L'Humanité Un non-lieu programmé dans l’affaire des cédéroms de Zandvoort

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Le parquet des mineurs de Paris a prononcé un non-lieu dans l’affaire des cédéroms pédophiles.

Sans surprise, selon les réquisitions du parquet des mineurs de Paris, un non-lieu a été rendu dans l’affaire des cédéroms pédocriminels de Zandvoort. Trois ans pour en arriver à ce qu’avait annoncé, dès le départ, le procureur des mineurs, Yvon Tallec, sur France 2 : il faut  » minimiser en France la portée de cette affaire « . Elle avait fait grand bruit, après la révélation par l’Humanité, le 24 février 2000, de l’existence d’un cédérom de 8 500 clichés dont la police néerlandaise a tiré un fichier de 472 portraits de mineurs. Images parmi lesquelles des viols d’enfants, parfois de bébés, et des scènes de torture. Par la suite nous allions trouver 19 autres cédéroms, tous issus des activités d’un groupe animé par Gerrit Ulrich, un Hollandais assassiné en 1998.  » Qui sont les enfants du cédérom ?  » écrivions-nous. Trois ans plus tard, la question reste entière.

En 45 pages, le réquisitoire s’emploie surtout à démontrer que la plupart des parents, une vingtaine, qui ont reconnu leurs enfants sur le fichier, se sont trompés. Avec des procédés parfois spécieux. À l’une des mères qui avait identifié son fils sur le fichier, il est opposé qu’il s’agit de la photo de Bjorn N., un enfant hollandais. Pour l’équipe de Canal Plus qui avait enquêté sur l’affaire, un officier de la police néerlandaise avait pourtant expliqué que Bjorn N. ne figurait pas sur le fichier Ulrich. Qu’importe, le réquisitoire maintient le contraire. Une autre mère avait pointé deux photos du fichier. On en a expertisé 24 autres, pour conclure qu’elle se trompait. Autre piste inexplorée, celle de l’argent, alors que Gerrit Ulrich était en relation avec une dizaine de banques internationales. Le procureur Yvon Tallec justifiait en 2000 sa volonté de minimiser l’affaire en évoquant  » non seulement l’accord (des mineurs), mais l’accord de leurs parents « , et en estimant que  » de nombreux enfants ne sont pas des enfants français « . Le non-lieu rendu est à l’image de ces propos qui avaient provoqué l’indignation de nombreuses associations.

Il révèle aussi l’incapacité persistante de la justice à affronter la cybercriminalité. Dans ce dossier, aucune expertise informatique n’a été menée pour révéler d’éventuelles manipulations d’images. Aucun logiciel d’identification n’a été utilisé. Quant aux cédéroms, ils embarrassent, alors qu’ils pourraient alimenter une base de données des victimes et des agresseurs. Aucun juge, aucun policier ne nous ont demandé les autres cédéroms de Zandvoort (entre 150 000 et 200 000 images). Il reste à savoir si les parties civiles accepteront l’enterrement programmé de cette affaire. Elles ont dix jours pour faire appel.

Serge Garde

Source: http://www.humanite.fr/node/283009

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