https://youtu.be/siMZRQ9Ipns
Négligences multiples, maltraitance, détournement d’argent public, absence totale de contrôle des établissements ou des familles d’accueil… C’est le terrible constat que font les auteures de ce documentaire, après deux ans d’enquête dans l’univers très opaque de la protection de l’enfance.
Parce qu’ils se retrouvent en danger au sein de leur propre famille, ou qu’un événement bouleverse leur existence au point de rendre nécessaire l’éloignement, des milliers d’enfants et d’adolescents sont placés dans des foyers, en famille d’accueil ou dans des lieux de vie gérés par des particuliers. En charge de ces mineurs, les services d’aide sociale à l’enfance (ASE) des différents départements déboursent chaque année, dans leur ensemble, près de 8 milliards d’euros pour leur hébergement et leur éducation. Une somme considérable, dont l’utilisation mérite d’être soigneusement vérifiée. Pourtant, jusqu’à récemment, c’était loin d’être le cas. En 2009, un rapport de la Cour des comptes met en lumière un véritable scandale : les établissements recevant ces jeunes font l’objet d’un contrôle… tous les vingt-six ans en moyenne. Même constat accablant en ce qui concerne les familles d’accueil. Avec une telle liberté d’action, toutes les dérives deviennent possibles, y compris la négligence ou la maltraitance de ceux qui en principe devraient être protégés.
Pour comprendre comment fonctionne le système de la protection de l’enfance et dénoncer ses dysfonctionnements, Alexandra Riguet et Pauline Legrand ont mené l’enquête à travers la France deux ans durant. Dans le département de la Mayenne, à Laval, le foyer de Hercé a été l’un des rares, parmi les quelque 2 600 que compte le pays, à accepter de leur ouvrir ses portes. Force est de constater que l’ASE préfère se montrer discrète, et cela en toutes circonstances ! A Hercé, où vivent jusqu’à leur majorité une trentaine d’adolescents, directeur et éducateurs ne cachent pas les difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Au niveau du conseil général, qui finance, comme partout, l’association gérant le foyer, on joue aussi la transparence. Mais même ici, en Mayenne, où le système fonctionne plutôt bien, les comptes des associations ne sont pas sérieusement contrôlés. Ce qui rend toujours possible le détournement de fonds. A Saint-Saire, dans la campagne normande, les propriétaires d’une ferme ont ainsi longtemps utilisé une partie des subsides qui leur étaient alloués pour leur propre compte. Mal encadrés, les enfants vivaient quant à eux dans des conditions déplorables, livrés à eux-mêmes, avec le cortège de violences et d’agressions sexuelles que cela suppose. Il a fallu une plainte en 2013 pour que le conseil général réagisse enfin. C’est aussi le suicide d’un éducateur, à Dunkerque, qui en 2011 a attiré l’attention sur les abus commis par les dirigeants associatifs dans le Nord. Des exemples qui se succèdent et se ressemblent. Et, presque partout, les institutions locales sont plus pressées de « tourner la page » que de voir les responsables traduits en justice. A quand le changement ?
Documentaire
Durée 74’
Auteures-réalisatrices Alexandra Riguet et Pauline Legrand
Production Les Films de l’Odyssée, avec la participation de France Télévisions
Année 2014
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