M6, C'est leur destin Karen Mulder « Moi j’ai essayé de parler, mais on n’a pas voulu me croire. »

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Retranscription de « C’est leur destin«  – 20 septembre 2002, M6

Une vidéo introuvable sur le web. Merci à Romain pour avoir retranscrit l’archive à l’INA.

« Karen Mulder – la résurrection du top model »

PLATEAU

Benjamin CASTALDI : « I am what I am » est un succès, c’est un triomphe. « Je suis ce que je suis », certainement une chanson qui n’a pas été choisie par hasard. En revanche, vous avez parlé assez peu mais on a beaucoup parlé à votre place. Moi, j’ai vu pas mal de magazines, des séances photos qui n’étaient pas forcément volontaires, beaucoup de choses ont été écrites et dites. Question simple pour commencer : comment allez-vous ?

Karen MULDER : Je vais très bien (rires), je vais très bien, c’est vrai, j’ai passé des moments très difficiles mais là ça va très bien.

BC : On a parlé, par exemple, de dépression, oui ou non ?

KM : C’est à dire la dépression, je dirais plutôt qu’elle était avant, c’est une dépression qui a durée toute ma vie, c’est la raison pourquoi j’aimais tant la vie que je menais, c’était une façon….je me créais un monde qui n’était pas forcément réel et parce que la réalité ne me plaisait pas.

BC : Quand on a préparé l’émission, on a parlé ensemble du mot destin, et vous m’avez dit ; « Moi, je veux raconter ce qu’évoque pour moi le mot destin ». Si vous deviez résumer en quelques mots le destin de Karen Mulder, vous diriez quoi ?

KM : D’un côté c’est un conte de fée, et d’un autre côté c’est un film d’horreur, un vrai cauchemar. Et quant tout est remonté, il y a des gens qui ont essayé de m’empêcher de parler. On m’a mis dans une clinique pour m’empêcher de parler. J’en suis sortie avec l’aide d’un avocat, c’était tout un truc…

BC : Tout un binz comme on a dit…➤ Archive: Interview de Karen Mulder "C'est leur destin" - M6, 2002KM : Oh là, c’était assez compliqué ! C’était vraiment par hasard : une amie que j’ai rencontrée dans une clinique qui m’a donné le numéro de téléphone d’un avocat. Je suis transférée dans une autre clinique. J’ai rencontré quelqu’un d’autre qui avait le numéro de sa chambre directe. L’avocat m’a directement téléphoné dans ma chambre. Elle m’a dit : « Ecoutez, vous n’avez pas du tout l’air d’une folle ! Je viens vous chercher dans les deux heures qui viennent ». J’ai fait mes bagages et je suis sortie comme ça.

BC : Vous me parlez de contes de fées, de cauchemars, justement nous allons revivre ensemble les temps forts de votre carrière qui a commencé en 1986, de Karen Mulder top model à Karen Mulder chanteuse, « C’est votre destin » a suivi votre reconversion. Mannequin, vous étiez au top, chanteuse vous redémarrez à zéro avec un titre évocateur « I am what I am », « Je suis ce que je suis »…on regarde.

REPORTAGE

Voix off. Paris, juillet dernier, le défilé Christian Dior est le moment fort des collections haute couture de l’été. Tout le gotha de la mode s’y est donné rendez-vous, les célébrités se bousculent pour y assister. Parmi les invités, une star ne passe pas inaperçue : Karen Mulder.
Sa présence dans le public fait sensation car l’ancien top-model a quitté définitivement le monde de la mode cinq ans auparavant.

Karen Mulder face à un journaliste.

KM : Bonjour, tu vas bien ?
Journaliste : Ca va et toi?
KM : Oui
J : Racontes un peu ta vie, ta belle vie maintenant, hors le manequinnat, en dehors de…
KM (entend quelque chose, se retourne et dit face caméra): J’entends crier…bah ça va très bien.

Voix off. Des flashs crépitent autour d’elle, des dizaines de photographes qui hurlent son nom, une scène assez banale quand on s’appelle Karen Mulder. Pendant 10 ans, elle a été une des femmes les plus photographiées du monde.
Rappelez vous, c’était la reine des podiums, tous les plus grands couturiers se l’arrachaient pour leurs défilés. Elle faisait alors partie du club des cinq top models les plus célèbres, les mieux payées de la planète.
Des images du 1er défilé de Karen Mulder. Son destin s’est sans doute joué ce jour là, nous sommes en 1985 à un concours international de futurs mannequins. Jeune hollandaise de 17 ans, elle a les cheveux courts et paraît un peu impressionnée. Mais Karen a déjà une silouhette parfaite et un sourire éclatant. Elle va terminer finaliste, le rêve d’une fille pas si sûre d’elle va pouvoir se concrétiser.

KM : « Déjà quand j’étais petite, on me demandait « qu’est ce que tu veux être plus tard ? » Je disais que je voulais être belle, riche et connue. Parce que pour moi, la beauté…je me sentais moche quand je me regardais dans la glace, je ne me reconnaissais pas, je ne pouvais pas me regarder dans la glace. Et quelque part, je me suis reconstruit l’image à travers le mannequinat. Finalement, mon image qui reflétait me plaisait. L’argent, ça voulait dire la liberté et la gloire ça voulait dire d’être aimée. »

Voix off. Raphaël a été un de ses premiers bookeurs. Il a suivi l’ascension fulgurante de la jeune mannequin.

Raphaël SANTIN :  » On voyait tout de suite que c’était une très belle fille et après la carrière ça a été plus par la suite quand elle a commencé à travailler, où elle a appris son métier, où on a vu son professionnalisme, où on a vu qu’à chaque fois qu’elle commençait à travailler avec des magazines, des photographes, les gens demandaient à travailler avec elle. Ce qui ressortait à chaque fois, c’était sa gentillesse, sa bonne humeur, le fait que quand elle arrivait, c’était un petit rayon de soleil qui arrivait. Même à l’agence d’ailleurs, quand elle venait nous voir, c’était toujours un bonheur de la voir arriver. »

Voix off. Un rayon de soleil qui s’expose très vite sur les couvertures de magazines du monde entier, la belle Karen devient une icône, au même titre que les plus grandes actrices hollywoodiennes. Sa seule présence transfigure les soirées de gala mais derrière sa bonne humeur toujours affichée et ce sourire légendaire, la top model subit des pressions liées à son statut de symbole.

Raphaël SANTIN : « Il y a beaucoup de stress, il y a beaucoup de décalage horaire, il y a beaucoup de fatigue physique, nerveuse. En plus on mettait beaucoup de choses sur leurs épaules, c’est à dire on leur donnait la responsabilité quand c’était la couverture de la vente d’un mois, une campagne de pub, de résultats de la campagne, je veux dire on investissait beaucoup d’argent, mais cet argent représentait un investissement, on s’attendait à ce que ça revienne. Donc c’était une grosse responsabilité qu’elles avaient aussi. »

Voix off. Argent, beauté, célébrité, Karen est au sommet de sa gloire. Pourtant la jeune femme masque son mal-être, lasse de n’être qu’une image, elle décide de raccrocher. En 97, Karen quitte les lumières des podiums pour faire le point sur sa vie. Derrière la façade glamour, en fait la star souffre.

KM : « Quand je suis arrivée au top de ma carrière, quand je suis arrivée à mon but, c’est là que je me suis rendue compte que j’étais très mal. Ah, moi, j’avais une vie complètement double, c’est à dire d’un côté tout ce qui brillait, les palaces, les limousines, les gens qui vous admirent et d’un autre côté, j’étais pas moi-même, je me créais vraiment un monde qui n’existait pas, un univers que je m’imaginais parce que la réalité était trop dure à vivre. C’est un milieu de requins, dès qu’il y a la gloire, la beauté, la jeunesse, l’argent, il y a des gens qui tournent autour qui ne veulent pas de bien. »

Voix off. Sa souffrance finit par éclater au grand jour, la presse en fait ses gros titres en automne dernier. Karen Mulder a laissé exploser sa profonde détresse sur un plateau de télévision, elle a craqué. L’interview ne sera jamais diffusée mais la rumeur enfle. Le mal-être de la star fait couler beaucoup d’encre. Durant tout l’hiver, Karen s’isole et lutte contre la dépression. L’ancien top-model refait surface quelques mois plus tard, là où on ne l’attendait pas, la chanson.
Une nouvelle vie commence pour elle avec son single au titre évocateur : « I am what I am », « Je suis ce que je suis ». L’ancien top-model est en paix avec elle-même. La voici enfin chanteuse, le métier qu’elle souhaitait exercer depuis son enfance.
Une surprise ? En fait, pas vraiment, Karen n’en est pas à son premier coup d’essai. Il y a six ans déjà, la France découvre sa belle voix sur le plateau des restos du coeur. Karen Mulder est alors entourée des chanteurs français les plus connus, les fameux enfoirés.
Véronique COLUCCI, l’ex-femme de Coluche est présidente des restos du coeur et se souvient avoir été bluffée par cette belle invitée.

Véronique COLUCCI : « Karen, on lui a demandé parce qu’elle était une mannequin ravissante et très célèbre et donc on pensait que ça pouvait être un plus dans les restos. Et puis il s’est avéré qu’elle chantait divinement bien comme elle était bilingue, elle chantait en anglais, elle a chanté avec Carol Fredericks, ça a été un merveilleux duo et là, on s’est aperçu que c’était une vraie chanteuse. »

Voix off. Mars dernier, une maison de disque franchit le pas et lui donne sa chance. Thierry découvre dès sa première entrevue avec l’ancien top-model, une femme très motivée.

Thierry CHASSAGNE (président d’Epic) : »On s’est rencontré, elle avait déjà toute l’idée de ce qu’elle souhaitait faire avec cette reprise de « I am what I am » qui lui correspondait bien en terme de personnage. Elle avait vraiment envie de revenir, c’était pas juste un caprice de mannequin et comme le font certains mannequins, actrices, etc. Et donc, du coup, très rapidement on a décidé d’essayer et de voir si on pouvait enregistrer ce single là.
L’enregistrement s’est bien passé, elle était en forme. Quand elle est arrivée, on était très agréablement surpris car elle avait répété la chanson et l’avait tout de suite accaparée. Donc voilà, elle reprend une nouvelle carrière, à savoir qu’en tant que chanteuse, elle est débutante, elle réapprend, elle apprend et voilà, c’est un recommencement pour elle je pense. »

Voix off. Un début très prometteur, la maison de disque parie sur son succès, pour preuve son single est lancé dans toute l’Europe. (Karen Mulder sort d’une voiture). Aujourd’hui, c’est un grand jour pour Karen, elle part assurer la promotion de son disque en Hollande, le pays qui l’a vue naître.

KM : « Je suis assez excitée d’aller en Hollande, retrouver mon pays natal.
Journaliste : Ca fait longtemps que vous n’y étiez pas allée ?
KM : Oui, ça fait longtemps. »

Voix off. C’est à bord d’un jet privée qu’elle va rejoindre Amsterdam, Karen a l’habitude de ces voyages express, top-model elle parcourait sans cesse le monde. Ce week end, une équipe de la maison de disque l’accompagne. Dernier briefing sur le programme de la chanteuse, un emploi particulièrement chargé.

KM (en regardant le programme) : « Quand j’arrive, j’ai vu, ils font juste des petites photos comme ça ?
Epic : Le gars va pas t’embêter.
KM : J’ai pas besoin de me maquiller ?
Epic : Non, le gars va pas t’embêter, il va juste te suivre sans que tu t’en rende compte, il va prendre quelques photos pour faire un petit photo-reportage.
KM : Ca va être une journée très chargée, on va faire la promotion du single, il y a pas mal de radios, d’interviews à faire, ce soir je fais un truc en direct, ça c’est toujours un peu de pression quand même. On a toujours peur de…on a toujours le trac en direct, on peut pas le refaire, je suis dans mon pays natal. »

KM (marchant dans Amsterdam) : Ah moi, je trouve que j’ai une tête hollandaise, je me sens assez hollandaise, même si je me sens internationale, ça fait longtemps, je me sens plus hollandaise aujourd’hui qu’avant. Avant, je me sentais vraiment étrangère dans mon pays alors qu’aujourd’hui je me sens bien quoi. »

Voix off. Avant d’entamer le marathon de la promo de son disque, Karen trouve juste le temps d’une promenade dans cette ville qui lui évoque plein de souvenirs.

KM : « Voilà, on se retrouve sur les canaux d’Amsterdam. Ca, ça me rend toujours un peu nostalgique parce que je trouve ça tellement beau. Je suis partie à 17 ans parce que quelque part, c’était…c’est drôle, il y a une prof de hollandais que j’ai eu au téléphone, il n’y a pas longtemps d’ailleurs, elle m’avait dit  » Tu sais Karen, quand il y a des chances dans la vie, il faut les prendre » et cette phrase, je ne l’ai jamais oubliée. C’est la seule personne à pas me dire « Mais tu es folle, tu devrais pas partir, tu as encore six mois à faire à l’école » Et j’avais pas envie, je sentais qu’il fallait y aller et je suis très contente d’avoir fait ce que j’ai fait. »

Voix off. Le retour au pays de l’ancien top model suscite la curiosité de ses patriotes, tous les médias la réclament. Première étape pour Karen, une émission de radio.

Animateur de radio (en hollandais) : « Nous sommes mardi 8 juillet, en plein après midi, elle est parmi nous, je vous demande d’accueillir Karen Mulder. T’es vraiment une grande star en France ?
KM : Oui
Animateur : Qu’est ce qui est le plus difficile dans le métier de top model ?
KM : Je pense qu’il y a beaucoup de côtés positifs et négatifs dans ce métier et surtout le mannequinat avait pris des proportions démesurées. On n’était plus juste les filles qui faisaient les couvertures de magazine mais on était de véritables stars, on était accueilli partout comme des Beatles. »
Lancement du single.

Vox off. L’émission vient juste de se terminer et il faut déjà filer, même pas le temps de faire une pause. Ce soir, Karen doit chanter en direct. A peine arrivée sur le plateau TV, elle doit enchaîner les interviews. Les journalistes de la presse écrite vont se succéder pendant sa pause déjeuner. Elle a beau être ici en qualité de chanteuse, ils vont toujours la renvoyer à son passé. Une question leur brûle les lèvres : Que lui est-il arrivé l’hiver dernier ? Karen se prête au jeu, elle répond sans se défiler.

KM : « Une fois que j’ai atteint mon objectif dans le mannequinat, tout allait bien en apparence mais au fond de moi je sentais que quelque chose n’allait pas. Alors j’ai suivi une psychanalyse pendant cinq ans, il y a des choses qui me sont revenues, qui étaient tellement graves que je devenais en quelque sorte paranoïaque. Tout à coup, je m’imaginais que tout le monde était méchant, ce qui était évidemment faux. Mais tout cela m’a permis de réaliser qui j’étais et c’est pour ça que j’ai choisi « I am what I am », c’était le bon moment pour moi de chanter cette chanson. »
« Aujourd’hui, je suis à un point où quelque part, je pardonne à ceux qui m’ont fait du mal, ceux qui m’ont trahie, c’est à dire…c’est la seule façon dont je peux vivre. »

Voix off. Dans moins d’une heure, c’est le direct et jusque dans sa loge, Karen est sollicitée pour une séance photo cette fois-ci. Enfin seule, elle peut se préparer pour le show, sans maquilleuse, ni coiffeuse. Karen a toujours tenue à se maquiller elle-même.

KM : « Pour moi, le maquillage, ça a toujours représenté une façade derrière laquelle je peux me cacher. Il y a eu un moment, il y a dix ans, où je ne sortais pas de la maison sans maquillage, c’est un moment où on mettait beaucoup de maquillage, des faux cils…alors je mettais tout, les pastiches, les talons, je me sentais bien que comme ça. J’avais du mal à sortir de la maison pas maquillée, quand t’es pas belle. Aujourd’hui, avec l’âge, il faut se maquiller moins. »

Voix off. Dernière répétition dans les coulisses pour les quatre danseurs de Karen. Ils sont rodés parce qu’ils l’accompagnent à chacune de ses représentations. Dans moins de cinq minutes, Karen est en direct sans filet sur la plus grande chaine hollandaise.
Pour ses premiers pas de chanteuse dans son pays natal, Karen avait le trac avant ce direct.  Finalement, tout s’est bien passé, dans le studio, le public est comblé.
Chanteuse ou top-model, la magie Karen Mulder opère toujours.

KM : « En fait, au bout de cinq ans, je me rend compte qu’on ne m’a pas oubliée.
Journaliste : Vous êtes inoubliable.
KM : Non, je ne suis pas inoubliable.
Journaliste : Qu’est ce qu’on peut souhaiter pour les vingt ans qui viennent ?
KM : La paix. »

RETOUR PLATEAU

Benjamin CASTALDI : Karen Mulder…au bout de cinq ans, personne ne vous a oubliée (la phrase est dite trois fois)

KM : En fait, c’était une démarche à un moment donné où je voulais être loin de tout ça. En fait, j’ai fait de vrais efforts et ça n’a pas marché.

BC : On refuse de vous oublier. En plus, à l’époque, vous étiez dans ce qu’on a appelé le Club des cinq, il y avait Cindy Crawford, Naomie Campbell, Linda Evangelista, Claudia Schiffer évidemment. Aucune des quatre n’a réussi de reconversion, vous, vous avez tenté le coup dans la chanson et de l’avis de tous, vous chantez bien, même très bien. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? On vous avait vue dans les restos du coeur…

KM : Je l’ai déjà dit avant, la voix et les yeux sont le miroir de l’âme, donc on est pas bien dans sa peau, forcément ça s’entend. Moi, avant, j’étais un peu hystérique, (Karen prend une voix aigûe), je parlais comme ça, (Karen reprend sa voix normale) donc je n’arrivais pas à chanter et maintenant je me calme de plus en plus la voix s’installe.

BC : Pour revenir à ce qu’on perçoit un peu dans le sujet, c’est que tout le monde a le droit d’avoir un moment où ça va moins bien, ça arrive à tout le monde, (il s’adresse au public) n’est ce pas ?

Le public : Ouiiiii

BC : On n’est pas toujours en pleine forme, vous … on  a quand même le sentiment que le jour où on a eu l’impression que ça n’allait pas si fort que ça, on vous est tombé dessus à bras raccourcis, tout le monde s’en est mêlé. Est ce que vous avez le sentiment qu’on vous a fait payé un statut d’icône, le fait d’avoir été top-model, et que dans la société finalement, on aime bien brûler ceux qu’on a aimés.

KM : Ah non, moi j’ai essayé de parler, mais on n’a pas voulu me croire. Il y a eu une certaine partie qui était de la paranoïa, parce que, c’est vrai, quand des choses sont énormes, après ça dégénère un petit peu. Il y a un petit peu de délire. Mais plus le temps avance, plus je me rends compte qu’en fait, pas du tout.

BC : A votre avis, qu’est ce qui peut rendre paranoïaque un model ? Qu’est ce qui fait qu’au bout d’un moment on finit par se méfier de tout et tout le monde ?

KM : Là, vraiment, ce sont des questions que je peux pas répondre là.

BC : Mais est ce que c’est l’entourage ? Est ce que c’est les gens qui vous font travailler ? Est ce que la pression est trop forte et finalement on finit par…

KM : Vous avez vu le film True Romance ? C’est un peu ça ma vie. Tout a été organisé.

BC : Donc en fait, on a le sentiment que…qu’on finit par oublier la vie.

KM : Tout était manipulé. J’étais quelqu’un qui ne voyait rien. En fait, je crois que j’étais vraiment folle, mais aujourd’hui je ne le suis pas.

BC : Non, ça on l’a bien compris Karen. Il y a des tas de filles qui rêvent de devenir mannequins, de devenir top model, vous faites rêver avec toutes les autres qui font ce métier. Il y a peut-être des gens, et je me fais l’avocat du diable,  qui ne comprennent pas, entre guillemets,  qu’on puisse se plaindre.

KM : Oui, c’est vrai que c’est des choses que…quand on est jeune, on pense que c’est ça le bonheur, mais c’est pas le travail. C’est vrai que c’est un métier qui est dur, pas aussi facile qu’on puisse le penser. Mais la chose dont j’ai voulu avertir les jeunes filles c’est de faire très attention. Et même aux agences très renommées, avec des concours renommés, ça ne veut rien dire.

BC : C’est pas une garantie pour elles.

KM : …de tomber sur des gens honnêtes à qui on peut faire confiance, et je ne parle pas au niveau financier seulement.

BC : Parce que à ce niveau là, pour vous ça va plutôt bien…

KM : Ca va aussi un peu, mais bon c’est que l’argent.

BC : A la fin du sujet, je vous ai posé la question ‘qu’est ce qu’on peut souhaiter à Karen Mulder ? »

KM : Bah, ce que je souhaite, oui c’est…aujourd’hui je crois que je souhaite rien, je veux juste la paix, le bonheur, j’aimerais finalement pouvoir faire de ma vie ce que je veux faire, comme je l’entends, au lieu d’être manipulée par les autres.

BC : Et le bonheur de Karen Mulder, ça ressemble à quoi ? Ca ressemblerait à quoi ?

KM : Je crois que le bonheur, c’est de vivre le moment présent, tout simplement. C’est un tel plaisir d’être ici avec vous…voilà.

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