LVdlR. « Vous combattez la pédophilie élitiste ou pédophilie d’état. Quelles sont les étendues du mal en Belgique et en France ? Est-ce que l’enquête menée autour de l’affaire Dutroux avance ?

Laurent Louis. Ce qu’il y a de pire dans nos pays, que ce soit en France ou en Belgique, c’est la banalisation de la pédophilie. On a pu voir ces dernières années plusieurs responsables politiques comme Frédéric Mitterrand, Daniel Cohn-Bendit ou d’autres personnes en dehors comme l’avocat-pénaliste Thierry Lévy sont apparus sur des plateaux de télévision. Ils ont clairement abordé leurs penchants sexuels pour les enfants. Ils ont dévoilé quelles étaient leurs pulsions, cela sans vergogne et en toute impunité. Manifestement, personne ne s’en est trouvé choqué. Je me demande toujours dans quel monde on vit lorsque des responsables politiques de haut rang osent avoir ce type de déclarations (…). Ce qui est clair, c’est qu’on utilise des procédés de protection et d’appui pour permettre aux pédophiles de continuer à perpétrer des abus sexuels sur mineurs. Cette réalité trahit en fait tout un jeu d’influences, ce qui est extrêmement dramatique. Il y a des pressions, des protections qui ont lieu d’être au plus haut niveau de l’Etat, un peu dans l’esprit d’un donnant-donnant. Les enfants sont donc bien malheureusement instrumentalisés dans cette situation-là.

Pour ce qui est du dossier Dutroux, celui-ci a été hélas mis au frigo. On a totalement menti à la population en décidant de scinder le dossier en deux : un premier dossier traitant uniquement de Marc Dutroux et de ses acolytes, un second, traitant de dysfonctionnement et des protections. On avait promis à la population de continuer l’enquête sur le deuxième dossier dit le dossier bis après le procès d’assises à Arlon où Dutroux et ses complices avaient été jugés. Pourtant, il n’en a rien été. Dès que Dutroux a été reconnu coupable, le dossier bis a été refermé, preuve, justement, qu’on ne voulait pas enquêter sur les éventuels réseaux et protections. Il suffit de savoir que dans la cage de Marc Dutroux (dans sa maison) où ont été séquestrés ces malheureux enfants, on a retrouvé des milliers de traces ADN qui n’ont jamais été analysées. La justice a utilisé un prétexte financier pour expliquer sa négligence comme quoi l’enquête coûterait trop cher. Comment peut-on mettre la vie d’un enfant en jeu par rapport à des intérêts financiers ? Je demande donc avec insistance qu’on réouvre ce dossier bis. Cette semaine, la presse belge en a fait largement écho, la presse française également. J’ai reçu un courrier de Dutroux de plus de 200 pages très clair, très précis, très développé, dans lequel il fait, outre des passages de délire psychotique, certaines révélations assez graves selon moi, implique de nombreuses personnalités dont surtout des magistrats mais également des responsables politiques, tous socialistes »