Outreau une mise au point Outreau 3 (Jour 6) Compte rendu de l’audience du Mercredi 27 Mai 2015

Il y avait foule au Parlement de Bretagne, le tribunal où se déroule le procès de Daniel Legrand. Ce jour, la star c’était résolument Myriam Badaoui.

1. Myriam Badaoui

Impossible de la filmer, de la photographier, et même de la croiser. Elle est même entrée sous la protection de la police, par l’arrièreCar Myriam Badaoui arrive par l’entrée de la cour, tête baissée et protégée par une capuche et un foulard qu’elle refuse de quitter. 46 ans. Vit dans un centre d’accueil à Rennes.

Elle a une voix qui a beaucoup changé, toute douce. Elle a aussi beaucoup eu de trous de mémoire et beaucoup pleuré durant ses près de 5 heures à la barre.

Elle commence par expliquer son arrestation, « au début je voulais pas parler et ensuite il m’a montré des photographie, de ceux que les enfants avaient dit et je suis partie dans des délires monstrueux, des montages, du n’importe quoi en fin de compte. J’aimerais aussi dire que je suis surprise, au bout de 10 ans repasser auprès de la cour… Je pense M le président aujourd’hui j’ai pu reconstruire mais il n’y a pas un jour où j’y pense pas. Ce jeune homme je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam« , et elle dit que c’est à cause d’elle qu’il a été envoyé en prison.

« Aujourd’hui je suis quelqu’un de différente, le mensonge ne fait plus partie de ma vie, je veux une vie concrète« , dit-elle en pleurant.

« Je ne veux pas faire les mêmes erreurs qu’au premier procès à St-Omer« , dit-elle.

Elle dit qu’elle a dit des mensonges au sujet du meurtre et qu’elle a « dit à peu près ce qui était dans la lettre » d’aveux de Legrand que le juge Burgaud lui a lue.

« J’essaie d’avoir une place sereine dans la société », et ajoute que « par amour » pour ses enfants elle « ne veut plus mentir« .

Puis viennent les questions du président.

Elle explique qu’elle a demandé le placement des enfants pour qu’ils ne subissent plus les violences de leur père.

Elle dit qu’au début de l’affaire, elle a nié tout viol car elle avait peur de Delay. « C’est comme si qu’il arrivait à commander ma tête« , dit-elle.

Elle se met à pleurer pour éviter les questions, dit qu’elle ne veut pas en parler. Elle répète qu’elle ne savait pas ce qu’il y avait « dans la pièce de Monsieur Delay« , qui gardait la clé.

Le président rappelle qu’un de ses fils a dit à l’audience « vous vous rendez compte ? J’ai du coucher avec ma mère« , mais là Badaoui ne se « souvient plus« .

Le 2 mai 2001 elle cite plusieurs protagonistes, décrit des scènes de partouzes commencées à noël 1996 (ce qui confirme les paroles de Chérif) , du sex shop Rue des Religieuses Anglaises, mais aujourd’hui elle dit qu’elle ne connaît pas. Puis elle dit qu’elle y est allée deux fois. Elle a aussi décrit une scène où Daniel Legrand fils tenait le magasin, alors qu’à l’époque il avait 15 ans, elle répond que « c’était que des mensonges« .

Mais qu’on se rassure, aujourd’hui elle ne ment plus, dit-elle.

On lui présente des photos, elle ne reconnaît plus personne.

Elle dit qu’elle en veut au juge Burgaud qui a cru « des trucs qui ne tenaient pas debout« . Sauf que pas de chance, ça tenait bien debout, au contraire. Les noms qu’elle a cités « ne venaient pas comme ça« , dit-elle. Elle dit même que le juge frappait quand elle n’allait pas dans son sens, alors que son avocat était présent, et le greffier aussi, et que personne n’a encore jamais parlé de cela.

Elle dit qu’elle réussi à trouver les noms des gens qu’elle ne connaissait pas sur les photos que lui montrait le juge Burgaud.

Le président lui lit aussi ses déclarations comme quoi elle avait aussi dit qu’elle avait violé d’autres enfants.

Elle accuse le juge de lui avoir promis de sortir de prison si elle parlait, avant de préciser qu’en fait il lui a juste dit qu’Aurélie Grenon était sortie de préventive parce qu’elle avait parlé. Or, d’après l’avocate de Badaoui (qui l’a défendue depuis septembre 1001) entendue devant la commission d’enquête parlementaire : « lorsque je rencontre cette femme je lui tiens un discours clair : « vous avez reconnu les faits, à un ou deux près ; ce n’est pas la peine de déposer des demandes de mise en liberté, parce que, de toute façon, nous ne les obtiendrons pas ; et la détention provisoire que vous êtes en train de faire viendra en déduction de la peine que vous aurez au principal ».

Le président lui rappelle qu’elle a parlé de la Belgique mais elle ne sait plus d’où lui est venue l’idée de parler de la Belgique. Elle ne se rappelle « plus du tout » comment elle a commencé à parler de Daniel Legrand. Elle tente d’expliquer comment elle a reconnu une maison en Belgique, la même que ses fils ont reconnue.

Mais aujourd’hui elle dit qu’elle n’est « jamais allée » en Belgique.

Elle nie avoir été menacée par certains accusés, ne se rappelle plus comment elle a commencé à parler de Daniel Legrand.

Elle dit qu’elle ne connaissait pas Alaian Marécaux ni sa femme.

Le président lui demande ensuite comment elle a identifié la même maison en Belgique que ses deux fils, le n°81. Elle avait aussi raconté les faits qui s’y étaient déroulés, et a décrit le propriétaire. Mais elle ne donne aucune explications à tous les détails qu’elle a pu donner en mentant, donc. Elle se contente de dire que Daniel legrand n’a rien fait, et les autres non plus.

Le président demande aussi comment il se fait qu’Aurélie Grenon a confirmé une grande partie des faits, notamment au sujet de Legrand.

Badaoui dit qu’elle n’a violé que ses enfants, et que chez elle aucune autre enfant n’a été violé, ce qui va totalement contre les évidences du dossier. Mais à force de nier, on se mélange les pinceaux. Elle n’a donc jamais vu les 8 autres enfants reconnus victime se faire violer.

Le président interroge ensuite Badaoui sur le fait que Daniel Legrand pourrait être victime, elle dit que c’est impossible parce que Legrand ne serait « jamais venu à la maison ».

Viennent les questions des avocats des parties civiles

Badaoui nie avoir détruit des objets quand ils ont appris leur convocations à la police, et qu’il n’y a eu aucun film avec les enfants, alors qu’elle vient de dire que Delay voulait à chaque fois être filmé lors de leurs relations.

Me Cormier, avocat de Jonathan, lui dit que certains de ses propos « sont objectivés par l’enquête« , comme le propriétaire de la ferre en Belgique qu’elle a décrit correctement, ou le matelas qui était dans le grenier de cette ferme. Mais Badaoui ne lâche rien et dit qu’elle a tout inventé.

Sur la cicatrice de Christian Godard dont elle a parlé alors qu’aujourd’hui elle dit ne l’avoir jamais vu, Badaoui dit que c’est Roselyne Godard qui lui en a parlé. Sur le kyste à l’oreille de Daniel Legrand, elle dit qu’elle en a parlé mais que ça prouve qu’elle mentait. Mais elle avait dit qu’à ce moment il n’était pas venu chez eux.

Interrogée par Me Reviron, elle refuse de décrire comment elle a violé ses enfants, alors qu’elle dit qu’elle s’en veut de leur avoir fait du mal. Là, Myriam Badaoui pleure, a un gros blocage. Me Reviron lui parle d’une femme appelé Danger, qu’elle a croisée en sortant de chez Burgaud, et qu’elle a dénoncée comme faisant partie du réseau. Il se trouve que cette dame fait partie des trois couples de frères Danger mariés aux trois sœurs Vandevelde, qui ont été condamnés pour des agressions sexuelles sur leurs enfants, dans un dossier qui a été disjoint.

Me Reviron demande à badaoui « c’est par hasard que vous avez désigné cette femme ? », mais elle ne se rappelle plus.

Il y a d’ailleurs eu des enfants Danger entendus dans le dossier Outreau centré sur les Delay, dont au moins un avait nié les abus dont il a été reconnu victime.

Badaoui ne veut répondre à aucune des questions de Patrice Reviron, qui est pourtant l’avocat de son fils. Il lui demande notamment comment elle a pu reconnaître la photo de Daniel Legrand, et précisé qu’il est de la famille de Priscilla, une camarade de classe de son fils. Mais elle ne répond pas, ne se rappelle plus.

Me Reviron attaque ensuite sur certains frais importants des Delay, comme ce crédit de 25.000 F pour acheter des meubles chez un commerçant, alors qu’ils étaient endettés et ne pouvaient pas rembourser. Badaoui explique qu’elle a commencé à rembourser

Elle nie avoir changé sa salle à manger, alors que c’est précisé dans le dossier. Les services sociaux avaient dit aussi que « les meubles bougeaient souvent de place« , ce qu’elle nie, elle dit que c’est « n’importe quoi« .

Me Reviron évoque ensuite le caméscope, et demande pourquoi elle l’a acheté. Elle ne sait plus pourquoi ils l’ont acheté, alors qu’il s’agissait d’un gros investissement.

 

Badaoui : ben je l’ai acheté

Me Reviron : pour faire quoi ?

Badaoui : je sais plus

Le président : il servait à quoi ce caméscope

Badaoui : je filmais des choses

Reviron : qu’est ce que vous filmiez ?

Badaoui : Je sais plus

Reviron : pourquoi on n’a retrouvé aucune cassette de vos enfants chez vous ?

Badaoui : j’en sais rien

 

Me Reviron revient sur l’apparition de Daniel Legrand dans le dossier, cité par elle-même pour la première fois. Elle les a reconnus sur photos et savait que Legrand avait un fils du même nom, mais elle dit aujourd’hui qu’elle a menti. Il lui demande « est-ce que c’est le juge qui vous a dicté vos réponses » ? Silence… Pendant plusieurs minutes Badaoui parvient à ne pas répondre, alors qu’elle a dit être venue pour dire la vérité. Finalement, elle dit qu’elle ne veut pas répondre.

Puis l’avocat revient sur la Belgique, où elle dit que ni elle ni ses enfants n’ont été. Badaoui se lamente à voix basse sur son sort au lieu de répondre.

Elle dit que « le juge lui a bouffé » sa vie, et elle ne répond à aucune question.

On revient sur l’histoire des balcons de l’immeuble des Delay, qui avaient été refaits en août 1996 par l’entreprise dans laquelle travaillait Legrand père.

Chérif explique que les Delay les ont forcés à des scènes sexuelles, qu’ils ont fait des choses à Dimitri et Jonathan, et Dimitri a été à l’hopital car il saignait.

A la fin de son audition, Jonathan a tenu à lui poser les mêmes questions qu’à son père, et elle a tout nié, n’hésitant pas à lui dire: « quand tu seras grand j’espère que tu prendras conscicence. Le mensonge détruit ce n’est pas comme ça qu’on se construit »

Là, elle a juste achevé ses enfants.

 

2. Aurélie Grenon

On commence l’après-midi avec l’audition d’Aurélie Grenon, qui avait autour de 18 ans à l’époque des faits. Comme avec Badaoui, on sera face à de nombreux trous de mémoire.

Elle explique qu’elle n’a connu Daniel Legrand que pendant la procédure et ne l’a jamais vu chez les Delay. « Je l’ai accusé à tort alors qu’il n’a rien à voir dans l’histoire et je regrette d’avoir menti sur sa personne et sur les autres« .

Elle a été condamnée pour des viols et agressions sexuelles sur quatre enfants. Elle admet qu’elle a bien commis ces faits. Puis elle a dit qu’elle n’avait rien fait et qu’elle a « craqué pendant la garde-à-vue« . Elle a dit lors du procès qu’elle ne connaissait pas les accusés, à part un ou deux, tout en admettant sa responsabilité.

Elle revient sur ses déclarations, et innocente plusieurs acquittés. Elle enlève aussi leur statut de victimes aux enfants de son compagnons de l’époque, David Delplanque.

Elle explique « j’étais dans un engrenage de mensonges« , et a avoué des choses qu’elle n’avait jamais commis. « J’en ai profité qu’au procès Myriam dise qu’on n’était que quatre coupables pour dire moi aussi la vérité » , explique Grenon .

Elle raconte qu’elle a cessé de fréquenter les Delay fin 1998, c’est-à-dire au début des faits. Ce qui se trouve à peu près au début de la période de prévention, donc on en déduit que cette jeune femme et Delplanque ne pouvaient de toute manière pas être au courant de l’essentiel des faits.

Elle ne se rappelle plus des gens qui étaient venus les menacer juste avant l’arrestation des Delay, elle ne se rappelle plus avoir dit que toutes les preuves avaient été détruites quand les Delay ont appris leur convocation à la police.

« J’ai vu des gens monter mais je me rappelle plus s’ils sont venus taper chez moi« , dit-elle.

Elle ne se rappelle pas non plus du réseau, ou de ce qu’elle a pu dire à ce sujet. Elle dit qu’elle a menti dans toutes ces déclarations au sujet des Legrand.

« Plus ça avançait, plus je mentais et moins j’arrivais à en sortir« , explique Grenon. A l’entendre, à entendre Badaoui, on se demande pourquoi il y a eu des procès à Outreau. A l’époque, elle avait pourtant bien dit que Legrand fils « était toujours avec son père« . Elle ne répond pas.

Pourtant, elle a aussi parlé du caméscope, des films pornos, des partouzes avec les enfants, des protagonistes présents. Elle a identifié plusieurs personnes sur photos et les nomme, comme Daniel Legrand, mais aujourd’hui elle ne se rappelle pas d’avoir vu ces photos, ni d’avoir précisé que Daniel Legrand était lié à la Belgique et qu’il était l’organisateur du système de viols, avec Delay. Des propos corroborés par Badaoui, Delplanque, et les enfants.

Le président évoque ensuite la confrontation avec Legrand fils, Delplanque et Badaoui. Elle ne se rappelle plus de cette confrontation au cours de laquelle elle avait confirmé ses déclarations précédentes.

Elle dit qu’elle est revenue sur ses déclarations avant le procès de Paris pour les disculper, et n’en démord pas : elle a menti sur toute la ligne.

On ne lui pointe pas ses incohérences, on ne soulève pas les éléments précis qu’elle a donnés, et qui ont été confirmés par d’autres protagonistes du dossier. Elle aussi précisé à plusieurs reprises ce qu’elle a fait, et dit que les aveux de Legrand étaient bidons parce qu’elle ne le connaissait pas.

Pour Aurélie Grenon, les seuls enfants victimes étaient les quatre enfants des Delay et les deux siens, ce qui ne correspond pas à la vérité judiciaire. Elle dit même qu’elle a inventé que Daniel Legrand avait un fils qui se rendait lui aussi aux partouzes.

Me Reviron lui rappelle qu’elle a reconnu les deux Legrand sur photos, et personne d’autre. En précisant qu’elle a vu le fils « moins souvent« . Me Reviron lui demande si le juge Burgaud lui a soufflé les noms. Aurélie Grenon dit qu’on « a du lui dire les noms« . On lui dit qu’en plus ils ne se ressemblent pas donc qu’il était impossible de deviner d’après les photos qu’ils étaient père et fils.

Me Reviron lui rappelle qu’elle a dit qu’elle n’avait rien fait, mais que Badaoui ne l’a pas innocentée en même temps que les autres.

Elle dit devant le tribunal que même les enfants Delplanque ont été violés, mais elle ne sait plus par qui. Elle ne se rappelle plus si Myriam Badaoui avait violé les enfants de David Delplanque.

Sur les gens qui venaient régulièrement chez les Delay, qui avaient affirmé ne recevoir personne, et dont Wiel et d’autres ont dit qu’ils ne recevaient personne, Grenon redit que c’est faux, et qu’ils avaient souvent de la visite. Mais là, elle ne sait plus qui venait parmi ce « pas mal de passage« .

Elle explique qu’elle a menti mais qu’elle n’avait « aucun intérêt » à mentir. « C’est vague, c’est un film« , dit elle quand on lui demande des réponses précises.

Puis elle craque : « elle dit j’ai été forcée, j’ai été violée… J’en ai parlé mais ça ça n’a pas éclaté bien sur. J’ai été menacée, ils savaient où étaient mes petits frères« .

De fait, Aurélie Grenon, âgée de 18 ans à peine lors des faits, était battue par Delplanque et violée par Delay. Elle a expliqué ce mercredi qu’on l’avait aussi menacée (alors qu’elle a dit le contraire en début d’audition).

« Si je refusais ils s’en prenaient aux petits« , répond-elle à Me Lef Forster, l’avocats de Chérif.

Il lui demande si certaines rencontres ou séances de sexe avaient été filmée. Elle répond que oui pour certaines.

Puis elle se ressaisit et dit que seule elle, Delplanque et les Delay ont violé des enfants en sa présence.

Grenon dit que certaines phrases et certains mots ou phrases n’étaient pas retransmis sur papier durant les interrogatoires chez le juge Burgaud, et qu’il « fallait toujours faire plaisir à Myriam Badaoui« .

Aurélie Grenon a aussi été condamnée pour des agressions sexuelles sur une des filles Lavier, mais là non plus, elle ne se souvient plus. Elle explique qu’elle a de gros trous de mémoire sur sa vie d’avant et parle de « blocages ». Là, elle revient sur des menaces contre elle et sa famille à l’époque des faits, par coups de fil, ou une visite d’un acquitté à son domicile.

Elle explique que pour les viols commis sur les enfants Delay, si elle refusait « ils s’en prenaient aux petits » (les enfants Delay).

Là, on sent qu’elle peut se mettre à parler, mais Me Berton, avocat de Daniel Legrand, se met à hurler, puis on lui dit qu’elle aurait du faire appel car elle était mineure durant quelques mois au moment des faits, comme Daniel Legrand d’ailleurs.

On lui demande comment était Badaoui, elle répond qu’elle était manipulatrice, menteuse, hystérique.

– Pourquoi avez-vous suivi ce qu’elle a raconté? demande le président

– Y’a que elle qui disait la vérité, si elle disait quelque chose c’était forcément vrai. Donc j’en ai profité quand elle est revenue sur ses déclarations.

– Et Jean-Marc il ressemble à quoi? demande Me Delarue, mais il est coupé par le président qui demande si les enfants en avaient peur.

Selon Aurélie Grenon, oui les enfants en avaient peur parce qu’il était handicapé mais pas parce qu’il était méchant. Elle dit aussi qu’elle n’a jamais vu les Marécaux, alors le président lui demande comment elle a fait pour pointer les bonnes photos sur le trombinoscope, si « la réponse n’était pas un peu induite« . Elle répond: « comme ça » et redit que « c’était une invention« .

Me Delarue: si vous avez donné des détails, c’était pour être plus crédible

Grenon: j’en sais rien

Elle ne sait pas répondre quand lui demande à quoi ressemblait Legrand père et se borne à confirmer que le fils n’a « rien à voir » dans l’affaire.

Puis elle dit qu’elle a « probablement » vu Legrand père avec un doigt plus court dans le couloir. Mini scandale, et ses avocats ont fait acter cela, alors que cela n’aurait pas du être le cas.

Et pour terminer, Aurélie Grenon ne reconnait plus que les viols des quatre enfants Delay, et elle ne sait pas qui a violé les enfants de son compagnon David Delplanque.

3. David Delplanque

Vient ensuite, pour terminer, David Delplanque, 41 ans, la mine renfrognée. Sa déposition est des plus concices : « Monsieur Daniel Legrand n’était pas dans l’affaire Outreau. Je n’ai plus rien à dire« .

Lui aussi, soudain, ne se reconnait plus coupable que d’avoir violé les quatre enfants Delay. Il avait aussi été reconnu coupable pour ses enfants, à 5 ans de prison. Pas cher payé, pour des viols en réunion.

Pour ses enfants, il nie: « ça a été dit mais c’est pas vrai« .
On l’interroge un peu, au bout d’un moment il répond: « Je me rappelle plus j’essaie d’oublier cette histoire. J’ai accusé ces gens parce que je suivais Myriam Badaoui« .

Mais la première fois qu’il a parlé, il était seul et ne connaissait pas les déclarations de Badaoui. Il a aussi pu décrire François Mourmand et le reconnaitre sur photo, Delplanque marmonne, a des explications confuses. Il ne se rappelle plus, ni de menaces de Delay dont il avait parlé à l’époque et que sa compagne Aurélie Grenon a confirmées encore une fois.

Il avait mis en cause Dominique Wiel, Alain MArécaux, le taxi Martel et beaucoup d’autres, en effet, mais pas non plus tous les gens qu’on lui a montrés. Il dit qu’il a dit ça parce que « c’est sûrement ce qu’il voulait entendre de nous« .

Il a aussi parlé des Legrand, père et fils dans ses audtions de l’époque: « il venait souvent avec un jeune mais je ne savais pas que c’était son fils (…) et il s’appelait aussi Daniel« 

Mais, Delplanque ne se « rappelle plus« . Impossible de lui poser des questions: il a tout oublié. Il sait juste que « Legrand n’a rien à voir« . Il dit qu’il a inventé tous les détails, mais quand on lui demande d’où il les sort, il ne sait pas.

Lui au moins n’accuse pas le juge Burgaud de lui avoir « soufflé » les noms des mis en cause.

A l’époque, Delplanque aussi avait parlé d’échange d’argent, mais là il ne se « rappelle plus« .

Il avait précisé qu’il payait 300 à 500F par partouze, mais ne nous dit pas, ce mercredi, comment il a obtenu cet argent alors qu’il vivait avec 2.000F par mois.

Il avait raconté des scènes de viols collectifs chez les Delay, avec une dizaine d’enfants et autant d’adultes. Le président lui fait remarquer que l’apprtement des Delay était petit, lui ne répond pas puis dit qu’il ne sait pas pourquoi il a dit tout ça. Il répète qu’il « essaie d’oublier« .

Il ne donne aucune explication sur ses soi-disant fausses accusations contre Legrand et les autres. On n’aura pas d’explication du tout à ce sujet.

A un moment on lui demande de se rapprocher du micro, et il lâche « putain », mais personne ne relève.

Le président, qui pose beaucoup de questions mais a peu de réponses, évoque alors Jean-Marc Couvelard, qui, d’après Delplanque, a participé aux faits: « Il était souvent là, mais je ne sais pas comment il faisait pour monter les étages car il avait du mal à marcher« , avait-il dit.

Mais aujourd’hui il ne se « rappelle plus ».

A ce moment, plus aucune discussion n’est possible, Delplanque est complètement fermé. Il ne répond plus du tout, regarde le président et ne bouge pas d’un millimètre.

Puis il redit que ses enfants ne sont pas concernés par le dossier, se met en colère alors qu’il vient d’admettre qu’il a accusé Legrand pour rien, ce qui est pour le moins étonnant.

Me Cormier, l’avocat de Jonathan, lui demande: « mais pourtant vous avez des choses à dire sur cette affaire. Pourquoi ne pas parler de vos enfants que vous dites ne pas avoir touchés?« .

Pas de réponse. Silence.

Puis il marmonne, avec son fort accent de Boulogne: « J’ai oublié cette histoire là alors maintenant c’est bon« 

Le président insiste, et Delplanque finit par lâcher: « s’ils l’ont dit c’est que c’est vrai donc c’est bon« .

Delplanque est tellement taciturne que le président finit par lui demander si on lui a demandé de se taire, ce à quoi Delplanque répond: « je bosse toute la journée, j’ai pas le temps« 

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