelle, pour canaliser les pulsions sexuelles de certains pédophiles, une idée qui a suscité de vives critiques et sur laquelle le ministre de la Justice est appelé à se prononcer.
Dans les médias ou sur les blogs internet, les réactions ont été nombreuses, allant de la désapprobation, la plupart du temps, aux remarques empruntes d’un pragmatisme tout néerlandais, plus rarement.
« Je trouve que ce n’est vraiment pas une bonne idée », a martelé Gerdi Verbeet, ancienne présidente du parlement néerlandais, lors d’un débat sur le sujet à la télévision publique néerlandaise. « Cela représente une responsabilité énorme pour le gouvernement ».
Face à elle, le journaliste spécialiste de la criminalité Peter de Vries a affirmé penser que la proposition « pourrait fonctionner », tout en y voyant certaines épineuses questions pratiques: « jusqu’où cela devra-t-il aller (pour fonctionner, ndlr)? A quel point les images doivent-elles être réalistes? »
Sur les forums de discussions, les nombreux commentaires témoignent souvent d’un rejet, voire d’un dégoût, vis-à-vis de la proposition. « Ne faites pas cela à nos enfants! », « Proposition absurde », s’emportent certains. « Pourquoi le pédophile n’utilise-t-il tout simplement pas son imagination pour créer dans sa tête son fantasme préféré? », s’interroge un autre.
« La proposition n’apporte pas grand-chose et pour certaines personnes, cela augmente clairement la probabilité qu’elles passent à l’acte (abus sexuel, ndlr) », explique à l’AFP le psychothérapeute spécialisé Jules Mulder, de la clinique De Waag.
Il avait précédemment assuré dans les médias néerlandais que les pédophiles ont des goûts très spécifiques, certains cherchant des « enfants ayant des rapports sexuels » et d’autres « des photos d’un garçon de huit ans aux cheveux noirs qui a regard particulier ». « On ne peut pas satisfaire tous ces différents goûts avec un peu de pornographie virtuelle ».
Une députée a officiellement demandé son opinion sur ce sujet controversé au ministre de la Justice Ivo Opstelten, qui devrait s’exprimer par écrit dans les prochains jours dans une lettre aux députés.
« On est responsable de nos actes, pas de nos pensées »
La branche néerlandaise de l’ONG Defence for Children s’est pour sa part prononcée contre la proposition de MM. Van Beek et Van Lunsen. « Il est préférable d’apprendre aux pédophiles à se contrôler d’une autre manière ».
(Note: De nombreuse images de synthèse représentant des scènes explicites sur enfants circulent déjà sur le darknet)