Piégée par des militants pro-life en caméra cachée, une responsable du Planned Parenthood détaille la collecte et le trafic auquel se livre l’organisation, accusée de vendre des organes de fœtus avortés pour la recherche. Les Conservateurs américains demandent une enquête.
La vidéo agite les milieux «pro-life» (militants contre l’avortement) américains. Tournées en caméra cachée, les images montrent une responsable du Planning Parenthood Federation of America (PPFA, équivalent américain de notre Planning Familial) parler des organes de fœtus avortés que l’association vendrait à des cliniques pour de la recherche médicale.
La vidéo a été publiée par le Center for Medical Progress, un groupe d’activistes contre l’avortement. Deux militants se sont fait passer pour des représentants d’une société biotechnologique et ont filmé en caméra cachée leur rencontre avec Dr Deborah Nucatola, responsable du Planning Familial, en juillet 2014, dans un restaurant californien.
Celle-ci, entre deux bouchées de salade et deux gorgées de vin rouge, parle du prix des organes («entre 30 et 100$» par «spécimen») et évoque le fait que souvent les fœtus ne sortent pas en un seul morceau mais démembrés. «Nous sommes devenus très bon pour attraper les cœurs, les poumons, les foies, parce que nous savons, et nous essayons de ne pas écraser ces parties du corps.» détaille sordidement la praticienne. Et de relater par le menu la manière la plus efficace de retirer les organes d’un fœtus intacts lors d’un avortement.
«Beaucoup de gens veulent des cœurs. Hier, on m’a demandé des poumons. Certains d’entre eux veulent des extrémités. Ça, c’est facile. Je ne sais pas ce qu’ils en font, je suppose qu’ils veulent du muscle.» explique-t’elle.
Le code pénal américain indique que «le trafic commercial de parties du corps d’un bébé avorté est punissable de 10 ans de prison et d’une amende de 500.000$». Le PPFA a affirmé qu’il ne faisait aucun profit, mais qu’il se faisait rembourser des coûts induits par le transport et l’opération. Contrairement au Planning familial en France qui ne gère que la prévention et la communication, Planned Parenthood gère en partie des cliniques et des centres médicaux pratiquant l’avortement.
Les conservateurs américains s’érigent contre la «vente de bouts de bébé»
La vidéo fait aussi polémique car elle évoque l’usage d’ultrasons dans l’avortement, qui permettent de maintenir le fœtus intact, ce qui peut parfois, d’après les militants «pro-life», conduire à des avortements ex-utero postnataux, considérés par la loi comme des infanticides.
Le porte-parole du Planned Parenthood s’est défendu dans un communiqué, cité par The New-York Times, «Dans quelques-uns de nos centre médicaux, nous aidons les patients qui veulent donner des organes à la recherche scientifique, et nous le faisons avec le consentement des patients et sous les plus hauts critères éthiques et légaux». «Il n’y a aucun bénéfice pour le don d’organes que ce soit pour les patients ou pour le Planning familial», a-t-il ajouté.
Cela n’a pas suffit à éteindre la polémique. Gloria Feldt, la présidente du PPFA a réagi en personne sur ABC affirmant que «cela semble totalement inapproprié», et qu’elle demandait «des poursuites» si de tels actes avaient bien été pratiqué.
Les conservateurs américains ont immédiatement réagi en accusant le Planning familial de «vendre des bouts de bébé». Le Planning familial est financé pour un tiers par le gouvernement fédéral et les Républicains cherchent à le faire fermer.
En guise de rétorsion, les leaders républicains ont reporté un vote à la chambre des représentants proposant une subvention pour la recherche sur le cancer du sein, l’association subventionnée travaillant en lien avec le Planned Parenthood. Un candidat républicain, l’ancien gouverneur du Texas Rick Perry, a qualifié la vidéo de «rappel dérangeant du penchant de cette organisation à faire des profits sur la tragédie de la destruction d’une vie humaine».
Quant à Bobby Jindal, le gouverneur républicain de la Louisiane, il a lui ordonné qu’une enquête soit ouverte sur les agissements du Planned Parenthood dans son Etat, où l’association projetait d’ouvrir une clinique, à la Nouvelle-Orléans. Le projet d’une valeur de 4 millions de dollars, a été gelé en attendant l’enquête. «Cette vidéo d’un responsable du Planning Familial discutant d’une collecte systématique et du trafic de parties du corps humain est choquante et horrible» a affirmé le gouverneur, qui a également demandé au FBI d’enquêter sur une éventuelle activité criminelle de l’organisation.