(Madmoizelle) Pédocriminalité : l’asso #IWAS créée un protocole global pour lutter contre ce fléau

L’ère numérique a décuplé malgré elle le champ d’action des pédocriminels. Face à un fléau qui ne faiblit pas, l’association #IWAS conçoit des protocoles standardisés de lutte et de prévention.

En 10 ans, le nombre de contenus pédopornographiques a augmenté de 6 000 % en Europe. Ce chiffre terrifiant va de pair avec l’explosion du numérique dans nos sociétés et exige qu’on s’y attaque avec les armes adaptées. Dans une interview donnée au Monde, la consultante en cybercriminalité Murielle Thiebierge-Batude propose des outils concrets permettant de traquer les pédocriminels et insiste sur : « l’urgence de développer un véritable système global de défense des enfants ».

La cyberpédocriminalité explose depuis 10 ans

La pédocriminalité est un fléau millénaire qui a profité de l’ère digitale pour étendre son terrain de chasse au-delà des frontières physiques. On estime qu’en 10 ans, le nombre de contenus pédopornographiques a augmenté de 6 000 % et depuis la crise COVID, les différentes associations de lutte contre les violences sexuelles sur mineurs constatent une hausse exponentielle des signalements.

Si l’ampleur du phénomène sur Internet permet d’éveiller les consciences et de systématiser les dénonciations, la toile continue de garantir une impunité quasi-totale aux criminels. Ancienne victime et consultante en cybercriminalité, Murielle Thiebierge-Batude a fondé en 2022 l’association #IWAS, qui conçoit des ressources plurielles pour lutter contre la pédocriminalité et la cyber-pédocriminalité. Elle dresse pour le quotidien Le Monde un constat accablant :

« Les CSAM [Child Abuse Sexual Material, soit des photos ou des vidéos qui montrent un enfant sur lequel on commet un acte sexuel] pullulent sur Internet et le dark Net. Il y a des catégories de vidéos : 0-2 ans, 3-5 ans, etc. C’est pareil que sur une boutique en ligne. Ces crimes ont désormais une matérialité, à travers les vidéos et photos de viols d’enfants qui s’échangent sur les forums de pédocriminels dans le cyberespace. Ces enfants existent, on ne peut donc plus les ignorer, et ces contenus constituent des preuves signées. »
Murielle Thiebierge-Batude, Le Monde, 22 janvier 2023

Des outils standardisés pour lutter contre les pédocriminels

L’association #IWAS s’inspire des méthodes de lutte contre la cybercriminalité économique ou la cyberdéfense militaire pour créer des protocoles standardisés de prévention et de lutte contre la pédocriminalité en ligne, ou non. Ces outils et ressources s’adressent aux services de police, aux associations ou encore aux structures accueillant du jeune public. Depuis sa création, #IWAS a déjà développé trois axes d’action :

« Le premier concerne la création d’une norme, comme un label, à destination des organisations qui reçoivent des enfants (…). Le deuxième est de consolider une méthodologie sur la gestion du risque pédocriminel sous forme de document dont pourront se saisir tous les organismes, une municipalité par exemple. Ce document détaillera les événements redoutés, les objectifs de sécurité, les mesures de sécurité à prendre ; il livrera des scénarios stratégiques et opérationnels de l’attaquant, expliquera comment détecter les signaux faibles des victimes, comment et à qui les signaler, etc. Le troisième est un outil d’intelligence artificielle qui pourra notamment détecter des intentions et actes pédocriminels en ligne. »
Murielle Thiebierge-Batude, Le Monde, 22 janvier 2023

Un rapport publié en 2021, estime qu’en France 14,5 % des filles et 6,4 % des garçons seraient victimes de violences sexuelles avant leur majorité. Face à ces statistiques monstrueuses, une action collective s’impose, unissant les pouvoirs publics, les associations, les acteurs de la petite enfance et plus largement la société, dans la lutte contre la pédocriminalité.

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