Stéphane Richard, le patron de l’opérateur français de télécommunications Orange, a fait de l’Afrique une vraie priorité pour ses actions de développement et d’investissement à travers le programme « Conquêtes 2015 ». Adopté l’an dernier, ce plan d’action doit parallèlement permettre de « faire évoluer la gestion des ressources humaines » en interne. Or, sur le sol africain, cette politique semble loin d’ateindre ses objectifs. Focus sur la Guinée équatoriale.
Directeur molesté. Le 21 novembre, le tribunal des prud’hommes de Bordeaux est appellé à se prononcer sur une plainte de Jean-Paul Giudicelli. En 2006, cet expert en communication, directeur de l’agence Wastiaux Corporate au Burkina Faso, a été approché par le directeur exécutif d’Orange Jean-Paul Cottet, pour travailler en Guinée équatoriale pour le compte du groupe. En 2007, Giudicelli a pris la direction de l’agence de l’opérateur historique Getesa (Etat 60% France Telecom 40%) à Bata, seconde ville du pays. Mais sa mission a rapidement tourné au cauchemar. Momentanément présent en France en février 2009 pour des raisons de santé, Giudicelli, qui faisait régulièrement remonter au siège parisien des cas de malversations, notamment de plusieurs responsables équato-guinéens, proches de la présidence, s’est vu refusé son visa pour retourner dans l’ancienne colonie espagnole. Après avoir malgrè tout réussi à gagner Bata via le Cameroun, il a été arrété, le 11 avril 2009, par la police équato-guinéenne, frappé et incarcéré. Le consul de France, Edmond Tirache, a ensuite obtenu sa libération. Depuis ces évênements, Jean-Paul Guidicelli, de retour en France, n’a plus de contact avec Orange, qui refuse de reconnaitre son statut de salarié. D’où la procédure prud’homale. Le 11 Juin, le groupe de telecoms a toutefois pris soin de lui adresser une lettre dans laquelle il demande à son ancien collaborateur de remplir un formulaire de « demande de démission » et d’antidater celui-ci en 2006 …
Cadre abandonné à son sort. Directeur nommé à Malabo avant de rejoindre la Centrafrique, le Niger, puis le siège social parisien, Yves Garcia ne doit pas d’avantage comprendre ce qui lui arrive. Selon nos sources, ce salarié devait théoriquement s’envoller pour le Congo-K, où Orange viens d’aquérir l’opérateur Congo Chine Telecom (CCT), jusque là détenu par l’équipementier chinois ZTE. Mais son employeur a annulé sa mission. Ancien directeur financier et du marketing d’Orange à Malabo, Garcia a eu maille à partir avec les autorités équato-guinéennes après avoir – lui aussi – identifié des cas de malversations. Sous pression, il a dû être rapidement exfiltré du pays en 2010. Muté en République Centrafricaine, Yves Garcia a été condamné, entre temps, par contumace, à 10 ans d’emprisonnement par un tribunal équato-guinéen, accompagné d’un mandat d’arrêt international. Une décision annulée en appel. Alors que cette affaire semblait réglée, un nouveau jugement, le 17 Octobre, viens de le condamner à 3 ans de prison ferme et à une amende de 17 milliards F CFA. Aujourd’hui Orange exige de son salarié qu’il s’entoure de sonn propre avocat pour assurer sa défense …
Affaire de Moeurs. Technicien au sein du groupe français, Didier Danhieux a été, pour sa part, épinglé en 2008 en Guinée équatoriale pour une affaire de moeurs impliquant une mineure. A l’époque, le procureur de la République de Malabo et le consul de France ont trouvé un compromis avec la famille de la victime. Cet accord prévoyait le verssement de 10 millions F CFA au titre de dommages et intérêts, une pension mensuelle ainsi que l’octroi d’un visa pour la France. Le groupe français s’était par ailleurs engagé à suivre le dossier de près et à sanctionner son salarié. Or aucune décision en ce sens n’a été prise. Le technitien a regagné son poste en Guinée équatoriale quelques semaines après les faits, et ne verse pas de pension… Sur tous ces dossiers, le directeur Afrique, Moyen-Orient et Asie d’Orange, Marc Rennard, sollicité par La Lettre du Continent, n’a pas donné suite à nos demandes d’informations.