Le Soir Un prêtre d’origine belge condamné à 19 ans de prison pour abus sexuels sur des enfants inuits

Eric Dejaeger est déjà derrière les barreaux depuis huit ans.

Après deux semaines de réflexion, le juge Robert Kilpatrick a enfin rendu son verdict dans la sordide affaire qui opposait la couronne canadienne à l’ex-prêtre pédophile Eric Dejaeger. Plus de trois décennies après avoir abusé des dizaines de petits inuits dans des communautés reculées du Nunavut, l’ecclésiastique flamand a été condamné à 19 ans de prison.

Le procureur de la couronne, Doug Curliss, avait requis 25 ans de prison. L’avocat de la défense, Malcolm Kempt, souhaitait que l’ancien père oblat soit condamné à 12 années d’emprisonnement. Les deux juristes avaient proposé de réduire cette peine de huit ans, sachant que les quatre années qu’Éric Dejaeger a déjà passé derrière les barreaux depuis son extradition de Belgique à la fin 2010 devaient compter double.

Le juge Robert Kilpatrick a finalement condamné l’ancien prêtre de 67 ans à 19 années de pénitencier, moins huit années de crédit pour la détention provisoire qu’il a déjà effectuée. L’ex curé de l’Arctique ne passera « que » 11 années supplémentaires en prison. «Vous devez maintenant expier pour toutes les mauvaises choses que vous avez infligées aux autres. Ce verdict est seulement le début de votre expiation », a dit le juge Kilpatrick, selon la chaîne de radio-télévision Canadian Broadcasting Corporation.

Eric Dejaeger avait été déclaré coupable en septembre de 32 chefs d’accusation (huit crimes sexuels et 24 attentats à la pudeur). Les derniers témoignages des victimes de l’homme d’église le 22 janvier dernier avaient été particulièrement émouvants et sûrement déterminants dans la décision du juge. « Parfois, j’aimerais pouvoir prendre des douches pour enlever la saleté, la honte et les mauvais sentiments, mais je ne parviens pas à les quitter », avait alors confié une victime dans le quotidien inuit Nunatsiaq News, alors qu’un homme, aujourd’hui âgé de 42 ans, souhaitait que le Vatican soit aussi tenu pour responsable des faits, au moins autant que l’ex-prêtre.

La victime qui s’est décrit comme un « survivant » a assuré qu’elle ne pardonnerait jamais à Eric Dejaeger. Ce dernier, toujours glacial pendant les audiences, a d’ailleurs mis bien longtemps pour exprimer du remords et lorsqu’il l’a fait, il n’a guère convaincu le juge. « Je suis vraiment désolé pour ce que j’ai fait. Je demande pardon », avait déclaré le mois dernier Eric Dejaeger, avant d’ajouter le plus sérieusement du monde : « Je promets de ne pas recommencer ».

Le verdict du juge Kilpatrick met un terme à un procès fleuve qui a débuté en novembre 2013. Dans son jugement, le magistrat a d’ailleurs précisé « qu’aucun verdict ne pourrait compenser » les dommages infligés par Dejaeger. Cette décision est bien loin de mettre fin aux souffrances des victimes inuites. Si quelques minutes après le verdict, des voix se sont élevées, jugeant la décision trop clémente, il faudra un geste sérieux de l’église catholique si cette dernière souhaite regagner la confiance des Inuits et se réconcilier avec tout un peuple.

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