La Voix du Nord Esquerchin : un bébé de 2 mois frappé par ses parents jusque dans sa chambre d’hôpital

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Le nourrisson avait été admis le 16 mai 2011 au centre hospitalier de Douai pour de multiples fractures. PHOTO ARCHIVES JOHAN BEN AZZOUZ

Un couple de 26 ans a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, mardi, pour avoir commis de multiples violences sur sa fille pendant les deux premiers mois de sa vie, en 2011, à Esquerchin (Douaisis).

La scène se déroule dans le service pédiatrique du centre hospitalier de Douai, le 26 mai 2011. Mélissa (1), nourrisson d’à peine deux mois, est hospitalisée pour diverses fractures sur tout le corps. F. S., son père, tient l’enfant qui pleure dans ses bras quand une infirmière le surprend en train de le gifler. « J’ai demandé le biberon à l’infirmière, il a tardé à arriver, je me suis énervé avec le bruit, la chaleur… » F. S., aujourd’hui âgé de 26 ans et domicilié à Hénin-Beaumont, est jugé pour avoir donné cette gifle mais aussi pour des violences habituelles que lui et C. D., sa concubine du même âge, auraient commises sur l’enfant depuis sa naissance.

Les experts sont formels : les fractures aux côtes, au tibia gauche (neuf au total), les arrachements ligamentaires sont la conséquence d’actes volontaires. Mélissa n’était donc pas atteinte de la maladie dite des os de verre (l’ostéogénèse imparfaite), elle ne s’était pas non plus blessée dans le porte-bébé ou encore avec les forceps (!) lors de l’accouchement.

C’étaient les explications que le couple avait données et qu’il répète au tribunal. « Si j’avais fait quelque chose à ma fille, je ne serais pas allée tout de suite à l’hôpital », lâche C. D. « Je suis impulsif mais pas violent, renchérit F. S., le père. Je reconnais la gifle mais pas le reste. Je ne vais pas avouer quelque chose que je n’ai pas fait ! J’aime trop ma fille pour commettre des violences. »

Le problème, c’est que Mélissa n’était gardée que par ses parents à l’époque, à Esquerchin. Qui a fait quoi alors ? Il faut insister pour entrevoir un début de commencement d’explication de C. D. La femme désigne mollement son concubin : « Peut-être qu’il l’a fait mais pas devant moi ». Rien de plus. Au grand dam du parquet et de la partie civile. « Mélissa a été cassée de partout, lâche Me Alain Reisenthel, son avocat. Ses parents nous disent qu’elle ne pleurait pas mais elle devait hurler constamment ! Monsieur ne peut pas dire la vérité car il est incapable de l’admettre devant ses propres parents. » « Vous n’avouez que quand on vous voit, c’est honteux ! », balance la substitut du procureur Annelise Cau à l’adresse du père. F. S. ne bronche pas, c’est tout juste s’il rougit. Même quand il doit parler de ses mensonges au cours de l’instruction. Même quand on lui demande quelles explications il donnera à sa fille quand elle lui posera des questions : « Je lui dirai que je ne sais pas comment c’est arrivé », souffle F. S. Suivi de sa concubine : « Je lui dirai que, moi personnellement, je n’ai rien fait ».

1. Prénom d’emprunt.

JULIEN CARPENTIER

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