Extraits du chapitre 2 du livre MK intitulé : « Les Racines des Abus Rituels Traumatiques et du Contrôle Mental » – sous-chapitre : « Magie sexuelle et sociétés secrètes ». (p.99)
L’occultiste Pierre Manoury, auteur d’un traité pratique de magie sexuelle, définit ainsi cette « discipline » :
On peut donc cataloguer la sexualité magique selon trois grands critères.
1) Abstinence, privation, macérations et chasteté. Ceci dans un contexte mystique, une démarche symbolique ou de communion avec des hiérarchies spirituelles de nature élevée.
2) Par une exacerbation du désir potentialisant des énergies appliquées à des rites et cérémonies de magie dite pratique, l’érotisation n’étant dans ce cas que cérébrale. C’est le principe le plus répandu dans la plupart des magies cérémonielles et les rituélies de base de la haute sorcellerie.
3) Enfin dans les magies et sorcelleries regroupées sous le terme générique de magies sexuelles ou exacerbation et potentialisation du désir et des énergies sont suivies d’une libération dans le contexte rituel lui-même, selon des modalités très spéciales… Les applications dans ces cas spécifiques sont d’une redoutable efficacité sur les plans matériel, physique et psychique (…)
La magie sexuelle peut donc être considérée comme une base de pratiques rituelles applicable à très haut niveau, par des gens entraînés (et responsables), et constituant un des grands instruments de pouvoir, sinon le plus puissant (…) La magie sexuelle est donc une pratique essentiellement basée sur une utilisation de l’énergie vitale, laquelle devra être domestiquée, filtrée, captée, accumulée, développée, potentialisée puis canalisée dans le cadre du rituel.⁷⁹
La magie rouge (liée au sang) et la magie sexuelle sont les deux plus puissantes magies car elles utilisent la force vitale humaine pour donner du pouvoir à celui qui les pratique. C’est la raison pour laquelle elles sont généralement combinées. La magie sexuelle s’inspire du tantrisme oriental, elle vise à maîtriser la « Kundalini » et l’immense potentiel énergétique sexuel. Dans le tantrisme, la Kundalini est identifiée à « Shakti », la déesse serpent présente dans le corps humain à la base du sacrum, censée s’élever le long de la colonne vertébrale, lors d’une montée de Kundalini, pour atteindre le cerveau en irriguant tous les centres énergétiques (Chakras) de sa puissance.
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Dans la mythologie grecque, les adorateurs de Dionysos étaient souvent représentés portant un bâton surmonté d’une pomme de pin. Cela représente l’énergie de la Kundalini lorsqu’elle remonte l’épine dorsale (le bâton) vers la glande pinéale située au sixième chakra, symbolisée ici par la pomme de pin. En effet, nous retrouvons les conceptions et les pratiques du Tantrisme dans le Dionysisme, Marcel Détienne écrit dans son livre « Dionysos mis à mort » : « Le dépassement du sacrifice que les Orphiques et les Pythagoriciens opèrent par le haut, le Dionysisme l’accomplit par le bas… Les fidèles de Dionysos… s’ensauvagent et se conduisent comme des bêtes féroces. Le Dionysisme permet d’échapper à la condition humaine en s’évadant dans la bestialité par le bas, du côté des animaux, tandis que l’Orphisme propose la même évasion du côté des dieux. » Dans le monde dionysiaque, on appelle « Orgiasme » les pratiques correspondant à celles du Tantrisme. L’orgiasme consiste en des cérémonies de groupe dans lesquelles ont lieu des sacrifices de sang, des danses extatiques et des rites érotiques. Dionysos se présente sous le double aspect d’un dieu de la Nature et d’un dieu des pratiques orgiaques, tout comme Shiva en Inde ou Osiris en Égypte. L’orgiasme vise au déconditionnement de l’être, qui retourne pour un moment à sa nature la plus profonde et la plus refoulée. Ce retour aux instincts bestiaux est un aspect important de la méthode tantrique.
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Les enseignements sur le tantrisme nous apprennent entre autre qu’une relation charnelle et sexuelle est un partage d’énergie et de karma. Cela a donc pour conséquence que l’individu peut se retrouver contaminé par les troubles psychiques ou le « mauvais karma » du partenaire, ou au contraire, être profondément inspiré si le partenaire est un être spirituellement très pur. Dans les pratiques tantriques, c’est l’organe sexuel d’une très jeune femme qui est vénéré. D’après le Mahamudra Tilaka Tantra : « Les jeunes filles de plus de vingt ans n’ont plus de pouvoir occulte. » La pureté et l’innocence de l’enfance est-elle recherchée dans les pratiques de magie sexuelle satanique ? Probablement que oui, tout comme pour un sacrifice de sang, il s’agit de vampiriser cette réserve d’énergie et de pureté. D’autant plus lorsque l’enfant se trouve dans un profond état de transe dissociative qui le connecte à d’autres dimensions. Il est utilisé comme un véritable outil de pouvoir. L’enfant est la pureté incarnée, l’innocence de la Création de Dieu, sa souillure et son sacrifice représentent l’ultime offrande faite à Satan. Voilà pourquoi nous retrouvons systématiquement des perversions sexuelles et des sacrifices de sang lors des abus rituels sataniques. Le sang de l’enfant est d’une grande pureté et c’est à la puberté que le principe le plus pur de celui-ci passe dans la semence. C’est sur cela que s’appuie la magie sexuelle et ses aberrations.
Dans son traité sur la magie sexuelle, Pierre Manoury fait une description du déroulement d’un rituel lors duquel la femme aura de multiples rapports sexuels avec plusieurs hommes en même temps, ceci dans le but d’effectuer « une charge énergétique » chez la femme. Voici ce qu’il écrit ensuite : « Ces descriptions un peu scabreuses ne constituent nullement une incitation à la débauche, ce sont des pratiques très discrètes, issues de traditions millénaires. Il faut savoir qu’elles constituent des pratiques rituelles de manipulation énergétique dans plusieurs traditions. De certaines sociétés occidentales très fermées, des sabbats de la haute sorcellerie, des bacchanales grecques aux priapées en passant par les rituels orgiaques shivaïques, etc (…) certaines branches de la magie sont assez élitistes, la magie sexuelle fait partie de celles-ci. » ⁸⁷
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Un des « pères » de la magie sexuelle occidentale est Paschal Beverly Randolph. Selon lui « le véritable pouvoir sexuel est le pouvoir de Dieu », pouvant être utilisé à la fois comme une expérience mystique mais également pour des pratiques magiques servant à obtenir de l’argent, le retour d’un être aimé ou pour toutes sortes de choses… Les enseignements sur la magie sexuelle de Randolph ont largement circulé dans de nombreuses sociétés secrètes et autres fraternités ésotériques européennes, particulièrement à l’Ordo Templi Orientis (O.T.O.). Randolph, en plus d’avoir été un médium, avait fondé un ordre religieux consacré à la régénération spirituelle de l’humanité, nommé la Fraternité d’Eulis, officiellement fondée en 1874. Randolph déclara que sa nouvelle secte prenait racine dans les Mystères d’Éleusis, une des nombreuses anciennes religions grecques antiques. Randolph était aussi lié avec la tradition Rosicrucienne, mais il a affirmé que la Fraternité d’Eulis était bien plus connectée aux Mystères que ne l’est l’Ordre des Rose-Croix, qui selon lui n’est seulement qu’une porte d’entrée pour accéder au sanctuaire d’Eulis. Les plus profonds secrets d’Eulis étant en grande partie centrés autour des rituels de magie sexuelle, en lien avec le culte de la fertilité des anciennes religions à Mystères.⁸⁸
⁷⁹ « Traité pratique de Magie Sexuelle » – Pierre Manoury, 1989, chap.1
⁸⁷ « Traité pratique de Magie Sexuelle » – Pierre Manoury, 1989, chap.6
⁸⁸ « Magia Sexualis: Sex Magic and Liberation in Modern Western Esotericism » – Hugh B. Urban, 2006, p.65