Thierry Delay dessin Rennes

Pedopolis Outreau 3 (Jour 5) Thierry Delay à propos de Dimitri: « Il ne ment pas »

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Thierry Delay a témoigné en visioconférence depuis la prison où il est incarcéré depuis 2001.

Peu bavard, il a répondu aux questions du président sans faire de déposition, se contentant de répéter qu’il ne connaît pas Daniel Legrand, pas plus qu’il ne le reconnaît quand le président demande au prévenu de passer devant la caméra.

L’homme ne s’embarrasse pas de commentaires mais se contredit à plusieurs reprises.

« Vous avez reconnu les faits de viols sur vos enfants, qui était présent ? » lui demande le président.

« Personne », répond-t-il, avant d’affirmer que son épouse, et les deux autres condamnés étaient également présents.

Il est en revanche sûr de lui concernant la non participation de Daniel Legrand père comme fils aux faits, sûr de lui quand il affirme ne connaître aucun Dany, ni Dada, et n’être jamais allé en Belgique.

« Myriam Badaoui a mis en cause Daniel Legrand père et fils, qu’en pensez-vous ?

-         Qu’elle a menti », a encore affirmé Thierry Delay.

Chérif aurait également menti quand il affirme qu’il a le souvenir d’un Daniel Legrand Fils en tant que victime d’abus, chez lui, puis en tant qu’agresseur en sa présence.

Il dit ne pas se souvenir que Daniel Legrand l’a désigné comme agresseur, à un moment donné.

Le condamné a répondu au président qu’il se rendait trois ou quatre fois par semaine acheter des accessoires et des cassettes pornographiques dans le sex-shop de Boulogne-sur-mer.

-« Faisiez-vous des commandes ?

-Non

-Je vous demande cela, a précisé le président, car le détenteur du sex-shop, mis sur écoute après l’interpellation des Delay, a dit qu’il avait un paquet mais que la personne qui doit venir a été arrêté ».

Sur l’évocation par Myriam Badaou du meurtre d’un enfanti, puis par  Daniel Legrand et par les victimes, le condamné a répondu, sans surprise, qu’il n’avait pas d’explication.

M° Reviron a poussé plus loin les questions et mis en avant les contradictions du détenu.

-         Pendant l’instruction, vous disiez que vous n’avez pas de souvenir, vous en aviez ?

-         Oui quand même

-         Donc vous mentiez ?

-         Oui, je m’en souvenais.

-         Avez-vous été violé ?

-         Oui, par mon cousin et mon père, c’est vrai

-         Vous avez reproduit ?

-         Oui, je pense

-         Avez-vous violé d’autres enfants que les vôtres ?

-         Non

-         Pourtant vous êtes condamné pour des viols sur d’autres enfants

-         Je ne sais pas

-         Fumez-vous du cannabis ?

-         Non

-         Pourtant, lors d’un parloir avec votre mère, vous lui dîtes que vous avez arrêté le cannabis

-         Non, j’ai jamais fumé de cannabis

-         Donc vous mentez à votre famille ?

-         J’ai raconté n’importe quoi.

M° Reviron a ensuite cherché à comprendre d’où venait l’argent utilisé pour acheter des meubles à hauteur de 25 000 Francs, ainsi qu’un camescope, alors que le couple fait l’objet d’un plan d’endettement et que les huissiers viennent régulièrement frapper à leur porte.

-         « A quoi servait votre camescope ? demande-t-il

-         J’ai fait des cassettes avec les enfants, affirme Thierry Delay, en contradiction avec ce qu’il venait de dire au président en début de l’audition.

-         Pourquoi n’en retrouve-ton qu’une seule ? insiste l’avocat. N’est-ce pas étrange, anormal, curieux, de ne pas vous en souvenir ?

Cet homme, qui avoue avoir une passion morbide pour les cimetières, les ossements et les crânes – il en avait accumulé 90 « pour faire des catacombes – a pu écrire, en 2005, du fond de sa cellule, deux lettres.

Dans la première, il soutient que l’abbé Weil a été accusé à tort. Dans la deuxième, il tient à disculper Mormand.

M° Reviron met en avant le fait que, sur les enveloppes, l’adresse du destinataire a été écrite, en noir, à l’aide d’un ormographe (tablette pour tracer des lettres), tandis qu’au dos, Thierry Delay a inscrit son nom et numéro d’écrou à la main, à l’encre bleue.

« J’ai l’impression qu’on vous a envoyé ces lettres et qu’on vous a demandé d’écrire ça » précise l’avocat.

En revanche, Thierry Delay n’a jamais pris le temps d’écrire à ses enfants.

M° Forster a ensuite pris la parole et a demandé à Thierry Delay s’il pensait que tout ce qu’a dit Dimitri était faux.

«  Je ne pense pas.

-         Pourquoi mentirait-il ?

-         Il ne ment pas », a affirmé deux fois Thierry Delay.

A la fin de l’audition, le président a permis à Chérif de s’adresser à son beau- père.

« Tu vois qui je suis ?, lui a-t-il demandé, droit dans les yeux.

-         Chérif

-         C’est la première fois que tu me dis Chérif. Aujourd’hui, je fais 1 mètre 82 et 71 kilos. Je n’ai plus peur de toi. Tu vois cette couleur ? C’est mes origines et j’en suis fier. Là, quand je te vois, tu me fais pitié. Aujourd’hui je n’ai plus peur de toi. T’es qu’une merde, c’est toi la merde aujourd’hui ».

Jonathan s’est également adressé à son père.

« Tu confirmes qu’il n’y avait pas d’autres adultes, as-tu le courage de me dire le contraire ? » Jonathan répète la question face au silence de son père.

-         « Je ne sais plus », finit-il par lâcher.

Mais le président coupe la parole à Jonathan et répète la question en d’autres termes.

M° Guérin, avocate de l’association Enfance Majuscule, a ensuite demandé à Thierry Delay comment il peut confirmer qu’il n’y avait pas d’autres enfants que les siens, alors que douze ont été officiellement reconnus comme victimes. Thierry Delay ne peut donner de réponse.

Au tour des avocats de la défense de Daniel Legrand de prendre la parole, il n’a échappé à personne que, soudain, la mémoire de Thierry Delay est revenue.

« Bonjour M° Delarue ! » a-t-il lancé à l’avocat avant qu’il ne se présente.

Isa T.

Croquis amateur pour Pedopolis

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