Ce vendredi, l’audience a commencé par la lecture de divers certificats médicaux concernant les enfants Delay. L’un d’eux dit qu’il n’y a pas de « lésions importantes » chez Dimitri, mais que toutefois « on ne peut exclure que l’enfant ait été sodomisé par le passé ».
Un autre a les mêmes conclusions concernant Chérif. On rappelle que Dimitri et Jonathan ont été hospitalisés plusieurs fois pour des diarrhées aigües.
Que « l’hypotmie du sphincter anal constatée chez les quatre enfants est compatibles avec leurs déclarations »… En fait, un enfant régulièrement violé n’aura pas les mêmes réflexes au niveau du sphincter, et c’est ce que constate ce médecin.
Puis c’est Mme Joly, qui a été l’assistante sociale référente pour les familles d’accueil des enfants Delay, qui arrive à la barre. Elle explique que Chérif a été placé depuis 1995 à la demande de sa mère qui dénoncait diverses violences commises par ThierryD elay et voulait ainsi protéger son fils.
Elle explique qu’au niveau du suivi des enfants, « à chaque incident notre rôle de référent était d’en faire part au juge des enfants ».
Comme les assitantes maternelles, Mme Joly décrit des enfants très perturbés à chaque fois qu’ils rentraient de chez leurs parents. D’ailleurs, entre février et septembre 2000 de nombreuses notes concernant les enfant Delay ont été adressées au juge des enfants par le Conseil Gérénal.
En novembre 2000, c’est l’école qui alerte sur le comportement de Dimitri.
Quant à Badaoui, Mme Joly explique qu’elle ne semblait pas sincère et avait un comportement changeant: une fois elle voulait que les enfants soient placés pour les protéger, puis elle réclamait la fin du placement.
Interrogée, Mme Joly explique qu’elle rencontrait régulièrement les familles d’accueil, parce que la situation était difficile à gérer pour elles et qu’il fallait un suivi.
Elle aussi confirme que Jonathan semblait « revivre les choses » quand il parlait des abus.
« On a eu le souci de faire remonter tout ce que disaient les enfants à la justice, même quand cela nous semblait abracadabrant », dit-elle, « notre rôle n’était pas de faire un tri ». Pour l’assitante sociale, les enfants « étaient honnêtes dans ce qu’ils disaient. Après qu’ils ne soient pas toujours précis ou exacts ça peut se comprendre ».
Selon elle, les services sociaux ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour aider ces enfants à l’époque des faits et rappelle que l’enquête interne du Conseil général sur la manière dont le dossier avait été traité « n’a pas remis en cause la façon dont [ils] ont travaillé ». Cependant, elle dit aussi qu’après l’affaire il n’y apas eu de suivi.
Pressée de questions par les avocats de la défense, Mme Joly refuse de répondre quant à la « cohérence » des propos des enfants.
Puis, il est question de la fois où elle a du accompagner Jonathan et Dimitri en Belgique, afin d’y mener une reconnaissance pour identifier un lieu où se déroulaient les abus.
« Les enfants étaient très déterminés à dire qu’ils avaient vécu quelque chose dans un maison près d’un parc de jeux »,a a expliqué Mme Joly.
On entend ensuite Henri Villeneuve, chef de service éducatif du conseil général. Il dit pratiquement la même chose que mme Joly, sauf qu’il précise que la question d’abus sexuels ‘navait pas été abordée à l’époque.
Eric Tamion, juge des enfants à l’époque, arrive à son tour à la barre. Il avait prolongé le placement des trois jeunes frères Delay, et c’est à partir de ce moment-là qu’ils ont commencé à parler.
Suite à cela, le juge demande des expertises, assez alarmantes pour qu’il décide de suspendre les droits de visite des parents Delay: le juge explique que les parents étant demandeurs pour les héberger à Noël.
Mais, il a fallu expliquer aux Delay pourquoi on ne voulait plus qu’ils reçoivent leurs enfants, et on leur envoie un courrier disant que les enfants les accusaient d’abus sexuels.
Le problème, comme l’a alors souligné Me Reviron, c’est qu’entre le moment où ils ont appris ces accusations et le moment de leur arrestation (ainsi que de la perquisition), il s’est passé plusieurs semaines. Ce qui leur a laissé tout le temps pour faire disparaître les preuves.
En fait Badaoui explique que c’est seulement quand ils ont reçu leur convocation à la police qu’ils ont flippé. Elle a expliqué que Delay a appelé X (acquitté) et qu’ensemble ils ont entrepris de brûler les films qui avaient été tournés, les godemichets qui avaient servi aux viols et autres preuves compromettantes, le soir-même.
L’audience reprend après la pause de midi. Chérif revient, toujours détenu, assister aux débats.
En visioconférence, on entend Patrice Duval, qui a été le greffier du juge Burgaud. Le manque de formation adequate dudit greffier avait été souligné par la commission d’enquête parlementaire comme ayant posé problème, et de fait le surplus de travail que cela a entaîné pour le juge, forcé de faire des tonnes de photocopies lui même, par exemple, a été important.
Il se demande pourquoi il a été cité à comparaître et dit que pour lui tous les actes de la procédure « ont été faits régulièrement ».
Le président lui demande s’il s’entendait bien avec Patrice Burgaud, ce qui n’était pas le cas. Le greffier a d’ailleurs expliqué qu’il trouvait le juge « froid » et ne faisant « confiance à personne ». Vu l’ampleur de l’instruction Outreau, on le comprend.
Au sujet de la qualité des retranscriptions des auditions des accusés, le président lui demande: « vous est-il arrivé de faire remarquer que ce n’était pas forcément ce que vous aviez entendu? », ce à quoi le greffier répond par la négative. Le président déclare alors que selon lui, la qualité d’une instruction dépend beaucoup « du binôme juge – greffier ». On comprend mal cette réflexion dans le contexte du procès de Daniel legrand, mais passons.
Puis, interrogé par Me Reviron, l’avocat de Jonathan, le greffier dit « ça m’aurait fait réagir mais je ne me souviens pas » quand on lui demande si le juge Burgaud a suggéré le nom de Daniel Legrand à Badaoui. Par contre, il ne se souvient pas que le juge ait mis le doigt sur certaines photos du trombinoscope pour faire accuser certaines personnes, ou qu’il ait suggéré des réponses aux personnes interrogées. En frait, le greffier ne se souvient pas de grand-chose: « ça fait 15 ans », dit-il.
Me Reviron, l’avocat de Jonathan, fait remarquer que même les entrées et sorties des avocats sont notées dans les retranscriptions.Il serait donc étonnant que toutes les questions n’y figurent pas.
Le président revient à ses questions. Il sort une audition de Badaoui dans laquelle il trouve la réponse très longue, et qui selon lui ne mentionne pas toutes les paroles du juge? notamment quand il lit « le propriétaire du sex shop était bien Daniel Legrand », ce qui pour lui ressemble à une réponse à une question, qui n’est pas dans le PV. Ce à quoi M. Duval répond que les avocats « étaient là pour relire » et que « s’il y avait quelque chose à changer, c’était changé ».
Et clairement: on se demande comment des avocats aussi sourcilleux que ceux de la défense auraient laissé faire de telles pratiques sans rien dire.
Juste avant une interruption, l’avocate de l’association Enfance Majuscule redemande à se constituer partie civile, ce qui lui avait été refusé au premier jour du procès mais lui sera accordé cette fois-ci.
Le juge Fabrice Burgaud, appelé à la demande de Me Reviron, avocat de Jonathan, est entendu en début d’après-midi par visioconférence.
Il explique qu’à partir de juin 2001, de nouveaux noms sont apparus dans le dossier, cités par plusieurs enfants. Il rappelle quelques éléments du dossier, notamment que Thierry Delay, lors d’un parloir, parlait de la Belgique et de déplacements avec un certain taxi Martel.
Fabrice Burgaud évoque aussi une grosse bourde dans la procédure: quand le commissariat a convoqué les Delay la veille de l’auditon qui a fini en garde-à-vue puis en détention préventive. Cela, alors que le juge des enfants les avait déjà prévenus quelques semaines auparavant que leurs enfants els accusaient d’abus sexuels.
Badaoui, en tout cas, avait expliqué qe le jour où ils ont reçu la convocation, Delay a appelé un autre acquitté et qu’ils ont détruit tout un tas de preuves.
Il explique les difficultés de l’enquête: l’âge et le nombre des victimes, les couaces de la police, et « autre difficulté et pas des moindres, c’était une instruction sous pression des médias ».
Puis il est question de cette histoire de « Dany le grand », qui a été vérifiée. D’ailleurs plusieurs Daniel Legrand ont été retrouvés : « un en région parisienne, un autre en région lyonnaise »…
Il précise aussi que « plusieurs personnes ont été mises hors de cause » après leur garde à vue ». Il explique par exemple que quand les enfants disaient que la boulangère leur mettait des baguettes de pain dans les fesses, il s’agissait peut-être de jouets. Et il semble en effet que les enfants parlaient de baguettes en plastique d’une dinette.
Il en vient ensuite aux éléments qui, dans le dossier, accusaient Daniel Legrand:
> Badaoui était capable de donner « beaucoup de détails » concernant Daniel Legrand
> Le juge ajoute que « à l’automne 2001, les Legrand avaient véritablement disparu, comme s’ils étaient en cavale »
> Les difficultés éprouvées par Legrand lors des confrontations.
> Fabrice Burgaud, probablement habitué aux accusations de la défense, se sent même obligé de préciser que durant les auditions « il n’y a eu aucune pression » de sa part, et que de toute manière les avocats des accusés étaient présents.
> La lettre de Daniel Legrand, dans laquelle il commence par dire qu’il tient « à s’excuser auprès des victimes », avant d’avouer avoir assisté à un meurtre qui le hantait encore. Des aveux qui, pour Fabrice Burgaud (et pour ceux qui les ont lus à part la défense), avaient de forts accents de sincérité. Et il est clair que ces aveux, répétés, sont particulièrement détaillés. Le juge explique aussi qu’il n’a « pas été surpris » par les rétractations de Legrand au bout de quelques semaines, parce qu’il est vrai que tout cela est « difficile à assumer ».
> « Je me suis interrogé pour savoir si Daniel Legrand n’était pas plus victime des faits qu’auteur », a-t-il ajouté..
Puis, le président interroge le juge Burgaud sur le fait que els faits reprochés à Legrand ne sont pas fixés clairement dans le temps, ce à quoi Fabrice Burgaud répond qu’il est difficile, avec des enfants de 4 ou 5 ans, d’obtenir une grande précision temporelle.
On apprend aussi par le président que Legrand a reconnu plusieurs enfants, dont Chérif et Dylan, sur photos (alors qu’il était censé ne jamais être allé à Outreau, situé à 15km de son patelin), y compris des enfants qui ne l’ont pas accusé. Ce qui est pour le moins troublant.
Le président continue à questionner Fabrice Burgaud sur son travail et surtout pourquoi n’a-t-il montré aux enfants que les photos des prévenus? A cela, le juge répond qu’il n’a jamais d’instructions en ce sens aux policiers, et qu’il leur « a fait confiance ».
Fabrice Brugaud doit aussi précciser qu’il n’a « pas soufflé de noms » à Myriam Badaoui, qu’il ne lui a pas non plus fait de « promesse », contrairement à ce que répand la défense, et qu’il n’y avait « pas de questions cachées » dans les auditions.
A un moment, le président évoque une fausse accusation qu’aurait faite Dimitri, mais d’après Myriam Badaoui il a dénoncé un autre homme pour ne pas dénoncer son père.
Quand arrive le tour des avocats de la défense, Me Delarue attaque directement, en disant qu’à son avis, Fabrice Burgaud n’avait « pas beaucoup de regrets » ce vendredi, puis enchaîne en revenant sur l’histoire du nom qu’il aurait « soufflé » à Badaoui, et le juge a eu droit au dfilé d’avocats et aux questions tous azimuts.