Un mois après le début de ce scandale sans précédent, lié aux sévices infligés à des mineurs dans le nord du Pays de Galles et ayant coûté le poste de directeur général de la BBC à George Entwistle, Ciaran Jenkins examine les questions qui demeurent sans réponse.
Alors que les critiques fusent pour réclamer la tête de George Entwistle, une poignée de commentateurs ont souligné que l’enjeu principal concernant la maltraitance généralisée des enfants courait le risque d’être éclipsée par l’hystérie des médias quant à l’avenir de la BBC.
Cela se confirme comme nous l’avons vu au travers du récit troublant rapporté par Ciaran Jenkins. Il reste cependant beaucoup de questions sans réponse.
Le Rapport Jillings a t-il été publié dans son intégralité ?
Une grande part du malaise actuel est potentiellement dû à l’échec de l’ancien Conseil municipal du Comté de Clwyd à publier un rapport, qui avait été commandé au vue de la maltraitance généralisée sur des enfants au sein de foyers d’accueil situés au nord du Pays de Galles.
En 1996, il fût donné l’ordre de détruire le rapport, suite à des circulaires juridiques et de craintes compte tenu du fait que sa publication puisse poser problème en terme d’assurance pour le Conseil municipal. Cela engendra une telle inquiétude auprès du public qu’une commission enquête, d’une envergure sans égale dans l’histoire de l’Angleterre, portant sur la maltraitance d’enfants, fût créé. (Commission Waterhouse – Rapport Lost in Care)
Le Conseil municipal du Comté de Clwyd n’existe plus, mais des copies du rapport Jillings sont détenues par un certain nombre d’autorités l’ayant succédé. Une circulaire juridique a été ordonnée aux Conseils de Flintshire, de Wrexham et de Denbighshire afin d’établir si ces derniers étaient en mesure de le publier en raison du droit à l’accès à l’information. (Freedom of Information Legislation)
Cependant, le Conseil de Flintshire a informé Channel 4 News qu’il envisage d’exercer un certain nombre d’exemptions qui viendraient empêcher la publication du rapport compte tenu que cela pourrait aller à l’encontre de l’application des lois, mais également parce que le rapport contient des renseignements personnels et des renseignements fournis à titre confidentiel.
Pourquoi les membres d’un réseau pédophile ont-ils réussi à échapper à la justice ?
Au plus fort de la fureur qui s’est abattue après la diffusion du reportage de Newsnight (BBC), la Ministre de l’Intérieur, Theresa May, a fait une déclaration devant le Parlement dans laquelle elle a affirmé :
« La Commission Waterhouse n’a trouvé aucune preuve concernant l’existence d’un réseau pédophile au-delà du cadre des orphelinats, hypothèse à la base des rumeurs ayant émergé suite à l’enquête de police initiale. »
En fait, le rapport Waterhouse a conclu qu’il y avait bien un réseau pédophile actif dans la région de Chester et de Wrexham, et que les actes pédophiles n’étaient pas restreints au personnel travaillant dans les foyers, ni aux enfants y résidant. La Commission Waterhouse a conclu qu’un « nombre significatif » d’individus avaient été impliqués.
Le rapport a notamment fait référence à la succursale de Chester concernant la « Campagne pour l’Égalité des Droits pour les Homosexuels », dont certains membres, mentionne t-il, « voient ce dernier comme une organisme d’utilité publique pour identifier et contacter des victimes potentielles.«
Si les conclusions de la Commission Waterhouse ont été validées, pourquoi ce réseau pédophile n’a t-il pas été exposé et pourquoi ses membres n’ont-ils pas été poursuivis par la justice ?
Est-ce que cette nouvelle enquête va t-elle aller plus loin ?
Dans sa déclaration à la Chambre des Communes, Theresa May a annoncé le lancement d’une nouvelle grande enquête menée par l’Agence Nationale Anti-Criminalité qui va ré-examiner les allégations de mauvais traitements généralisés dans le nord du Pays de Galles et les enquêtes de police initiales. Cette enquête, sous le nom de code « Opération Pallial », est encore dans la phase de collecte des preuves.
Cependant, Channel 4 News a appris que l’enquête se limite au nord du Pays de Galles et les allégations connexes situées dans le Comté de Cheshire dépassent le cadre de son mandat.
La Commission Waterhouse a t-elle supprimé des preuves essentielles ?
La Ministre de l’Intérieur a également ordonné une enquête, dirigée par la Juge Macur, dans le cadre du mandat du Tribunal Waterhouse.
Cette enquête est née suite à des réclamations de victimes d’abus dont les témoignages n’ont pas été reçus alors que ces derniers mentionnaient certains individus. Ces revendications ont été reprises par la secrétaire du Conseil du Comté de Clwyd à l’attention du Tribunal Waterhouse dans une interview réalisée Channel 4 News.
La Juge Macur a promis une enquête « solide » et « minutieuse », mais la véritable question reste à savoir si elle abordera de front toutes ces allégations.
Y a t-il eu une couverture de la police et pourrons-nous savoir un jour ce qui est réellement arrivé aux victimes pendant leur enfance ?
L’Opération « Pallial » doit examiner des questions difficiles concernant les services de police si cela s’avère vrai. On pourrait commencer par se demander ce qui est arrivé à ces photographies montrant des agressions d’enfants découvertes dans un appartement à Wrexham en 1979 ? Une grande part des suspicions concernant des implications extérieures (aux orphelinats) lié à ces abus de jeunes garçons découle de ces photos.
Toutefois, plusieurs policiers ont donné des points de vue différents devant le Tribunal Waterhouse à propos du contenu des photographies et nous avons appris qu’un ordre fût donné, il y a longtemps, afin que les images soient détruites.
L’incertitude autour de ces photographies illustre la difficulté pour les enquêteurs de tirer des conclusions immédiates sur ce scandale. Il y a des revendications et des contre-revendications mais aussi un manque de preuves matérielles. Cependant les victimes et les témoins continuent à se manifester.
Le Commissaire chargé de l’Enfance du Pays de Galles a reçu des informations concernant 99 cas distincts, dont 48 concernent l’enquête initiale. Channel 4 News a appris que l’Opération « Pallial » enquête activement sur les allégations de victimes non encore connues de la police. De nouvelles preuves peuvent encore émerger, et cela pourrait aider à éclaircir certains de ces mystères une fois pour toutes.
Traduction Pedopolis
Source : http://www.channel4.com/news/north-wales-child-abuse-unanswered-questions