Un groupe de 38 professeurs de droit de Harvard ont signé une lettre de « soutien » au professeur de Droit émérite Alan M. Dershowitz, récemment accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, à priori la même personne qui est impliquée dans une affaire similaire avec le milliardaire Jeffrey E. Epstein.

Dans cette lettre, les professeurs estiment que Dershowitz n’a pas été en mesure de répondre directement à ces accusations dans le domaine légal, en raison du fait qu’il n’est pas cité dans le procès civil au cours duquel ces accusation d’abus sexuel ont été formulées pour la première fois, accusations que Dershowitz rejette.

« Pour répondre à des allégations extrêmement diffamatoires et hautement médiatisées, il faut trouver un terrain de discussion qui peut résoudre les faits mis en cause », ont-ils écrit. « Ces tribunaux ne devraient pas être instrumentalisés pour effectuer de telles attaques tout en empêchant qu’une réponse soit donnée par la partie incriminée ».

L’affaire traitée au tribunal civil au cours de laquelle ces accusations ont vu le jour remet en cause la plaidoirie de Dershowitz lors du procès d’Epstein, qui a plaidé coupable dans un tribunal d’État et a ainsi évité des poursuites au niveau fédéral. Dershowitz n’est pas cité en tant que partie défenderesse dans l’affaire traitée au civil, mais a tenu à intervenir dans cette affaire afin de protéger « sa réputation ». [Il faut laver son honneur ! ndQ+]

Un groupe de trois membres de la faculté de droit (Nancy Gertner, Charles J. Ogletree Jr . et Philip B. Heymann) ont commencé la rédaction de cette lettre de soutien à leur collègue la semaine dernière, d’après Gertner et Heymann. Dans un premier temps, 36 membres de la faculté de Droit ont signé cette lettre lorsqu’elle a été partagée par Gertner dans The Crimson jeudi matin, et deux signatures supplémentaires (celles de Charles R. Nesson et celle de Lewis D. Sargentich) sont venues s’ajouter à la liste depuis.

Lors d’un entretien, Heymann a déclaré avoir pris cette initiative en voyant la façon dont les avocats de « Jane Doe N°3″ ont présenté ces allégations à l’encontre de Dershowitz.

Ces allégations sont un piège. Fortuit ou voulu, je l’ignore. Cela empêche Mr. Dershowitz de défendre sa réputation dans le tribunal. Il peut le faire de vive voix, mais traiter cette affaire au tribunal ne lui a pas été permis.

La lettre des professeurs fait suite à un jurement sous serment de « Jane Doe N°3″ dans lequel elle a réaffirmé ses accusations dans un document remis au tribunal, en réponse à l’intervention de Dershowitz.

Gertner et Heymann ont affirmé qu’ils n’étaient pas au courant du fait que « Jane Doe N°3″ avait rempli une déclaration sous serment lorsqu’ils ont publié cette lettre, mais Mme Gertner affirme qu’elle l’aurait tout de même signée, même si elle avait su pour la déclaration signée. Elle estime que c’est la possibilité de Dershowitz de se défendre et de répondre à ces accusations qui est en cause.

Dans une interview, Dershowitz a déclaré être reconnaissant envers ses collègues pour leur soutien.

« J’apprécie leur volonté de me soutenir dans ces moments difficiles », a-t-il déclaré.

Cette lettre n’est pas la première du genre écrite par un groupe de professeurs de la faculté de Droit pour défendre une personne accusée d’abus sexuel. En octobre, un groupe de 28 professeurs de la faculté de Droit avaient rédigé une lettre ouverte au journal The Boston Globe dans laquelle ils critiquaient les procédures et la politique de l’Université de Harvard concernant les harcèlements sexuels.

Heymann a déclaré durant un discours à la faculté de Droit qu’il n’avait jamais vu autant de membres d’une faculté signer une lettre ouverte que pour cette lettre de soutien envers Dershowitz.

Traduction : Fabio Coelho pour Quenel+