(BuzzFeed) Affaire Polanski: pour le CSA, les propos de Catherine Deneuve véhiculent des «préjugés rétrogrades»

En mars dernier, la séquence de Quotidien où Catherine Deneuve prenait la défense de Roman Polanski avait choqué de nombreuses personnes. Le conseil n’a cependant pas sanctionné TMC, estimant que Yann Barthès avait réagi de manière appropriée.

Le 16 mars dernier, Yann Barthès interroge Catherine Deneuve, invitée de son émission Quotidien, sur l’affaire Polanski.

 Roman Polanski vient alors de renoncer à présider la cérémonie des César, après la mobilisation d’associations féministes. Le réalisateur est accusé d’avoir violé une mineure de 13 ans, Samantha Geimer, en 1977.

 

 

«C’est une affaire qui a été traitée, c’est une affaire qui a été jugée, il y a eu des accords entre Roman Polanski et cette femme», répond notamment Catherine Deneuve à Yann Barthès lors de cette émission.

«Et vous comprenez que ça puise choquer les féministes?» relance l’animateur.

«Non, vraiment, je ne comprends pas, a répondu l’actrice. (…) Il y a toujours eu une image donnée à cette histoire assez incroyable. C’est une jeune fille qui avait été amenée chez Roman par sa mère, qui ne faisait pas son âge de toute façon. Et de toute façon, on peut imaginer qu’une jeune femme de 13 ans puisse faire 15, 16 ans. Il ne lui a pas demandé sa carte de visite. Il a toujours aimé les jeunes femmes. J’ai toujours trouvé que le mot de viol avait été excessif.»

«Dire ce que vous dites en 2017, c’est inaudible pour plein de gens. Vous le savez?» commente alors Yann Barthès.

«Oui, tant pis. Tant pis pour moi, tant pis pour eux», a conclu l’héroïne d’Indochine.

La séquence est visible ici.

Quelques jours plus tard, l’association Politiqu’elles, qui «œuvre à la promotion des femmes dans la société et lutte contre le sexisme», saisit le CSA au sujet de cet échange.

Le CSA a examiné la séquence le 21 juin. Dans son mail de réponse à l’association, que BuzzFeed News a pu consulter, l’institution estime que les propos tenus par Catherine Deneuve «sont déplacés et véhiculent des préjugés rétrogrades concernant les auteurs de viol et leurs victimes».

Le conseil n’a cependant pas pris de sanctions, car en «prenant en compte l’intervention de l’animateur», il considère «que la chaîne n’avait pas manqué à ses obligations en matière de respect de l’image des femmes».

Contacté par BuzzFeed News, le CSA explique que les interventions de l’animateur «allaient dans le sens de tenter de faire prendre conscience à son interlocutrice que ses propos pouvaient être choquants.»

«Le conseil a considéré que les relances et le ton qui avait été employés par l’animateur permettaient d’avoir une distance par rapport à ce qui était dit.»

Le CSA rappelle que ce qu’il doit éventuellement sanctionner n’est pas tel ou tel propos d’une personne en particulier, mais la «maîtrise de l’antenne». «Il est possible de tenir à l’antenne des propos qui peuvent être considérés comme choquants mais il faut que vous ayez un élément de contradiction. On entérine les manquements quand il n’y a pas de maîtrise de l’antenne et que personne ne minore ou ne fait comprendre à l’interlocuteur que ses propos n’ont pas lieu d’être.»

«La réaction de Yann Barthès face aux propos de Catherine Deneuve faisant l’apologie de la culture du viol est très insuffisante», affirme de son côté Fatima El Ouasdi, présidente de Politiqu’elles. Elle explique à BuzzFeed News:

«Nous regrettons que de tels propos puissent être tenus sans aucune contradiction à une heure de grande écoute et devant un public jeune. Yann Barthès et TMC auraient dû s’excuser et a minima se désolidariser.

Il y a un décalage entre la ligne éditoriale de Quotidien, se revendiquant moderne et progressiste, et l’intervention de Catherine Deneuve.»

 

 

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