L’enfance maltraitée, ce n’est pas seulement une succession de faits divers effroyables mais apparemment isolés, comme l’affaire de la petite Marina Sabatier, morte en 2009 à l’âge de 8 ans sous les coups de ses parents, ou celles de ces bébés retrouvés dans des congélateurs (trois cas depuis mars).
La maltraitance est « un phénomène de santé publique massif », estime l’épidémiologiste Anne Tursz, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les conséquences sont graves, beaucoup d’enfants souffriront de handicaps, de troubles psychologiques – ou pourront à leur tour se livrer à la violence.
Le colloque organisé au Sénat vendredi 14 juin sous l’égide du sénateur (PS) André Vallini vise à faire comprendre l’enjeu. Mme Tursz, le pédopsychiatre Daniel Rousseau et la médecin Céline Raphaël, elle-même battue dans son enfance, tentent de faire reconnaître l’enfance en danger comme grande cause nationale. Les ministres de la justice Christiane Taubira, de l’éducation Vincent Peillon, de la famille Dominique Bertinotti et du droit des femmes Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que Valérie Trierweiler, qui se consacre à la cause de l’enfance, seront présents.
Le nombre d’enfants concernés est considérable. Combien exactement ? Impossible à dire. Les spécialistes parlent de « chiffre noir ». Chacun sait désormais qu’en France, une femme meurt tous les deux jours battue par son compagnon, une donnée qui a permis d’inscrire le sujet dans l’agenda des politiques. Rien de tel pour l’enfance…