24heures.ch Un procès fait trembler le gouvernement Merkel

Allemagne – Le député social-démocrate est accusé d’avoir téléchargé des films pédopornographiques.

(Avant les perquisitions, le député Sebastian Edathy a pu faire disparaître la principale pièce à conviction: son ordinateur. Image: REUTERS)

Qui a prévenu Sebastian Edathy de l’enquête? Le député social-démocrate, soupçonné d’avoir téléchargé des films pédopornographiques sur son ordinateur de parlementaire, a-t-il été alerté par ses amis? A-t-il été informé indirectement par le président de la police judiciaire, qui avait découvert son nom sur une liste dans le cadre d’une enquête de pédophilie au Canada? Avant les perquisitions, le député a pu ainsi faire disparaître la principale pièce à conviction: son ordinateur. Et lors de la première audience de son procès, qui s’est ouvert lundi à Verden, Sebastian Edathy, âgé de 45 ans, a rejeté toutes les accusations.

Ce procès ne devrait pas durer éternellement. Après une heure et demie d’audience, il a été ajourné et un non-lieu semblait se dessiner en raison de charges très minces et d’un possible règlement à l’amiable avec une simple amende. En revanche, le volet politique est loin d’être refermé. Le cas fait l’objet d’une commission d’enquête parlementaire qui n’a pas achevé ses auditions.

Il y a un an, la chancelière avait déjà sacrifié son ministre conservateur de l’Agriculture à cause de cette affaire. Lorsqu’il était à l’Intérieur, en octobre 2013, Hans-Peter Friedrich avait informé la direction du Parti social-démocrate (SPD) sur les soupçons qui pesaient sur Sebastian Edathy, pressenti pour devenir ministre dans le troisième gouvernement Merkel.

En alertant Sigmar Gabriel (président du SPD et aujourd’hui vice-chancelier), Hans-Peter Friedrich voulait épargner à la direction du SPD la nomination d’un justiciable en pleines négociations pour la formation de la «grande coalition». Sigmar Gabriel avait ensuite transmis l’information confidentielle à l’actuel ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et au président du groupe parlementaire, Thomas Oppermann.

Sebastian Edathy assure qu’il a été alerté par son ami social-démocrate Michael Hartmann, qui aurait lui même obtenu l’information par le président de la police judiciaire (BKA), Jörg Ziercke. Mais tout le monde dément.

Depuis, l’affaire est un imbroglio. Près de 60 personnes (enquêteurs, politiques et fonctionnaires) étaient informées avant les perquisitions, selon une enquête de la télévision publique NDR. Pour la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée fédérale, Katrin Göring-Eckardt, l’affaire ternit tout l’appareil d’Etat: «Nous voulons savoir qui est le menteur.»

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