Le procès de l’ex-chirurgien, jugé à Saintes (Charente-Maritime) pour des abus sexuels sur quatre mineures, se déroule à huis clos depuis ce vendredi 13 mars. Au grand dam des parents d’une des victimes.
Assis à la terrasse d’un café, face au tribunal de Saintes (Charente-Maritime), Jérôme Loiseau tape nerveusement du pied sous la table. Ce père d’une fille de 9 ans fulmine. Il vient de quitter précipitamment la salle d’audience où est jugé Joël Le Scouarnec pour des agressions sexuelles et des viols commis sur quatre mineures. Dont sa fille il y a trois ans. Non seulement, le procès de cet ex-chirurgien de 69 ans se tiendra à huis clos. Contrairement à ce qu’il souhaitait. Mais la femme de l’accusé, Marie-France Le Scouarnec, qui devait être entendue par la cour d’assises, a fait savoir qu’elle ne viendra pas pour raisons médicales. Je voulais l’entendre. Tout le monde voulait l’entendre
, répète Jérôme Loiseau en boucle.
Beaucoup aimeraient en effet savoir si cette femme était au courant des agissements pédophiles de son mari. Et depuis combien de temps ? Lors de récentes interviews, cette ancienne aide-soignante a assuré qu’elle n’a découvert la réalité des faits qu’en 2017. Qu’elle et son mari ne vivaient plus sous le même toit depuis 2004. Et qu’en 2005, alors qu’il est condamné pour détention d’images pédopornographiques à quatre mois de prison avec sursis, elle ignorait tout des abus sexuels de son mari, entamés à la fin des années 1980.
Elle était au courant
Forcément qu’elle était au courant. Comment aurait-elle pu ne rien savoir durant trente ans ! Pourquoi ne l’a-t-elle pas dénoncé ? Peut-être que ma fille et d’autres enfants n’auraient pas eu à subir ça…
, s’emporte Jérôme Loiseau, au bord de l’implosion.
Pour briser le silence entretenu par la famille Le Scouarnec durant toutes ces années, l’avocate de Jérôme Loiseau, Me Satta, avait demandé ce vendredi matin 13 mars, que le procès se tienne à huis clos partiel (en présence de la presse ), au moins à certains moments, les expertises par exemple
et que d’autres instants aient lieu dans un huis clos total. Je ne voudrais pas que ce huis clos total soit la continuation de l’omerta familiale dont a bénéficié l’accusé durant des années
, a aussi insisté Me Crespin pour l’association L’enfant bleu, partie civile.
Mais la présidente de la cour d’assises, sans prendre la peine de se retirer pour délibérer sur ce point, a préféré que le procès se tienne derrière des portes closes. Pour la sérénité des débats face à la pression médiatique
, a expliqué l’avocat général.
Son adresse ? La prison de Saintes
Par pudeur pour mes clientes, a justifié de son côté Me Driguez, avocate des deux nièces agressées sexuellement par Joël Le Scouarnec. Je vais devoir montrer des photos insoutenables.
Et l’avocate de redouter un autre effet pervers lié à la personnalité de l’accusé : La publicité des débats pourrait, en outre, lui procurer un certain plaisir…
Me Driguez n’oublie pas que l’ex-chirurgien est soupçonné, dans une autre procédure, d’avoir agressé ou violé 349 victimes potentielles…
Avant le prononcé du huis clos, l’accusé est apparu quelques minutes en public. Se tenant les mains derrière le dos et revêtu d’un grand manteau noir, il eut cette réponse un brin provocante lorsque la présidente lui demanda son adresse, supposée être à Jonzac où il résidait : La maison d’arrêt de Saintes.
Il y est incarcéré depuis près de trois ans. Et son avocat, MeKurzawa a assuré à la cour que son client avait l’intention de s’exprimer. Le procès doit se dérouler jusqu’au 17 mars.