Livre / Paul-Émile Charlton Ils ont volé leurs âmes

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livre-ils-ont-vole-leurs-ames« Ce qu’il m’a dit est en lieu sûr. Et c’est plus effrayant encore que tout ce que vous pouvez imaginer. » Cette phrase de Michel Roussel, de la cellule Homicide 31 – dont j’ai récemment chroniqué l’ouvrage – et qui enquêta sur l’affaire Alègre, s’applique parfaitement au livre-enquête « Ils ont volé leurs âmes« .

Paul-Émile Charlton (pseudonyme) est un homme intègre et courageux. On pourrais toujours critiquer la manière frontale avec laquelle il mena son enquête (après tout, il n’a pas plus de qualifications que vous et moi) ou encore le détachement, parfois volontairement provocateur (car il cherche tout simplement à ouvrir les yeux de ceux chargés de retrouver des enfants enlevés) avec lequel il adresse des fax à la Justice (27 pages) et même si on peut imaginer que nombre de gendarmes et de policiers l’ont pris pour fou, le fait est que son livre contient de sérieuses et effrayantes révélations qui, hélas, dressent un portrait peu flatteur – c’est le moins que l’on puisse dire… – de la manière dont les enlèvements d’enfants sont « traités » en France (et je n’ose évoquer ici le comportement des notables toulousains…).

Après un démarrage complexe (on se perd dans les cinquante première page d’un livre qui en compte 280), le livre devient tout simplement fascinant et passionnant. Mais ce n’est pas son but. Paul-Émile Charlton, malgré ce que certaines associations de victimes en pensent, ne cherche ni la polémique ni le sensationnel. L’homme prend des risques. De vrais risques. Il cite des noms (sans pour autant balancer, ce qui n’est pas le cas de certains individus qui ne cherchent qu’à mettre en avant leur petit ego au prétexte de dénoncer les magouilles du monde… les initiés comprendront) et il cite des faits précis que seuls les coupables seront capables de reconnaître. Ils ont volé leurs âmes  (titre sublime) est un ouvrage dont la lecture est indispensable pour peu que l’on veuille voir le monde autrement que du point de vue d’un consommateur ou d’un individu asservi à une société corrompue par bien des côtés. A lire notamment par les lecteurs qui croient que l’Indignez-vous de Stéphane Hessel est un ouvrage subversif…

Charlton – et d’autres – sera/seront toujours, comme Victor Hugo le dit dans l’Art d’être grand-père, qu’il cite lui-même :

« [...]  dans les brumes louches,
Dans les crépuscules farouches,
La face qui vient regarder.« 

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