Après avoir évoqué sa vie sexuelle très dense dans une récente interview, le poète David Dumortier est intervenu en classe de CM1.
Il était venu «faire des tours de magie» avec les mots. Mais «a-t-il joué avec l’innocence de nos enfants?», se demandent aujourd’hui les parents. Depuis l’intervention, le 3 février, du poète David Dumortier devant une classe de CM1 de l’école Marcel-Lafitan de Versailles, l’établissement est «sens dessus dessous», confie une maman.
Au début de l’année, rapporte-t-elle, «la maîtresse nous a prévenus qu’elle ferait travailler ses élèves sur la poésie». Un intervenant a été envoyé par la Maison de la poésie, sans que son nom soit dévoilé aux parents. «Je suis auteur jeunesse depuis quinze ans, précise David Dumortier. J’interviens régulièrement dans les écoles. Mes textes ont été sélectionnés par le ministère de l’Éducation nationale depuis des années.» Ce lundi-là, le poète lit aux enfants son ouvrage Mehdi met du rouge à lèvres. «Si Mehdi met du rouge à lèvres, c’est “pour que les bises restent plus longtemps sur toi”, explique l’auteur, reprenant des passages de son livre. Est-ce du prosélytisme homosexuel? Les enfants ont adoré. Ensuite j’ai demandé aux garçons s’ils s’étaient déjà déguisés en filles. Plusieurs m’ont lancé: “C’est arrivé à mon papa aussi!”»
Sauf que le soir même, un petit garçon raconte chez lui l’histoire de Mehdi… En quelques clics, les parents découvrent la bibliographie du poète. «David Dumortier va bien au-delà du thème de l’homosexualité, commente ainsi le SNUipp, le principal syndicat d’enseignants du primaire, sur son site Internet. Il rend sensibles, avec tendresse, pudeur, justesse de ton, ces heureux moments de l’enfance où les identités sexuelles ne sont pas encore figées, où se mêlent encore masculin et féminin, où l’ambivalence est une richesse.»
«Le travesti on le commande sur internet»
Son dernier livre est intitulé Travesti. «David Dumortier est poète, mystique et travesti, peut-on lire dans la présentation de l’ouvrage, édité par Le Dilettante. Lyrique en diable et salope au lit.» Une interview de l’auteur, accordée en octobre 2013 à France Inter, sidère les parents. «Il y déclare : “Je m’habille en femme chez moi pour recevoir des hommes, et des hommes, j’en ai accueilli des wagons”, s’étrangle un papa. Le travesti on le commande sur internet: 14 garçons en 36 heures… Il précise aussi que sa “double vie n’est pas si nettement scindée”, qu’il “aime le mensonge”…» David Dumortier, lui, ne voit pas le problème: «Je n’ai pas lu Travesti en classe, se récrie-t-il. C’est comme Apollinaire ; il a écrit à la fois des poèmes pour enfants et Les Onze Mille Verges…»
Alors que trois parents, très choqués, ont été «convoqués» mercredi par l’inspectrice d’académie, les autres hésitent à se plaindre. «On ne veut pas être traités d’homophobes», confie une maman. Mais du côté du collectif VigiGender, on monte au front: «Qui a donné l’accréditation Éducation nationale à cette personne? interroge Marie Pierson, référente VigiGender dans les Yvelines. On ne veut pas juger sa vie privée. Mais est-il normal qu’une personne qui parle aussi ouvertement de sa perversion puisse côtoyer des enfants?» À l’inspection d’académie, on attend d’avoir «tous les éléments pour communiquer». Quant à David Dumortier, il affirme avoir reçu l’assurance que «le projet va continuer».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/02/12/01016-20140212ARTFIG00374-travesti-dans-une-ecole-des-parents-tres-choques.php