PRISON « OUVERTE » – A la prison de Mauzac, en Dordogne, l’administration pénitentiaire a fait le pari d’un centre de détention semi-ouvert. Les détenus, principalement des délinquants sexuels, y effectuent de longues peines. Les équipes de Sept à Huit ont pu poser leurs caméras dans cet univers carcéral particulier.
C’est une prison pas comme les autres. Un centre de détention en plein milieu de la campagne à Mauzac, en Dordogne, où les détenus ont la clé de leur cellule et peuvent vaquer à leurs occupations, tout au long de la journée. En France, seuls deux établissements de ce type existent : l’un est à Casabianda en Corse et l’autre ici, en Dordogne.
Des détenus, principalement auteurs d’infractions sexuelles
Disposant de 315 places,le centre de Mauzac accueille un public spécifique, majoritairement des auteurs d’infractions sexuelles. Dans ce centre, les cellules mesurent 9m² et sont ouvertes, douze heures par jour entre 7h et 19h. La journée, les détenus peuvent se promener dans l’enceinte de l’établissement, jouer à la pétanque, se retrouver pour jouer aux cartes ou simplement discuter. Parfois, ils partent en randonnée, encadrés par des moniteurs de sport et des conseillers pénitentiaires. « Une histoire de confiance », pour eux. Souvent, ils ont eu une obligation de soins alors ils sont suivis par des professionnels. Et souvent, ils travaillent, car c’est l’une des pistes suivies pour leur réinsertion dans la société.
Inaugurée en 1986 par Robert Badinter, alors garde des Sceaux, elle était censée devenir un modèle carcéral. Pour le ministre, il fallait « éviter dans l’Intérêt de tous, que les détenus soient infantilisés et incapables d’affronter ce qu’est la réalité des hommes libres ». A Mauzac, ces détenus auteurs d’infractions sexuelles représentent 85% de détenus. S’ils sont « bien vus » par l’administration pénitentiaire c’est parce qu’ils sont réputés plus « dociles » que les autres. Ici, les bagarres sont rares et les surveillants « travaillent avec plaisir ». « Eux sont beaucoup plus détendus. Ils arrivent ici, c’est une bouffée d’air frais. Si eux sont bien, les surveillants sont biens. Toutes les prisons devraient fonctionner comme ça, malheureusement ce n’est pas le cas », déplore Frédéric, l’un des gardiens de la prison.
Autonomie et responsabilité. Voilà les deux axes qui guident le quotidien des détenus. Lorsqu’ils sont en fin de peine, les détenus peuvent suivre une formation de réinsertion, à la ferme école : un domaine de 4 hectares est implanté en plein milieu du village. On y fait de la maçonnerie et on y cultive des fruits et légumes bios. Avec l’aide de Marjorie Batanero, une spécialiste de la formation et de la réinsertion, ils réapprennent petit à petit à éloigner leurs craintes du retour société. Une société dont ils craignent le regard. « Le plus dur, c’est dehors », dit-elle.
Ces formations leur permettent aussi de gagner un peu d’argent, environ 200 euros par mois. Ici, on le sait mieux que partout ailleurs, lorsque des détenus travaillent en prison, leur réinsertion est plus facile : ils récidivent deux fois moins que les autres, même si le taux de récidive de Mauzac est inconnu. Une prison à part donc, mais dont le modèle pourrait être répliqué dans les années à venir.