(Le Parisien) Jugé pour 24 agressions sexuelles, un pédophile français sévissait sous couvert d’action humanitaire

Un Français est jugé ce mardi pour une vingtaine d’agressions sexuelles commises sur des enfants au Népal et au Cambodge. Il profitait d’une association humanitaire pour entrer en contact avec de jeunes garçons.

L’homme qui comparaît ce mardi profitait de ses missions humanitaires, notamment à Katmandou, au Népal, pour abuser sexuellement de jeunes garçons. (Illustration) AFP/Prakash Mathema

C’est une terrible liste qui s’allonge au fil de voyages prétendument humanitaires. Vingt-quatre noms qui s’égrènent du Népal au Cambodge et autant d’enfants d’une dizaine d’années que Philippe Gérard prétendait aider. Des gamins pauvres, parfois orphelins, qui pensaient trouver chez ce Français de 52 ans l’âme charitable qui pourrait les sortir de la rue. Ces 24 jeunes garçons auraient en réalité été les victimes d’agressions sexuelles commises entre janvier 2013 et octobre 2015 par ce quinquagénaire originaire du nord de la France.

Ancien directeur de centre de vacances condamné en 2005 pour cinq agressions sexuelles sur mineurs, Philippe Gérard est jugé pour la même raison, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Paris. Fait notable et rare dans les affaires de tourisme pédopornographique, plusieurs enfants népalais et cambodgiens retrouvées par des associations se sont portés partie civile.

Des signaux qui auraient dû alerter

En mai 2014, plusieurs signalements arrivent aux oreilles des policiers français de l’Office central pour la répression des violences à la personne (OCRVP). C’est d’abord une association népalaise spécialisée dans la lutte contre la pédophilie qui surprend Philippe Gérard avec plusieurs garçons dans des hôtels de Katmandou (Népal). Ce sont ensuite des humanitaires français qui s’étonnent de son attitude et de sa proximité avec des enfants eu égard à son passé judiciaire.

Inscrit au fichier des délinquants sexuels, un temps interdit de contact avec les mineurs, Philippe Gérard s’investit pourtant depuis plusieurs années dans l’association humanitaire Philmy voyageurs solidaires. Censée offrir une scolarité à des gamins des rues, l’association a été fondée en 2009 par la mère de Philippe Gérard. Étonnamment, celle-ci jamais fait le moindre voyage au Népal ou au Cambodge et a opportunément oublié d’inscrire son fils sur les statuts de l’association…

« Plusieurs signaux importants ont été manqués, souligne Me Noémie Saïdi-Cottier, l’avocate de l’Ecpat, association qui lutte contre l’exploitation sexuelle. Ses voyages dans des pays en proie au tourisme sexuel auraient dû alerter. » « Cette affaire pose la question du suivi des personnes condamnées pour violences sexuelles sur des mineurs », estime aussi Me Frédéric Benoist, l’avocat de l’association la Voix de l’enfant.

Il dormait nu au milieu des enfants

Ainsi, sous couvert d’activités humanitaires, Philippe Gérard va multiplier les voyages à Katmandou et dans des orphelinats au Cambodge ou en Inde. Dans ces structures, son attitude est sans équivoque, relate l’enquête des policiers français. Le quinquagénaire dort nu au milieu des enfants, prend des douches avec eux et se montre étrangement affectueux avec ces garçons qui l’appellent « l’Oncle » ou « le grand-père ». Âgés de 9 à 15 ans au moment des faits, les enfants qui ont pu être entendus par les autorités livrent pratiquement tous le même sinistre récit, évoquant avoir subi des fellations et des attouchements de la part de Philippe Gérard.

Interpellé en octobre 2015 en France, le suspect a reconnu au cours de l’instruction des « attouchements sexuels ». Comme souvent dans ce type d’affaires, il a expliqué ne pas avoir le sentiment de commettre un délit, avoir du mal à comprendre « que des enfants paraissant rayonnants (…) puissent être victimes ». Il a aussi mis en avant sa volonté de scolariser et d’aider ces enfants… Face au psychologue, il a d’ailleurs admis que ses « missions humanitaires peuvent avoir été une couverture, ou une manière de se donner bonne conscience (…) tout en assouvissant ses pulsions sexuelles. » Contacté, son avocat n’a pas souhaité s’exprimer.

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