Besançon. C’est, selon les enquêteurs de la police judiciaire, la tête de réseau de cette affaire de traite d’adolescentes qui a été arrêtée hier peu après 18 heures en plein centre-ville de Besançon. L’interpellation a été mouvementée et n’est pas passée inaperçue. Âgé de 38 ans, l’homme, originaire du Kosovo, portant le nom de Tahiri, était absent à son domicile de Valdahon lorsque les policiers étaient intervenus et avaient interpellé son épouse. Ces derniers ont réussi à l’intercepter grâce à un renseignement qui leur est parvenu. L’arrestation du couple Tahiri, parents de cinq enfants dont un majeur, domiciliés dans un petit immeuble près de la gare ferroviaire, ne surprend pas les habitants de Valdahon et, faut-il le dire, les soulage. « C’est une famille à problèmes très connue de nos services. Les plus jeunes des enfants fréquentant le collège ont commis beaucoup d’incivilités avec les autres élèves et les enseignants », souligne le capitaine de gendarmerie de Valdahon. Nombre de commerçants de la commune ont eu aussi à se plaindre de vols commis dans leurs magasins et parlent d’arrogance. « Quand on intervenait chez eux, on se faisait renvoyer, il fallait voir », raconte encore le capitaine de gendarmerie.
15.000 € en espèces retrouvés
Souvent absent et voyageant beaucoup dans les Balkans (et pour cause), le chef du clan arrêté hier soir est peint comme ayant souvent des liasses d’espèces dans les poches et payant des achats avec des billets de 500 €. À cet égard, le commissaire Moreau de la PJ indique : « On a retrouvé dans le garage une somme de 12.000 € en espèces et en grande partie en billets de 500 € et on a mis la main sur 3.000 € en espèces à Maîche chez les autres membres de la famille ».
Le couple Tahiri avait été arrêté en Serbie au mois de janvier dernier. Une adolescente sans lien de parenté avec eux se trouvait dans leur voiture, visiblement ramenée après avoir été achetée à ses parents. Ils avaient alors purgé une peine de deux mois de prison et avaient été remis en liberté après avoir payé une caution.
Avocat des Tahiri, Me Randall Schwerdorffer rapporte : « Ma cliente conteste toute traite d’êtres humains et dit que l’argent correspond à ses économies. Il existerait des mariages arrangés entre Kosovars, et alors ? Il existerait des systèmes de dot et alors ? Les mariages arrangés et la recherche de bons partis existent encore en France, mais dès que c’est entre Kosovars, ça nous pose problème ». Et l’avocat ajoute : « La famille de ma cliente est en France depuis 2009 et essaie de s’insérer, mais elle continue d’appliquer les coutumes séculaires de son ethnie. C’est choquant pour nous, mais il s’agit d’un problème culturel plus que pénal. C’est une famille à très forte identité ethnique, culturelle et religieuse ».
Yves ANDRIKIAN