Alors que la première du film 3096 jours, qui retrace le calvaire de l’Autrichienne, a lieu ce lundi à Vienne, l’affaire est loin d’être classée.
C’est sans aucun doute le fait divers le plus marquant de cette décennie en Autriche. Mais aussi le plus mystérieux. Alors que la première du film relatant le calvaire de Natascha Kampusch, 3096 jours, de la réalisatrice allemande Sherry Hormann a lieu ce lundi à Vienne, trois jours avant sa sortie en Allemagne, l’affaire revient sur le devant de la scène. Et avec elle, ses nombreuses zones d’ombre. Rumeurs et doutes entourent l’histoire de cette fille, enlevée sur le chemin de l’école à l’âge de 10 ans, en 1998, et retenue pendant huit ans et demi, avant de s’échapper le 23 août 2006. Une jeune femme, qui des années après, a toujours du mal à surmonter ce traumatisme: elle a pour la première fois confié dimanche dernier – jour de ses 25 ans – qu’elle avait été violée par son ravisseur, Wolfgang Priklopil.
Les autorités l’ont elles-mêmes reconnu: l’enquête a été bâclée. Une commission d’enquête parlementaire concluait ainsi en juin dernier que le déroulement de l’affaire devait être réexaminé. Depuis, un groupe d’évaluation international, composé notamment de membres du FBI et d’enquêteurs allemands – dont les noms sont tenus secrets – épluche les 270.000 pages de documents confidentiels pour tenter de déceler toutes les failles du dossier. Ils devaient rendre leur rapport fin 2012 mais ont pris plus de temps que prévu. Car les pistes de travail sont nombreuses.
L’éventualité d’un complice et le rôle d’Ernst Holzapfel. Difficile de croire que Natascha Kampusch ait pu rester durant toutes ces années enfermée dans une cave, sous une maison de Strasshof an der Nordbahn, à 25 kilomètres de Vienne, sans que personne ne soit au courant. D’autant qu’une témoin du rapt, prénommée Ishtar, a assuré à plusieurs reprises qu’elle avait vu deux hommes l’enlever. Elle s’était ensuite rétractée, avant d’assurer être victime de pressions policières.
Le suicide de Wolfgang Priklopil. Selon la version officielle, Priklopil s’est suicidé en se jetant sous un train le soir de l’évasion de Kampusch. Il aurait auparavant commencé une lettre d’adieux destinée à sa mère. Le site de 20 Minutes Suisse a comparé les écritures d’Ernst Holzapfel et Priklopil et pense savoir que ce n’est pas Priklopil qui a commencé à écrire son message mais Holzapfel. L’ex-président de la Haute Cour de Vienne, Johann Rzeszut, avait d’ailleurs qualifié cette note de «preuve extrêmement mystérieuse qui questionne la thèse du suicide».
La mystérieuse mort d’un enquêteur. Franz Kröll, un enquêteur qui connaissait bien l’affaire, pensait que Natascha Kampusch protégeait les complices de son geôlier. Mais ses investigations ont été entravées, et il a finalement été écarté de l’affaire. Il a été retrouvé peu après, une balle dans la tête. Comme le rappelle le journaliste Jochen Prüller: «Son frère ne croit pas au suicide. Il est convaincu qu’il a été tué. D’une part, parce que selon la police, il s’est tiré une balle sur la tempe gauche en utilisant la main droite. D’autre part, parce qu’ils n’ont retrouvé aucun résidu prouvant qu’il ait tiré.» Selon Jochen Prüller, «Karl Kröll, le frère du policier mort, a récupéré des informations importantes cachées chez son frère, après la mort de ce dernier. Il y avait beaucoup de notes, écrites à la main, concernant Holzapfel et d’autres sujets, que la police ne détenait pas. Kröll n’a plus confiance en cette dernière et a envoyé certains éléments au FBI et aux experts allemands. C’est peut-être pour cela que l’évaluation internationale n’est pas encore terminée.»
Le mythe du réseau de pornographie infantile. Plusieurs voix se sont élevées pour dire ces dernières années que la police, en bâclant l’enquête, cherchait en réalité à protéger un vaste réseau de pédophilie infantile. Selon le journaliste autrichien, «même si la police n’a rien trouvé, l’idée d’un véritable réseau qui se cacherait derrière cette affaire est un mythe persistant. La rumeur dit que des personnalités politiques étaient impliquées. Mais il n’y a évidemment aucune preuve».
Source: http://www.lefigaro.fr/international/2013/02/24/01003-20130224ARTFIG00139-les-zones-d-ombre-de-l-affaire-kampusch.php