Depuis vendredi après-midi la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle examine un dossier particulièrement sordide : le viol d’un bébé de 8 mois et demi. Dans le rôle des accusés, un jeune couple, la mère de l’enfant et son concubin, domiciliés à Malzéville au moment des faits. Ils encourent 20 ans.
Le 29 décembre 2008, le CHU de Nancy appelle le parquet pour signaler le cas d’un nourrisson. Admis depuis la veille, il présente des lésions de l’appareil génital, « récentes et traumatiques ». Une intervention a dû être pratiquée pour poser des points de suture. Rapidement, une information est ouverte, la mère du nourrisson et son compagnon sont mis en examen.
La mère, enceinte de 4 mois à l’époque, explique avoir remarqué les plaies et les saignements de la petite au moment de la changer. Mais est incapable de donner une explication quant à ces blessures. Pas plus que son concubin qui n’est pas le père biologique de la petite fille. Ils avancent quelques pistes, le fait que le bébé commence à marcher à quatre pattes, des selles difficiles, ou encore le geste d’un tiers… Rien de probant et qui ne tienne aux yeux du juge d’instruction. Le couple vit en vase clos depuis quelques jours. Or, les médecins sont formels, les lésions, notamment la déchirure péri-hyménéale, sont le fruit d’une pénétration, au moins digitale très récente.
Les jeunes adultes jurent ne rien comprendre. Frêle brunette aux faux airs d’Audrey Tautou, la jeune femme âgée de 27 ans soutient le regard de la cour face à elle, sans faillir. « Vous êtes toujours sa compagne ? », lui demande le président Jean-François Redonnet, désignant son coaccusé, 31 ans, guère plus grand, le crâne dégarni. « Je ne sais pas », chuchote-t-elle. Après une courte détention provisoire, 15 jours pour elle, 4 mois pour lui, un contrôle judiciaire leur a imposé en théorie de ne plus se rencontrer.
Parcours chaotique
Or, le couple après un premier petit garçon né quelques mois seulement après les faits, a donné naissance à une petite fille, il y a deux ans et demi. Tous ont été placés, comme la petite victime. Comme leur mère aussi. « Comment qualifieriez-vous votre enfance ? », lui demande le président. « Moche », répond-elle. « Elle a une histoire complexe », confirme l’enquêtrice de personnalité. Retirée de son milieu familial « carencé et violent » dès l’âge de 6 mois, elle a grandi entre foyers et familles d’accueil. « Elle a fait l’objet de sévices, de coups nécessitant une hospitalisation lors de séjours chez sa mère », poursuit celle qui a tenté de reconstituer son parcours chaotique.
« Immature, elle est décrite par son entourage comme influençable ». Au point de couvrir un acte ignoble commis sur son propre bébé ? Plusieurs semaines après, le médecin légiste constatait qu’un simple examen provoquait les pleurs de la petite victime. Impossible donc d’imaginer que ses cris de douleurs n’aient pas fait trembler les murs du petit appartement de Malzéville lors de la commission des faits… Les débats se poursuivront lundi et mardi.
Valérie RICHARD