Le Nouvel Observateur Patrick Font chronique sa détention pour viol

L’ancien animateur de « Rien à cirer » publie sur internet un chronique mensuelle dans laquelle raconte sa vie en prison et revient sur sa condamnation.

Patrick Font, chansonnier et ancien collaborateur de Charlie Hebdo, condamné en 1998 pour « atteinte sexuelle sur mineur » à huit années d’emprisonnement, tient depuis ce lundi une chronique mensuelle sur le site internet « Le Mague ».
Interpellé en 1996 et libéré après quatre années de prison, cet ancien chroniqueur de l’émission de France-Inter « Rien à cirer » publie un texte intitulé « Les Frangins de la banque », première « chronique mensuelle et inédite » dans laquelle il annonce qu’il la narration de ses années d’emprisonnement.
« Les frangins d’la banque. Cette expression (…) nous vient du pianiste Paul Castanier, accompagnateur de Léo Ferré et de Font et Val », explique le comique. « Quand Paul Castanier évoquait un ami, un pote, un vrai, un inoxydable, il l’adoubait frangin d’la banque. »
« Lorsqu’au soir du jeudi 25 juillet 1996, la porte de la cellule s’est refermée en claquant de la serrure, j’ai tout de suite pensé que l’univers entier m’avait tourné le dos à jamais », poursuit Patrick Font. « Evidemment, l’idée du suicide m’envahit la tête jusqu’à l’heure du repas, pour se dissiper au dessert », poursuit-il avant d’expliquer sa condamnation et sa détention « sans les noircir plus qu’il ne convient ».

« Personne n’a parlé de violences »

« ‘Atteintes sexuelles sur mineurs de quinze ans’, dit le mandat d’arrêt. Ce qui me rassure, c’est qu’à aucun endroit le terme ‘violence’ ne soit imprimé. Je vais me raccrocher à ça tant que je vivrai. Personne, à mon endroit n’a parlé de violences », écrit Patrick Font.
« Reste cependant qu’une telle accusation est difficilement assimilable par les gens qui me connaissent bien, et avec qui je travaille depuis longtemps », regrette-t-il. « Je jure sur ma tête que personne ne savait ça. », affirme Patrick Font qui a repris depuis sa libération ses spectacles dans une salle parisienne.
Il dénonce ensuite la campagne de dénigrement dont il a fait l’objet, grossissant, selon lui, les accusations pour lesquelles il a été reconnu coupable. « Certains journalistes et autres imaginatifs ravis de l’aubaine vont parler de réseau, de complicité, voire de sectes. On soupçonnera mes collègues-comédiens (…), on s’acharnera sur les deux institutrices de mon école (…). Tirs groupés à la mitrailleuse lourde, il est plus facile de s’indigner que de comprendre. Plus facile de poser le pied sur la tête du nageur que de lui tendre la main. »
Patrick Font affirme également que « des auditeurs de France-Inter excédés par cinq années de liberté d’expression se sont frotté les mains jusqu’au sang ». Il entend parler dans ses chroniques des seuls qui l’ont soutenu.

« Celui qui a fait ce qu’on aurait aimé faire »

« Je ne citerai que les prénoms, pour éviter aux frangins quelques regards obliques ou réflexions désobligeantes du style : ‘Tu fréquentes ce type-là ?' », regrette Patrick Font avant de s’en prendre à ceux qui l’ont condamné. « Car, ne croyez surtout pas que la condamnation s’assouplisse à dater du jour où le détenu sort de prison. Je croise et croiserai toujours des regards hostiles, injectés de haine, mais ne baisse et ne baisserai jamais les yeux parce que ces juges amateurs ne savent et ne sauront jamais rien de ce qui s’est passé », poursuit-il.
« Ecrire ou dire ce qui s’est passé allècherait trop de voyeurs, ceux qui prennent plaisir à me condamner à perpète. C’est ainsi : on fusille souvent celui qui a fait ce qu’on aurait aimé faire. »
Interpellé en 1996 suite aux plaintes de sept parents d’élèves des cours d’initiation théâtrale donnés par l’animateur aux Villards-sur-Thônes (Haute-Savoie), Patrick Font avait été reconnu coupable en 1998 de « viols, attentats à la pudeur par personne ayant autorité ».

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