Mère à 11 ans, après un viol
Malgré les dénonciations internationales, les autorités paraguayennes avaient forcé la jeune fille à mener sa grossesse à terme. Le cas de “Mainumby” n’est pas isolé.
“Mainumby” a donné naissance à une petite fille, jeudi 13 août au Paraguay. Le cas de cette fille de 11 ans, enceinte après avoir été violée à plusieurs reprises, probablement par son beau-père, a été largement médiatisé ces derniers mois, dans le pays et dans le monde. De quoi relancer le débat sur l’avortement dans ce pays très catholique, sans toutefois faire évoluer la situation.
Au Paraguay, l’IVG n’est autorisée qu’en cas de risque pour la vie de la mère. Les autorités médicales n’ont pas jugé qu’il existait un risque. De fait, l’accouchement s’est déroulé sans complication. Mais « le fait que “Mainumby” ait survécu n’excuse en rien les violations des droits humains qu’elle a subies aux mains des autorités paraguayennes, qui ont décidé de mettre sa santé, sa vie et son intégrité physique en jeu malgré la quantité d’éléments indiquant que cette grossesse était extrêmement risquée et malgré le fait qu’il s’agissait d’une victime de viol et, qui plus est, d’une enfant », dénonce Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques. « Seul le temps permettra d’évaluer l’étendue véritable des conséquences physiques et psychologiques de la terrible épreuve qu’a vécue cette enfant ».
En mai, un groupe d’experts de l’ONU s’était élevé contre cette décision des autorités paraguayennes, prise contre l’avis de la fille et de sa mère. La décision de porter la grossesse à son terme « constitue une grave violation des droits à la vie, à la santé, et à l’intégrité physique et psychologique de cette fille, ainsi que de son droit à l’éducation, mettant en péril son avenir économique et social », écrivaient les experts.
Ils rappelaient que, selon l’OMS, le risque de mortalité maternelle en Amérique du Sud est quatre fois plus élevé chez les adolescentes de moins de 16 ans. Plusieurs organismes internationaux ont « exprimé des préoccupations au sujet des taux élevés de violences sexuelles et du manque d’accès à la justice au Paraguay, en particulier pour les adolescentes », soulignait également l’ONG Equality Now.
C’est dans un hôpital de la Croix Rouge paraguayenne que “Mainumby” a accouché. Son directeur, cité par le quotidien local Extra, indique que deux filles de 12 ans sont également suivies par ses services obstétriques. Ainsi que d’autres adolescentes, elles aussi victimes d’abus sexuels.
« Chaque jour au Paraguay, deux filles âgées de 10 à 14 ans donnent naissance à un enfant dont la conception résulte d’un viol », souligne une pétition lancée au début de l’affaire, qui appelle les autorités du pays à autoriser l’avortement pour les filles de moins de 15 ans. Plus de 600 000 personnes l’ont signée.
Dans un autre pays d’Amérique du Sud, le Chili, un processus parlementaire vient d’être engagé pour autoriser l’avortement dans trois circonstances précises : en cas de risque pour la vie de la mère ; de malformations de l’embryon ou du fœtus incompatibles avec la vie extra-utérine ; ou lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol.