Droit Fondamental Ex-Stasi, chantage sur personnalités, Manuel Schadwald et … Dutroux

La Stasi, le ministère pour la Sécurité de l’État de l’ancienne RDA, a fait chanter des personnalités influentes d’Allemagne et d’Europe de l’Ouest impliquées dans des affaires de pornographie enfantine, les contraignant ainsi à devenir ses alliés. C’est ce qu’affirme Iwan Götz (nom de code  » Grigori « ), ancien officier de liaison entre le KGB — l’ancien service secret soviétique — et la Stasi, dans une déclaration tenant lieu de serment faite au quotidien allemand Berliner Morgenpost.

Ce Russe résidant à Berlin raconte :  » Parmi les victimes de ce chantage se trouvent des hommes politiques, des juges et des industriels, dont certains ont encore beaucoup d’influence dans les démocraties occidentales. L’un d’entre eux est en ce moment Ministre de l’Intérieur d’un Land allemand. Après la chute du Mur de Berlin, l’ancien réseau de la Stasi est passé des services secrets à la finance. Rainer Wolf, le père du jeune Berlinois Manuel Schadwald toujours porté disparu aujourd’hui, a joué un rôle clé.  » D’après des recherches effectuées par le Berliner Morgenpost, le Belge Marc Dutroux, pédophile accusé du meurtre d’au moins quatre jeunes filles, a lui aussi agi par moments sur ordre de la Stasi. Ces informations viennent d’être confirmées au journal par un agent haut placé des services secrets allemands.

C’est ce qui explique pourquoi les autorités chargées de l’enquête n’ont pu élucider jusqu’ici ni l’affaire Dutroux ni la disparition de Manuel Schadwald. Selon des recherches effectuées par le Berliner Morgenpost et de nombreuses déclarations de témoins, ce jeune garçon porté disparu depuis 1993 a été transféré aux Pays-Bas dans les milieux de la pornographie enfantine. Aujourd’hui encore, la police et le parquet de Berlin démentent. Cependant, leurs recherches sont toujours sans résultat et l’enquête a rencontré bon nombre de mésaventures. Les criminalistes étaient-ils tout simplement incapables ou bien ont-ils délibérément dissimulé des indices sur ordre des services secrets ? Comment sinon pourrait-on expliquer que la police de Berlin ait menti à la population ?

Dans une déclaration faite à la presse le 29 octobre 1998, il était dit ceci :  » Il n’y a pas aujourd’hui de preuve concrète, pas même le plus petit indice nous poussant à croire que Manuel Schadwald faisait partie des milieux de la prostitution.  » C’est bizarre, car les dossiers internes de la P.J. dont dispose le Berliner Morgenpost contiennent de nombreux indices concrets poussant à penser que le jeune garçon était dans les filets de Lothar Glandorf, propriétaire d’une maison de prostitution enfantine à Rotterdam. Sans oublier que la police de Berlin a fait des recherches dans le milieu de la prostitution aux Pays-Bas en collaboration avec la police de Rotterdam. C’est écrit mot pour mot :

  • 14.7.1994 : recherches intensives en collaboration avec la police de Rotterdam, à Berlin également, après quoi deux procédures furent introduites. Fin des recherches le 23.2.1995 (fin des recherches de la police de Rotterdam avec pour conclusion que Manuel n’est pas et n’a jamais été à Rotterdam).
  • 23.6.1995 : élément indiquant que Manuel aurait quand même été chez Glandorf jusqu’à l’arrestation de ce dernier. Manuel aurait été aperçu fin février/début mars 1995 dans le secteur de la gare de Rotterdam (audition de Jens Uwe Möhrke).  »

Le Berliner Morgenpost a retrouvé cet homme. Dans une déclaration tenant lieu de serment, il a affirmé : « J’ai aperçu Manuel Schadwald plusieurs fois dans les années 1993/1994 dans la maison de prostitution enfantine de Lothar Glandorf. J’ai rencontré Rainer Wolf, le prétendu père de Manuel Schadwald, au ‘ Datscha ’ et au ‘ Tabasco ’, des bars bien connus dans le milieu de la prostitution. Dans ce milieu, on dit que Rainer Wolf a participé au transfert de Schadwald. » Dans cette affaire, Möhrke aurait également eu des contacts avec un procureur de Berlin et aurait contribué à l’arrestation de Lothar Glandorf à Rotterdam en 1994. Dans sa lettre, Möhrke explique qu’un agent de la police judiciaire de Berlin l’aurait menacé pendant une audition : s’il parlait de Manuel Schadwald, il pourrait bien lui arriver un accident en prison. Selon les informations de la police de Rotterdam, c’est cet agent qui a étudié l’affaire Schadwald dans les années 1993–1995.

Quel rôle Lothar Glandorf a-t-il joué ? Selon des recherches effectuées par le Berliner Morgenpost, cet homme originaire de Thüringen était — tout comme Dutroux et Karel von M., alias Alex, propriétaire d’une maison de prostitution enfantine d’Amsterdam entre-temps jugé — membre privé du réseau de la Stasi. Selon Peter G., un ancien trafiqueur d’enfants de Berlin qui affirme avoir amené plusieurs jeunes garçons aux Pays-Bas pour Glandorf,  » ces maisons de prostitution fournissaient également des personnalités éminentes avec un service d’escorte discret.  » D’après l’enquête de Marcel Vervloesem, l’expert belge de la pornographie enfantine, on a fait chanter ces clients et on les a forcés à travailler pour les services secrets. Un des enfants s’appelait Regina Louf ; dans les dossiers d’enquête belges de l’affaire Dutroux, elle a reçu le sigle  » X1 « . À Anvers, elle a dit au Berliner Morgenpost que  » Dutroux livrait les enfants principalement à des soirées auxquelles participaient même des présidents.  »

Le lien entre l’affaire Manuel Schadwald et l’affaire Dutroux : Robby van der Plancken. Ce Belge de 28 ans, qui avait avoué aux journalistes du Berliner Morgenpost à Amsterdam qu’il était impliqué dans la disparition du jeune Berlinois, a été aperçu avec Dutroux plusieurs fois dans un sex-club aux Pays-Bas. Le journal d’Amsterdam De Telegraaf faisait également état de ces rencontres. Ce même journal avait aussi écrit en 1998 que Rainer Wolf aurait été impliqué dans le transfert de son fils Manuel dans le milieu de la pornographie enfantine des Pays-Bas. Robby van der Plancken est enfermé dans une prison italienne depuis maintenant quatre ans pour avoir abattu son complice Gerrit Ulrich en Toscane peu après la déclaration qu’il avait faite aux rédacteurs du Berliner Morgenpost. Vervloesem : « Ulrich en savait trop sur la brûlante affaire Schadwald. »

Iwan Götz, l’ancien agent du KGB et de la Stasi dont on retrouve effectivement le nom de code  » Grigori  » dans les dossiers concernant Rainer Wolf, explique :  » J’avais pour mission d’évaluer Rainer Wolf sur le plan psychologique et je devais juger s’il était apte à remplir une certaine fonction auprès de la Stasi. C’est seulement bien plus tard que j’ai appris que, suite à son émigration en RFA mise en scène par la Stasi en 1984 et sur ordre du département d’espionnage à l’étranger des services secrets de la RDA, Wolf a fait chanter des hommes d’Europe de l’Ouest impliqués dans des affaires de pornographie enfantine. La Stasi allait chercher les enfants dans des foyers est-allemands. C’étaient principalement des enfants d’ opposants au régime.

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