Homayra Sellier. Ce que dit de la situation française le rapporteur de l’ONU me paraît juste et, hélas, conforme aux dossiers que nous connaissons. Par exemple, sur cette répression qui frappe les professionnels qui font des signalements. Comment s’étonner qu’ensuite ces spécialistes aient peur de signaler ? Ne pas écouter l’enfant et vouloir faire taire ceux qui parlent en son nom, c’est une régression de civilisation. Et que dire des juges civils qui décident du sort de l’enfant sans tenir compte des procédures pénales en cours ? Ce sont les enfant qui font les frais de ces dysfonctionnements.
Pourtant, la France est l’un des pays qui disposent de lois parmi les plus protectrices pour les enfants… En France, ce ne sont pas les lois qui manquent, c’est leur application qui pose problème. Cette situation est très préoccupante. Il manque une instance de surveillance indépendante, dans ce domaine.
Dans votre livre (2), vous rejoignez un des soucis du rapporteur de l’ONU, notamment sur la cybercriminalité qui cible les enfants…
Homayra Sellier. Internet est devenu un terrain de chasse pour les prédateurs. C’est bien gentil de dire, comme l’a fait un ministre, que chaque enfant doit avoir une adresse électronique. Mais qu’a-t-on fait pour sensibiliser les parents, les éducateurs et les enfants aux risques sur le Web ? Où sont les enquêtes judiciaires ? Dès qu’il est question d’Internet, de réseaux, la justice française semble tétanisée. Il suffit de voir la façon dont le parquet de Paris a traité l’affaire des cédéroms de Zandvoort, que votre journal a révélée.
Que préconisez-vous ?
Homayra Sellier. L’humilité et le courage. Admettre que la cybercriminalité est un phénomène nouveau et que nous ne savons pas encore la combattre efficacement. Et avoir le courage de s’y attaquer. Dans le livre, nous avançons des pistes pour les parents, les éducateurs, les juges. Le débat est ouvert, urgent.
Propos recueillis par S. G.
(1) Par Internet : www.innocence en [email protected].
(2) Innocence en danger.com, d’Homayra Sellier. Éditions Plon, 19 euros.