Thierry Delay a témoigné en visioconférence depuis la prison où il est incarcéré depuis 2001.
Peu bavard, il a répondu aux questions du président sans faire de déposition, se contentant de répéter qu’il ne connaît pas Daniel Legrand, pas plus qu’il ne le reconnaît quand le président demande au prévenu de passer devant la caméra.
Un être humain a un psychisme qui, grâce aux interactions extérieures, au fur et à mesure de sa vie, va construire une confiance en lui et en l’autre, qui va l’aider au cours de sa vie.
Condamné à vingt ans de prison en 2004 pour viols et agressions sexuelles à l’encontre de douze enfants, dont les siens, Thierry Delay a maintenu mardi qu’il ne connaissait pas Daniel Legrand, l’accusé de ce « troisième procès Outreau ».
Voilà, le procès de Rennes a démarré. J’avais dénoncé la propagande qui se mettait déjà en place avant l’ouverture des débats. Après une semaine, le constat est triste: la plupart des médias ne font que reproduire fidèlement l’argumentaire fallacieux des avocats de la défense. Pire: ils passent sous silence des éléments essentiels à la compréhension de ce procès et de ce qui s’y déroule. Le parti pris est criant et la déontologie largement piétinée.
Ca bouge du côté de France Info et plusieurs chroniqueurs devraient disparaitre dans les prochaines semaines selon le Parisien.
Ainsi, Karine Duchochois, qui assurait depuis sept ans une chronique à France Info sur les litiges et les droits des victimes, ne sera pas reconduite à la rentrée.
L’après-midi, après l’audition de son greffier, le Juge Burgaud, premier juge d’instruction à avoir instruit l’affaire en ses débuts, était entendu en visioconférence.
Ce vendredi, l’audience a commencé par la lecture de divers certificats médicaux concernant les enfants Delay. L’un d’eux dit qu’il n’y a pas de « lésions importantes » chez Dimitri, mais que toutefois « on ne peut exclure que l’enfant ait été sodomisé par le passé ».
La déposition du deuxième fils de Myriam Badaoui (on sait qu’il y en aura une troisième, avec Dimitri, mardi matin) était évidemment très attendue. Elle a été l’un des temps fort de la première semaine de ce procès, plongeant parfois la salle d’assises dans un profond malaise. Ce jeune homme est dans une grande souffrance, c’est évident. Au fil de ses réponses, ses propos ont paru de plus en plus fragiles. C’est pourtant sur ses accusations, entre autres, que devra se prononcer la cour d’assises.
J’ai fait part dans mon article précédent du sentiment de Me Reviron, avocat de Jonathan, selon lequel le procès de Daniel Legrand serait très différent des procès d’Outreau de nos mémoires. Quelques jours après, au vu de la campagne qui s’amorçait dans la presse, et qui réactivaient le souvenir des dérives médiatiques de 2004, j’ai fait part, dans un commentaire au bas de cet article, de mes propres doutes. Et le procès s’est ouvert… Après trois journées d’audience, ce qui frappe quand l’on se rapporte au tumulte de Saint-Omer, c’est la très bonne tenue du procès. La fermeté et la pédagogie du Président Philippe Dary est en tout point remarquable.
Les fils Delay – alors accompagnés par Me Boyer – avaient dans une première réaction fait savoir par voie de presse qu’ils ne comptaient pas prendre part à ce procès. Ils n’en attendaient rien, ne croyaient plus en la Justice. Lorsqu’il s’est exprimé mercredi, Jonathan a d’ailleurs rappelé cette position qu’il partageait avec ses frères. On ne peut alors que la mettre en perspective, lorsque Chérif Delay, l’aîné des « enfants » est intervenu à la barre, avec ce préalable très émouvant dans lequel il remercie la cour pour le fait qu’il puisse pour la première fois s’exprimer et être écouté.