Le Japon était le seul pays du G7 où la détention de matériel de pornographie infantile demeurait légale .
Jusque-là, et de façon étrange et choquante pour beaucoup, seules la production et la distribution de documents de pornographie infantile étaient interdites, mais pas la simple possession. Ce mercredi, la chambre haute du Parlement a massivement voté le texte faisant de cette possession un délit passible de prison (jusqu’à un an) et d’une amende pouvant atteindre 7.225€.
Avant cette nouvelle législation, le Japon était le seul pays membre du G7 où la détention de matériel de pornographie infantile demeurait légale. C’est « un message important pour les consommateurs » et aussi « un coup sévère aux producteurs », estime Hiroshi Nakasatomi, de l’université de Tokushima.
Les mangas épargnés
Reste que le texte adopté ne concerne que de véritables enfants en chair et en os. Par conséquent, les mangas ou autres dessins et vidéos d’animation ne tombent pas sous le coup de la nouvelle loi, et ce au nom de la liberté d’expression. C’est apparemment sous pression de dessinateurs de manga, d’éditeurs et de défenseurs de la liberté d’expression que finalement la loi votée par le parlement nippon épargne BD et vidéo animées.
Pour le professeur Nakasatomi, cette exception est une erreur car selon lui « c’est faux d’imaginer que cela ne fait pas de victimes », estimant qu’à force de lire des mangas à caractère pédophile, certaines personnes peuvent être encouragées à passer à l’acte. D’autres défendent toutefois la thèse contraire, affirmant que l’assouvissement des besoins à travers des images fictives évite justement de basculer du virtuel au réel.
Un débat sensible
La grande majorité des dessinateurs de mangas et créateurs de dessins animés se sont toujours opposés à une interdiction des bandes dessinées et animations mettant en scène une forme de sexualité infantile, arguant de la difficulté à caractériser ce qui relève effectivement ou non de la pédopornographie.
Craignant que la liberté d’expression par le dessin ne soit remise en cause, les tenants de « l’exception manga/animé » expliquent notamment que le physique seul ne saurait suffir à cataloguer un personnage de manga ou de fiction graphique.
Un héros peut avoir les traits d’un enfant tout en étant présenté comme un adulte, ou l’inverse. Et quid d’un personnage qui serait en fait un robot avec des traits d’enfant et serait mis en scène dans des postures sexuelles ? Quoi qu’il en soit, le débat sur la liberté d’expression demeure toujours très sensible au Japon, où l’on garde le souvenir d’une censure impitoyable dans la période où le pays se lançait dans la seconde guerre mondiale.
En mai dernier, la municipalité de Tokyo avait décidé d’interdire la vente aux moins de 18 ans d’un manga qui dépeint des relations incestueuses, en classant « Imoto Paradise ! 2 » dans la catégorie des « oeuvres malsaines ».