Une autre victime d’un autre orphelinat anglais fait des siennes : John Affleck, 52 ans, demande que l’un de ceux qui l’ont violé confesse ses crimes devant la Justice. Pourtant, un règlement à l’amiable avait clos le dossier de ces abus sexuels commis dans un orphelinat entre 1964 et 1970. Et dans cette affaire aussi, un certain nombre de témoins ont opportunément passé l’arme à gauche.
John Affleck désigne Oliver Gilbart Smith comme l’un des pédophiles du réseau, qui aurait violé neuf garçons au Green Field House Children’s Home, à Maidenhead.
Le silence de chacune des neuf victimes a été acheté au prix de 300.000£, via un accord à l’amiable conclu en marge de la procédure, en 2006.
Et c’est l’assureur de l’Etat qui a payé cette somme [1], car finalement aucun des pédophiles n’a été condamné. En effet, les autorités responsables ont opté pour un accord alors qu’un procès au civil était engagé.
Le Green Field House Children’s Home, destiné à une douzaine de gamins ayant des problèmes à l’école ou à la maison, était dirigé par un ancient soldat, Donald Prescott, qui a eu la bonne idée de mourir d’une attaque cardiaque il y a 19 ans. Prescott avait pris l’habitude de violer et maltraiter les enfants et aussi, tant qu’à faire, de les louer à des pédophiles à l’extérieur du home, jusqu’à Londres ou Cambridge [2]. D’autres pédos se rendaient carrément dans l’orphelinat pour y violer les enfants.
D’après les victimes, le Green Field House Children’s Home était le centre d’un réseau pédophile d’envergure. En outre, Prescott filmait les abus, probablement autant pour se faire du fric que pour avoir un moyen de chantage sur les personnalités auxquelles il livrait des enfants. De fait, Prescott détenait des images de viols commis notamment par Gilbart Smith, qui lui a donné une grosse somme d’argent pour les planquer. Gildbart Smith a aussi filé des pots de vins (d’après l’un des pédophiles du réseau, Ted Burkett) aux flics et miraculeusement, l’enquête s’est éteinte.
Gilbart Smith est ensuite devenu un homme d’affaires bien portant, et Prescott n‘a pas résisté à la tentation de le faire chanter, ce qui aurait duré jusqu’à sa mort en 1986. L’année d’après, Gilbart Smith s’est mis à la retraite. Ensuite, Burkett est mort. Puis, Walters, un autre pédo de la bande, a touché de grosses sommes de Gilbart Smith, car il menaçait à son tour de tout balancer. Et puis il est mort lui aussi d’une attaque cardiaque deux jours après le procès où il a dit n’avoir jamais été violé par Gilbart Smith, en mai 2010.
Prescott et sa femme Doris ont précipitamment quitté l’orphelinat fin 1970, alors que les flics commençaient à avoir des soupçons sur ce qu’il s’y passait. Un autre pédo du réseau, Ted Buckett, a alors fui en Australie.
Les accusations d’abus sexuels ont commencé seulement 30 ans plus tard, en 2000, quand un des anciens pensionnaires âgé alors de 40 ans, alors soldat, a fait une dépression nerveuse à cause des viols qu’il avait subis. Il a alors été dénoncer les faits aux flics qui ont immédiatement ouvert une enquête. Une deuxième victime s’est alors aussi fait connaître.
Etouffement en règle
Le procureur a alors fait son travail en classant l’affaire faute de preuves, qu’on n’a surtout pas essayé de trouver. Mais en 2008, l’un des pédos, Gildbart Smith, est accusé de 17 chefs d’inculpation portant sur des abus sexuels commis entre 1967 et 1970. Et le tribunal a décidé de laisser tomber les deux derniers chefs d’accusation. Il y avait à ce procès pas moins de 13 témoins à charge. Et zéro pour la défense.
En juillet 2010, Affleck, qui était dans ce home de 1968 à 1970, avait jeté de l’essence sur Oliver Gilbart Smith, un riche banquier londonien (devenu Lord en 1987 après avoir amassé des millions), en plein tribunal, après qu’il ait été blanchi pour 15 des 17 chefs d’accusation d’abus sexuels commis sur des garçons du home dans les années 60. Et devinez quoi ? Affleck a pris un an de prison ferme !
Alors Affleck a écrit un livre, « The paedo trial » (le procès des pédos), et il a aussi créé un site web et une page Facebook qui vont avec.
Il raconte par exemple une journée type d’un enfant du Green Field House Children’s Home : lever à 6heures pour préparer et amener son thé à Prescott, ce qui finissait par un viol. Affleck devait lui amener le thé chaque dimanche. A 7heures, c’était la douche. Prescott choisissait une ou deux victimes et demandait par exemple à être masturbé. Petit déjeuner avec Prescott et sa femme de chaque côté de la table. A 8h 30, Prescott choisissait un gamin pour s’amuser dans la matinée, les autres allaient à l’école. Repas frugal en rentrant le soir, et une ou deux fois par semaine, Gilbart Smith, Ted Burkett, Clive Bristow, Michael Moore et d’autres hommes venaient pour jouer au tennis ou au foot avec les enfants. A 20h, Prescott demandait à un garçon de le rejoindre ; et 21h il allait voir les plus petits, qui dormaient. A 22h, quand les plus grands allaient dormir, rebelote : un ou deux restaient avec Prescott pour être violés par les visiteurs, par un autre pensionnaires et/ou par Prescott, pendant que les autres regardaient.
Le week end, de nombreux hommes venaient encore : les mêmes, et d’autres comme Clemence Prescott. Au final, les viols avaient lieu 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Affleck explique de Gilbart Smith, chrétien pratiquant, a rencontré Donald Prescott à l’église Ste Marie de Maidenhead en 1964. A cette église, Gilbart Smith a aussi fait la connaissance de Clemence Prescott, Ted Burkett, Willy Walters, Clive Bristow et Michael Moore, tous pratiquants.
Willy Walters était l’un des premiers enfants à avoir rejoint Green Field, en 1964, alors âgé de 12 ans. A force de viols répétés par Prescott, Burkett & Co et parce qu’il n’a pas été aidé, Walters est devenu l’un des violeurs, habitué à filmer ses saletés.
Affleck dit aussi que trois membres du jury présents au procès de 2010 ont été achetés par Gilbart Smith. Pour sa défense, celui qui est désormais devenu un missionnaire chrétien (il est allé en Afrique, au Portugal et en Jamaïque pour cela), dit qu’on lui en veut personnellement, tout en admettant que les autres visiteurs du home étaient des pédocriminels notoires.
On reparlera de cette affaire, car dans son livre, Affleck cite les noms de neuf banquiers pédophiles protégés par des flics corrompus, mais il revient aussi sur les connexions de Jimmy Savile ou de Cyril Smith, un député conservateur qui a traîné du côté de Jersey, d’Elm Guest house, et des orphelinats du pays de Galles notamment. Affleck parle aussi d’un membre de la famille royale et de Lord Lucan, un artisto aux goûts de luxe coupable du meurtre de la nounou de ses enfants Sandra Rivett, et qui a disparu en novembre 1974 après avoir fait banqueroute.
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La liste des foyers pour enfants anglais dans lesquels des viols ont été commis, souvent à grande échelle et souvent à cause de réseaux pédophiles s’allonge furieusement depuis quelques mois. Et souvent, il s’agit de faits anciens, jamais étudiés ou bien étouffés.
La morale de l’histoire ? Il n’y en a pas.
[1] L’Etat s’est ensuite retourné contre Gilbart Smith (le plus riche des pédos accusés) pour récupérer cette somme, et Gilbart Smith, qui craignait que cette fois-ci on ne prouve qu’il a bien commis les viols, a allongé plus de 3 millions de livres. Pour cela, il a vendu la maison de famille.
[2] D’après Affleck, les viols commis par Gilbart Smith ont eu lieu à l’orphelinat, dans des villes autour, à la résidence de Gilart Smith, dans sa maison de vacances dans le Sussex, dans un de ses appartements, dans un camping de Perranporth en Cornouialles, au pub Sir Percy Flannigan, au bar du centre de vacances du Kent, la maison des Tudor à Wimbledon et dans d’autres endroits.
Source: http://dondevamos.canalblog.com/archives/2013/02/14/26415288.html