Si en France, cette pratique suscite le malaise et l’incompréhension, aux Etats-Unis, la réadoption est un phénomène très courant qui connaît même un essor depuis quelques années. Retour sur une pratique choquante.
Sur 100 00 enfants adoptés chaque année aux Etats-Unis, 1/4 sont abandonnés par leur famille adoptive, selon une estimation des services publics américains. En effet, dans ce pays, les parents adoptifs déçus ont deux possibilités pour se séparer de l’enfant. Ils peuvent, en toute légalité, « rendre » l’enfant ou lui trouver une autre famille. Les ex-parents justifient souvent cette séparation par une incompatibilité d’humeur, un enfant jugé trop caractériel ou trop effacé au sein de la famille. La réadoption profite également aux individus en mal d’enfant puisqu’elle est deux fois moins cher qu’une procédure classique (5 000 euros environ). Cette pratique aussi appelée « rehoming » n’est pas encadrée par la loi, le processus peut donc se répéter à l’infini.
Cède enfants de « seconde main »
La réadoption est d’autant plus cruelle que les procédés pour leur trouver une nouvelle famille sont surprenants. En effet, il n’est pas rare de voir des petites annonces sur internet, dans un journal ou des prospectus à ce sujet. Des agences spécialisées dans la réadoption ont même leur propre catalogue en ligne qui recense l’ensemble des profils d' »enfants disponibles ». Ces derniers sont alors assimilés à des objets encombrants dont on souhaite se séparer car on se serait lassé.
ENFANTS EN VEDETTE VENDREDI : JESS & LIAM. Aujourd’hui, nous mettons à l’honneur 2 chers enfants : Jess et Liam.Cliquez sur la photo de chaque enfant pour plus d’informations. 2500$ Disponibles pour l’adoption !
Pire encore, dans un reportage diffusé mardi dernier sur France 5, une agence de Pennsylvanie va encore plus loin en présentant des adolescents orphelins d’une manière peu commune. Tel un concours de beauté, des ados défilent sur un tapis rouge et sous les applaudissements des adultes. La scène paraît irréelle, pourtant, les enfants sont bien en train de se « vendre » pour intégrer une famille. Si l’un d’entre eux a la chance d’avoir retenu l’attention d’une famille, il passe ensuite un entretien dans lequel il tentera une nouvelle fois de les convaincre. Après quoi, si l’enfant fait l’unanimité, il sera soumis à une période d’essai, comme quand on souscrit à un abonnement internet ou à une salle de gym… Selon les organisateurs, ce système de présentation permet une rencontre plus détendue. Mais lorsque l’on regarde de plus près ces enfants, ils sont terriblement stressés par l’idée de ne pas plaire.
« Etats-Unis, enfants jetables », défilé de mode… par telestar_video
Ce système cause de graves déséquilibres chez l’enfant et peut être à l’origine d’une dépression, d’un isolement et d’un manque certain de confiance en lui…
Des enfants en danger
L’aspect consumériste de cette démarche ne dérange pas. Ce qui a fait réagir l’Amérique, c’est les nombreuses affaires d’abus sexuel. En effet, aucune vérification n’est faite concernant les antécédents judiciaires des adoptants. Cela laisse alors le champ libre aux prédateurs sexuels qui profitent de ce système. Il y a quelques mois une affaire avait d’ailleurs mis en lumière ce business scandaleux lorsque le député républicain, Justin Harris, avait proposé ses jumelles de six ans à un de ses amis professeur. Celui-ci s’est avéré être un pédophile. Suite à ce drame, les deux petites ont réintégré un foyer et le député qui avait confié ses enfants a été obligé de démissionner.
Des mesures insuffisantes
Un homme se bat pour encadrer et limiter cette pratique. Il s’agit de James Langevin, député du 2ème district de Rhode Island, lui-même adopté. Pour que le projet de loi qu’il rédige puisse être mis en place, il faudrait, selon ses estimations, 50 millions de dollars, une chose impossible dans le contexte actuel.
Pourtant, des changements simples peuvent être opérés comme vérifier les antécédents judiciaires et sociaux des parents adoptifs, interdire la publication de photos d’enfants … mais, personne ne semble agir.
Publié par Camille Broyart