Gaby Breitenbach doit avoir vu et entendu de terribles choses. Cette psychothérapeute allemande raconte comment parfois, à un très jeune âge, des femmes sont systématiquement torturées par des personnes cherchant à diviser leur esprit en multiples identités. Leur but étant évidemment de contrôler les victimes, mais aussi de les faire passer comme normale, avec une personnalité semblant tout à fait normale d’un point de vue extérieur. Bien que l’identité (personnalité) de tous les jours de la victime n’aura aucune mémoire du traumatisme vécu, Breitenbach affirme que les agresseurs sont en mesure d’accéder aux autres identités par divers moyens déclencheurs. Cela peut-être quelque chose d’aussi simple qu’une sonnerie.
Gaby Breitenbach, psychothérapeute et fondatrice de Vielseits
Cette méthode de contrôle mental est connue comme « l’abus rituel ». La plupart du temps, la violence est de nature sexuelle. Parfois les agresseurs ont une soif de pouvoir et de puissance, d’autres n’agissent que par cruauté. Il peut s’agir de groupes pseudo-religieux, parfois fascistes, souvent reliés aux réseaux de criminalité. Parfois les agresseurs utilisent leurs victimes pour obtenir de nouveaux membres dans une société secrète. Parfois ils n’ont qu’à appuyer sur un interrupteur de l’esprit de la victime pour un suicide.
Le monde peut être un endroit incroyablement ignoble…..
Le mois dernier, Gaby Breitenbach a ouvert un lieu sécurisé pour aider les victimes d’abus rituels en Allemagne: VIELSEITS, qui signifie « adaptation / polyvalence ». Une première en son genre en Europe, proposant un traitement des traumatismes à toute personne franchissant ses portes. Je l’ai contacté par téléphone pour en savoir plus….
VICE: Bonjour Gaby, tout d’abord, pourquoi des projets comme Vielseits sont-ils nécessaires ?
Gaby Breitenbach: Parce que sans ce projet Vielseits, il n’y a aucun moyen pour les victimes de quitter le cercle des abus. Les abuseurs sont connectés entre-eux par un réseau, mais les victimes ne le sont pas, elles sont isolées. Vielseits propose une mise en relation, une protection et un espace de guérison.
Pouvez-vous me dire quel genre de femme vient chercher de l’aide à Vielseits ?
Toutes les femmes qui arrivent chez nous sont victimes d’une violence organisée, sadique et sexuelle, elles ont été soumises à du contrôle mental. Il y a aussi des réseaux qui pratiquent l’abus rituel avec une sorte de structure spirituelle, où certaines idéologies entrent en jeu, telles que le néo-fasciste ou encore des groupes pseudo-religieux comme la scientologie ou les cultes sataniques.
Du point de vue extérieur, ce sont des femmes semblant apparemment avoir une conduite et une vie tout à fait normale. Leur personnalité du quotidien n’a pas conscience des abus auxquels elles sont soumises la nuit, le week-end où pendant les périodes de vacances. Ces expériences traumatiques sont compartimentées dans les différentes parties de la personnalité, de sorte que ces mémoires sont tenues à l’écart de la conscience et la personne n’a donc pas connaissance des traumatismes vécus.
Comment ces personnalités sont-elles créées ?
Les victimes sont soumises à un âge précoce à des situations de mort imminente, par des chocs électriques, des simulacres de noyade, toutes sortes de tortures ou leurs bourreaux se posent en « sauveur ». À un certain point, la psyché de la victime va agir d’une manière automatique: elle va éclater, dans un but de survie. Les conséquences de ces tortures systématiques sont que les victimes peuvent développer différentes identités tout au long de leur vie. Les criminels qui pratiquent ces abus détiennent la clé de ce système interne comprenant une personnalité fragmentée ont donc la capacité d’induire des comportements particuliers en utilisant des déclencheurs « triggers ». Cela peut-être des signes de main, certaines odeur ou des sons, comme une sonnerie.
Pourquoi ces gens veulent-ils installer ces déclencheurs dans leurs victimes ?
En général pour deux raisons. Il y en a qui pratiquent l’abus rituel pour la satisfaction personnelle, ils mettent leurs victimes dans des situations de mort imminente par une extrême violence par simple plaisir. D’autres profitent du pouvoir apporté par ces pratiquent, ils ont d’énormes salaires et se garantissent également de cette manière l’entrée et l’appartenance à des cercles exclusifs.
La victime n’a pas d’autre choix que de fuir à l’intérieur, émotionnellement et mentalement, se crée alors un éclatement de personnalité et des identités distinctes.
D’autre part, il existe des groupes d’abuseurs ayant des plans élaborés pour créer des personnalités fractionnées et les utiliser comme on appuie sur un interrupteur. Ils vendent ces « programmes » qu’ils utilisent pour contrôler la victime à des clients en leur montrant leur capacité à créer des personnalités multiples chez un individu.
Quels sont les types d’identités qu’ils créent avec ces programmations ?
Les jeunes victimes d’abus rituels sont le plus souvent utilisées pour la prostitution pédophile et formées pour prendre part aux maltraitances sadiques sur enfants, qui sont filmées et photographiées. Ces femmes seront prostituées une grande partie de leur vie, utilisées pour de la violence sadique et parfois pour de l’espionnage. Beaucoup des identités misent en place par les abus ne ressentent pas la douleur.
Comment vos patients passent leurs journées à Vielseits ?
Ils ont des routines quotidiennes strictes en petits groupes supervisés. Le contenu des journées peut varié avec différentes activités: sport, auto-défense, activités créatives, formation professionnelle, évaluation des risques, cuisine, apprendre à vivre au jour le jour, relation avec les autorités etc… En plus de cela, ces femmes ont également besoin d’être en contact avec un thérapeute et de recevoir beaucoup de soutien.
Que savez-vous des agresseurs ?
Les patients déclarent que ces gens sont de tous horizons, les réseaux contiennent tous les secteurs professionnels. Police, justice, administration publique, milieu universitaires, milieu médical, psychiatrie, hypnotiseurs, politiques…. Certains noms reviennent constamment. Par l’échange avec d’autres patients et collègues à travers toute l’Allemagne, nous sommes en mesure de valider ces noms. Certains sont célèbres, des gens admirés.
Pouvez-vous me donner un de ces noms ?
Eh bien je serais juridiquement fragile si je le faisais.
Oui, je suppose. Vous et votre équipe êtes-vous entrés en contact avec des agresseurs ?
Les criminels mettent une pression sur notre équipe à Vielseits, l’institut et les praticiens. Les pressions vont de menaces verbales jusqu’à des incidents qui ont presque conduit à des accidents de voitures. Les criminels intimident également les patients. Par exemple ils vont convaincre un alter (identité) qu’il a assassiné un membre de notre personnel qui est en fait en vacances. Ce n’est qu’un exemple des nombreuses techniques que les agresseurs utilisent pour reprendre le contrôle de leurs victimes. Plus de la moitié de nos patients sont encore embarqués dans les voitures des abuseurs en fin de journée, sans doute pour subir de nouveaux abus.
Comment vérifiez vous l’expérience des victimes ?
Nous voyons quotidiennement les blessures et les cicatrices sur les corps des victimes. Nous avons une abondance de noms d’agresseurs, des scènes de crimes et expériences documentées. Quelques femmes ici ont des photos, des documents et d’autres choses qui prouvent les abus.
Pourquoi ne vont-elles pas à la police ?
Ces femmes sont sous forte pression et savent qu’elles vont payer de leur vie si elles le font. Il existe également des programmations de suicide qui peuvent être déclenchées. Mais au fil des années, l’expérience avec la police n’a donné que très peu de succès. Traiter des dossiers de femmes ayant une personnalité multiple, dont le système interne est encore sous le contrôle des abuseurs, peut-être frustrant pour la police.
Avez-vous des exemples ?
Souvent une identité (personnalité/alter) qui est toujours fidèle au réseau induira délibérément en erreur la police de sorte que l’enquête ne puisse pas aboutir. Les victimes souffrant d’un Trouble Dissociatif de l’Identité ont également une crédibilité limitée devant un tribunal, tout comme les enfants de moins de 5 ans et les personnes handicapées. C’est un protocole que nous ne conseillons généralement pas à nos patients car les chances de succès sont minces. Nos patients sont surtout plus motivés à survivre et à quitter le réseau de violence.
Comment les praticiens font-ils face à ces identités qui sont toujours fidèles aux réseaux ?
Principalement en essayant de comprendre pourquoi ils y sont fidèles. En leur expliquant aussi que ce cercle de violence peut-être stoppé et par le renforcement de leur estime de soi. Nous travaillons également sur les déclencheurs et les appâts utilisés pour les faire revenir:
Y-a-t-il des enfants laissés dans le groupe ? Y-a-t-il des personnes dans le groupe qui sont menacées si cette personne en particulier ne revient pas ? Est-ce qu’il est dit à des patients que son thérapeute de Vielseits sera protégé de la mort si il revient dans le groupe ?
En général, il faut examiner les astuces, les méthodes et les tromperies utilisées par les agresseurs. Pour stopper ces programmations mentales installées chez les victimes, elles ont besoin de travailler sur leurs traumatismes avec des thérapeutes. Cela signifie inévitablement de les revivre à nouveau, ce qui est épuisant physiquement et très douloureux pour ces femmes.
Pour finir, est-il concevable que Vielseits puisse être infiltré par un membre actif d’un de ces réseaux de crime organisé ?
Certainement, c’est pourquoi il y a beaucoup de travail en commun au sein de l’équipe, au moins une heure de surveillance quotidienne et des interventions d’urgence avec les patients en cas de besoin. Notre travail exige que les informations soient examinées, testées et vérifiées en équipe.
Très bien ! J’espère que vous pourrez continuer à faire ce bon travail que vous avez fait jusque là. Merci Gaby.
Source: Vice.com – Antonia Oettingen 12/02/2014 – Traduction MK-Polis
NDLR:
L’image de présentation de l’article source étant très anxiogène, nous ne l’avons pas mise en avant.