AFFAIRE DANIEL LEGRAND : VERDICT
L’association Innocence en danger a pris connaissance du verdict d’acquittement rendu en faveur de Daniel Legrand par la Cour d’assises des mineurs de Rennes le 5-6-2015.
Trois moments d’une extrême dignité auront ponctué le procès : le témoignage de Cherif, de Dimitri et de Jonathan Delay. La fratrie a en effet pu prendre la parole, même si cette parole n’a pas été entendue à sa juste valeur.
Innocence en danger se réjouit que ce procès ait pu enfin avoir lieu et souligne l’inertie coupable des services judiciaires qui auraient dû depuis des années organiser sa tenue.
A cet égard la Chancellerie devra identifier les responsables de cette inertie puisque les avocats de l’accusé ont revendiqué l’existence d’un accord pour son non-audiencement, et que l’avocat général a lui même justifié dans son réquisitoire cette absence d’audiencement.
Innocence en danger vient d’apprendre par voie de presse la déclaration des avocats de Daniel Legrand qui entendent paradoxalement « demander réparation à la Chancellerie » du fait du délai déraisonnable affectant ce procès. Or si Innocence en danger a subi des critiques injustes alors qu’elle n’a fait que veiller au respect de la loi en contribuant à la tenue de ce procès, elle souligne que ces critiques lui ont été adressées également par la défense de Daniel Legrand.
Innocence en danger se félicite de ce que les enfants Delay aient pu sortir du silence que la société leur opposait et combattre le mépris qui leur était témoigné, alors que reconnus victimes par la Justice de viols aggravés – ainsi que huit autres enfants – ils ont été honteusement livrés à eux mêmes.
Ces enfants n’ont dû leur survie psychologique et matérielle qu’à l’entraide de particuliers et à la présence à leurs côtés de l’association Innocence en danger.
Sur le fond du procès, Innocence en danger tient à indiquer qu’elle déplore vivement le choix de l’avocat général de faire citer comme « sachant » Monsieur Van Gijseghem, psychologue controversé pour lequel « la pédophilie est une orientation sexuelle comme une autre ».
Ce psychologue, qui n’était pas expert dans le procès et ne connaît pas les parties civiles, a œuvré à remettre en cause leur parole alors qu’il ne dispose d’aucune représentativité scientifique et soutient la thèse très critiquable des « faux souvenirs » chez l’enfant.
Ce choix est d’autant plus contestable qu’il a été précédé d’un courrier du ministère public pour informer Monsieur Van Gijseghem des thèmes qu’il devrait aborder.
Les avocats de Daniel Legrand se sont réjouis que leur client puisse marcher désormais la tête haute.
Innocence en danger souhaite pour sa part que les victimes de viols et de proxénétisme dans l’affaire Outreau puissent se reconstruire et aspirer à une vie normale, même s’il leur sera pour toujours impossible d’oublier leur enfance et leur jeunesse brisée, accentués par les graves dysfonctionnements sociaux et judiciaires subis.