20 Minutes Procès Inaya à Melun: Les parents « sont toxiques et se complètent »

Les parents de la petite fille, découverte enterrée en janvier 2013, sont jugés devant la cour d’assises de Seine-et-Marne…

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  • Le 23 janvier 1013. Le corps de la petite Inaya, 20 mois, est découvert en forêt de FontainebleauA lire par ici.
  • Les parents d’Inaya, sont jugés depuis jeudi pour violences habituelles ayant entraîné la mort de leur enfant.
  • Le procès est prévu pour durer une semaine.

 

18h42: Ce live est désormais terminé. La journée a été marquée par la reprise des débats, interrompus la veille après qu’un avocat a tiré sur le chef de file du barreau de Melun avant de retourner l’arme contre lui. Elle a aussi été rythmée par les déclarations des accusés qui, pourtant interrogés sur leur enfance, n’ont cessé de se rejeter la responsabilité dans la mort de leur enfant Inaya, découverte enterrée en forêt. L’audience se poursuit jusque tard ce soir avec les dépositions des policiers chargés des investigations mais aussi du médecin-légiste qui a déterminé la cause du décès de la petite: un traumatisme crânien provoqué par un contexte de violences habituelles.


18h16 : La directrice d’enquête a terminé sa déposition. La présidente fait appeler le témoin suivant : un brigadier de police, chargé des investigations sur Bushra Taher Saleh et Grégoire Compiègne, à l’issue de leur garde à vue. Le brigadier a notamment auditionné le fils aîné du couple, « très agité ». « Papa, il met du sang », nous a-t-il dit exactement lors de l’entretien. Inaya ? « Je connais plus. J’en n’ai plus dans la maison […] Papa, il n’est pas gentil. » Le brigadier a également entendu l’assistance sociale qui suivait la famille. Enfin… qui essayait : ses contacts avec le couple étaient difficiles.


18h12 : Le soir de la mort d’Inaya, Bushra Taher Saleh a dit à la police qu’elle s’était « réveillée vers une heure du matin et qu’elle était allée se coucher à côté de sa fille », avant d’aller l’enterrer le matin, en forêt.


18h03 : A cette question du défenseur de Bushra Taher Saleh, Me Jean Chevais, « Pensez-vous que si elle n’avait pas parlé… lui, aurait parlé ? », le commandant de la brigade des mineurs de Melun répond en pesant ses mots : « Non, il n’aurait pas parlé : il l’aime, il la protège. Si elle ne le dénonce pas, lui, ne la dénoncera pas ». Pour rappel, ce matin encore devant la cour d’assises, la mère et le père de la petite Inaya se rejettent la responsabilité de sa mort. Bushra Taher Saleh risque une peine maximale de 30 ans de réclusion criminelle. Grégoire Compiègne, en état de récidive, lui, la peine maximale prévue par la loi: la perpétuité.


18h : « Ils cherchent, chacun, le moyen de s’en sortir », pense le commandant de police qui a dirigé l’enquête sur la disparition d’Inaya et qui dépose à la barre de la cour d’assises, à Melun, depuis une heure et demie.


17h45 : « L’hypothèse de Monsieur Compiègne selon laquelle ils sont allés enterrer Inaya la nuit me paraît plus plausible que celle de Madame Taher Saleh, qui assure y avoir été le matin vers 9h, et creusé d’abord avec ses doigts, puis avec une petite pelle. »


17h36 : Les investigations laissent penser qu’Inaya est morte entre novembre et décembre 2011. La présidente au commandant de police : « Est-ce une stratégie de défense de se rejeter la responsabilité, à votre avis ? ». « Non, au fur et à mesure, une certaine haine s’est développée entre eux. Ils ne me semblent pas s’être organisés. »


17h28 : « Ils sont toxiques l’un et l’autre. Ils se nourrissent l’un l’autre du mal et du bien qu’ils peuvent s’apporter. Ils se complètent », poursuit le commandant de police.


17h22 : « Il a toujours réponse à tout », dit l’officier à propos de Grégoire Compiègne. « Quand c’était elle qui s’énervait, on aurait dit un chaton… Tantôt c’est l’un qui domine, tantôt c’est l’autre. Elle sait se défendre quand elle en a besoin. Elle ne se montre pas soumise au point de ne rien dire », estime encore le commandant de police qui a dirigé l’enquête.


17h15 : « Ce n’est pas une affaire qu’on croise tous les jours. En général, on ne va pas aussi loin, dans la cruauté envers un enfant. Que les parents l’enterrent en forêt, c’est particulier… », note le commandant de police, arrivée à Melun huit ans avant qu’un juge d’instruction lui confie le dossier Inaya.

« Monsieur nous a beaucoup menti. Nous nous sommes dit qu’il y avait un « loup »… Et puis l’attitude de Madame, furieuse en arrivant au commissariat… »


17h11 : L’accusée a ensuite expliqué aux policiers que le jour de la mort d’Inaya, elle avait elle-même été battue. « Cependant, tous deux ont reconnu que l’enfant avait été secouée avant son décès, qu’elle avait des difficultés à s’alimenter, qu’elle avait été victime de violences. Le couple n’a pas su dater exactement le décès », précise le commandant de la brigade des mineurs de Melun à la cour et aux jurés.


17h05 : Une coupure de presse sur le procès des parents d’une enfant battue a été découverte dans le domicile familial par la police. Bushra Tahed Saleh a d’abord expliqué la mort de sa fille par un accident, qu’elle a imputé à son fils aîné avant d’en prendre la responsabilité, puis de la rejeter sur celle du père de ses enfants, victimes selon elle du syndrôme du bébé secoué. Elle et son ex-compagnon ont ensuite avoué avoir enterré leur enfant en forêt. Ils ont indiqué l’endroit exact aux enquêteurs.


17h01: La police a placé les parents d’Inaya en garde à vue le 22 janvier 2013 et procédé à la perquisition du domicile familial, où il n’y avait aucune trace de l’enfant. « Le lit parapluie d’Inaya était replié sur une mezzanine, sous un tas d’affaires. Madame nous a assuré que « jamais, nous la retrouverions ». Elle reconnaissait avoir une relation difficile avec sa fille, qui n’arrêtait pas d’appeler « Vivi », pour Sylvie, l’assistance sociale. Elle ne supportait pas de ne pas être appelée « maman ». Pour autant, elle niait les violences », rappelle la directrice d’enquête.


16h53 : Bushra Taher Saleh avait, un temps, caché à sa famille que ses enfants étaient placés. « Le juge d’instruction nous a confié l’enquête pour recherche des causes de la disparition d’Inaya. Lors des écoutes téléphoniques, le couple n’évoquait jamais ses enfants. L’essentiel des appels passés par Monsieur était relatif aux achats de matériels informatiques et hi-fi », détaille le commandant de police, à la barre de la cour d’assises de Seine-et-Marne depuis vingt minutes.


16h44 : « Monsieur Compiègne pensait qu’il n’était pas obligé de scolariser son fils régulièrement. Les services sociaux nous ont signalé des maltraitances et un manque d’hygiène, évident, chez les enfants […] Madame était insultante vis-à-vis de l’Aide sociale à l’enfance et de l’assistance sociale. Monsieur tentait de la calmer, au commissariat. Tous les contacts que nous avons entrepris avec Madame pour le placement de ses enfants ont été impossibles, tant elle était virulente », poursuit le commandant de police.


16h41 : « L’attitude de la mère par rapport aux besoins de ses enfants n’était pas adaptée, pour les services sociaux. Elle ne voyait pas l’utilité que son fils consulte un médecin à la suite de sa prise de poids, ni un psychologue », rapporte le commandant de police.


16h37: L’audience est reprise. A la barre: Céline D., commandant de police à Melun. L’officier raconte l’intervention, en décembre 2012, au domicile des accusés. Elle avait été saisie par le Tribunal de grande instance de Fontainebleau, à la suite d’un signalement de l’école où le fils aîné était scolarisé. Des bleus avaient été constatés sur son corps et il était souvent absent…


16h20: L’audience est suspendue pendant dix minutes.


16h15: Grégoire Compiègne est arrivé, seul, à Clichy, à l’âge de 15-16 ans. Puis, il est parti en foyer à Villiers-le-Bel.

 

Les interrogatoires de personnalité sont terminés. Le premier témoin cité est appelé à entrer dans la salle d’audience.


16h05 : « A la naissance de mon premier enfant, j’avais 19-20 ans. A cet âge-là, sans caution, sans travail, ce n’est pas simple de trouver un logement… Les parents de Madame nous ont laissés nous débrouiller tout seuls : pour eux, qui sont très religieux, notre fils était illégitime, comme on n’était pas mariés », répond Grégoire Compiègne à son défenseur, qui tente de rappeler les conditions dans lesquelles le jeune homme, aujourd’hui âgé de 26 ans, a évolué.


15h58 : L’accusation a fini de poser ses questions sur la personnalité de Grégoire Compiègne. C’est au tour de la défense, d’interroger le jeune homme. Au tour de la défense de Bushra Taher Saleh, précisément. Me Jean Chevais veut savoir pourquoi l’accusé a si peu travaillé… Et l’accusé, qui manifestement a toujours réponse à tout depuis le début de l’après-midi, s’indigne : « Ma fille était enterrée depuis six mois… Comment voulez-vous que je me sente bien dans un travail ! ? ».


15h53 : L’avocat général continue son interrogatoire et s’étonne : « Nous avons mené des investigations sur votre ordinateur, sur lequel vous passez beaucoup de temps… Et je suis surpris d’avoir eu à constater que, six mois après la mort de votre fille, vous étiez très soucieux de votre apparence… Vous alliez sur des sites de vente de vêtements, d’épilation… ». L’accusé répond : « Je cherchais du travail : c’est important, dans la vente, de soigner son apparence ».


15h46: L’avocat général rappelle l’intervention de la police dans un hôtel où la famille logeait de manière provisoire. Ce jour de 2009, c’est donc une voisine qui alerte les secours pour des cris. « Quand la police arrive, on vous entend hurler à votre fils alors âgé d’un an « Ici, c’est moi qui fais la loi. Je gère ça à ma façon, et à ma manière ». Qu’en dites-vous ? » L’accusé bafouille et ne parvient pas à prononcer un mot.


15h40 : « Je n’ai jamais imaginé que mes enfants seraient placés à leur tour », ajoute Grégoire Compiègne, alias « Ashraf », le prénom qu’il a emprunté à un copain de foyer, pour lui rappeler ses origines tunisiennes.


15h35 : L’avocat général continue de poser des questions sur la personnalité de l’accusé. « Vous êtes né en décembre 1988, vous avez été placé en famille d’accueil l’année d’après et vous avez perdu votre nom en 1992. Vous avez toujours été suivi par des éducateurs, qu’en pensez-vous ? », « Pourquoi avez-vous tout le temps rejeté vos parents adoptifs ? ». L’accusé : « Tout ce que je voulais, c’était mon vrai père et ma vraie mère. Je voulais être comme tous les enfants, pas ce misérable qui ne partait jamais en vacances avec ses parents et qui restait avec des éducateurs ».


15h29 : Toujours interrogé par les représentants de la partie civile, l’accusé confirme : « Oui, je me prenais des coups de martinet tous les week-ends », quand il était enfant.

Pour l’accusation, l’avocat général se lève à son tour (et pour la première fois de la journée), regarde droit dans les yeux Grégoire Compiègne et lui demande : « Quels souvenirs avez-vous de votre mère quand vous étiez petit ? ». « Alors que je cherchais à connaître mes origines, on me disait que ma mère était une prostituée… Ceux qui m’ont adopté devaient en savoir plus que mois… » L’avocat général demande encore : « Pourquoi avez-vous choisi de vous faire appeler Ashraf ? ». Lui : « Je ne sais plus, j’ai dû avoir un copain qui s’appelait comme ça ». L’avocat général précise : « Ce prénom signifie » de noble ascendance «…» L’accusé : « Ah, je ne le savais pas ».

« Mon père biologique ? Je ne sais pas où il est. Je ne l’ai jamais recherché. Je suis dégoûté. J’aurais bien aimé qu’il soit là. »


15h23 : « Elle me montait la tête. Devant les services sociaux, elle disait que je ne savais pas changer une couche, que je ne savais pas faire ceci ou cela… J’en veux à ses parents. Si leurs relations n’avaient pas été aussi difficiles, ma fille Inaya serait toujours en vie ». Dans la salle d’audience, les observateurs poussent un soupir, dépités. Une autre représentante de la partie civile, qui conseille justement les grands-parents maternels d’Inaya, met l’accusé face à ses contradictions : « Sauf que vous n’arrêtez pas de dire qu’à chacune de vos disputes, votre ex-compagne se réfugiait chez ses parents… Si elle avait de si mauvaises relations avec eux, comment est-ce possible ? ». Grégoire Compiègne marmonne…


15h16 : « Elle [son ex-compagne] ne parlait jamais d’Inaya. Or, moi, j’y pensais tout le temps. Je n’ai pas su lui venir en aide. Elle était enterrée. Je l’ai cachée… Malgré tout ce qu’elle [son ex-compagne] a fait, je ne pouvais pas me détacher d’elle. J’avais encore des sentiments… »

 


15h06 : « Qu’est-ce que vous craignez de vous-même ? », demande encore le représentant de la partie civile à l’accusé. « Je voulais être un bon père. Je voulais être cool, mais aussi respecté. Quand j’allais être père, je ne me projetais dans rien d’autre que le bonheur ». L’avocat, toujours, veut savoir si le troisième enfant, une petite fille née après Inaya, était effectivement inattendu. « Votre ex-épouse a dit ce matin que c’était un oubli de pilule et qu’elle ne se savait pas enceinte… » « C’est vrai, répond-il. On ne l’attendait pas : on avait déjà un garçon, une petite fille… On a fait un test de grossesse : elle était enceinte de quatre mois… »


14h58 : Un avocat de la partie civile demande à l’accusé s’il a appris des choses, au cours de la procédure, sur l’histoire personnelle de son ex-compagne. « Il y a des choses, moi, que je ne lui avais pas dites. Je n’ai pas envie d’en parler… C’est plus… Non c’est… Je ne sais pas comment dire… C’est vraiment très personnel, très difficile… Là comme ça devant vous… » La présidente : « C’est vrai, il y a beaucoup de monde, c’est vrai. Mais c’est essentiel est que vous passiez par-dessus la pudeur que vous éprouvez peut-être, de toute façon, nous allons en parler. Lancez-vous ». Lui, toujours aussi suspect, gêné : « Je suis arrivé sur la région parisienne, vers Clichy [à l’adolescence], j’ai rencontré une personne avec qui on s’est lié d’amitié, je lui ai expliqué ma situation, je suis parti dormir chez lui et… voilà… » L’avocat arrive à la rescousse du jeune homme : « L’hébergement n’était pas gratuit. On a compris ». L’accusé, soulagé de ne pas avoir à développer : « Oui, voilà »


14h51 : Grégoire Compiègne poursuit : « Je ne pourrai jamais me pardonner d’avoir failli à mon rôle de père. Quand ma fille a perdu connaissance, je lui ai fait un massage cardiaque… » Il est interrompu par la présidente, qui le recadre : les faits seront abordés plus tard…

« Avez-vous des projets, quelle que soit la décision de la cour à l’issue des débats ? », demande la présidente. « Que justice soit faite à ma fille. »


14h46 : Le casier judiciaire de l’accusé fait donc mention de cinq condamnations. La présidente l’interroge désormais sur sa détention, depuis le 24 janvier 2013, au lendemain de la découverte du corps d’Inaya, enterrée en forêt de Fontainebleau. Pour la magistrate, qui a lu les rapports de l’administration pénitentiaire, « ça se passe bien ». Pour Grégoire Compiègne, qui affirme comme son ex-conjointe plus tôt dans la matinée avoir pensé au suicide, la détention « se passe mal ».


14h42 : « J’ai tapé mon fils. Je ne me le suis jamais pardonné et je ne me le pardonne pas à ce jour. Je sais que je l’ai tapé fort. Je n’aurais pas dû réagir de cette manière. En passant devant le juge, j’ai eu peur de perdre la complicité que j’avais avec mon fils… » En garde à vue, il avait menti en disant que son fils était seulement tombé de la baignoire… La présidente : « C’est une voisine qui a appelé la police. L’enfant hurlait, racontait-elle en ajoutant que plus il hurlait, plus vous le frappiez ». A l’audience, l’accusé avait reconnu avoir frappé son fils sur les fesses, « à cause de la pression » qu’il avait avec sa femme.


14h37 : La présidente continue d’énumérer les condamnations portées au casier judiciaire de Grégoire Compiègne, le père de la petite Inaya. « Le 1er octobre 2008, Pontoise encore. Vous êtes condamné à trois mois de prison avec sursis dans une affaire de violences avec une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours… sur une dame. Le 15 mai 2013, la cour d’appel de Douai, en votre absence, vous condamne à deux ans de prison dont un an et six mois avec sursis pour des violences en récidive sur… votre fils. »


14h31 : La présidente veut passer au crible le casier judiciaire « important » de l’accusé (celui de son ex-compagne est vierge). Le 13 février 2006, le tribunal pour enfants de Boulogne l’a jugé coupable de vol aggravé à Dunkerque. Le 12 octobre 2006 toujours, c’est à Pontoise cette fois qu’il est condamné à plus d’un an de prison pour une nouvelle affaire de vol aggravé, notamment par la circonstance d’une extorsion « avec violence », insiste la présidente. A l’époque, l’accusé était placé en foyer. Et impute les violences à ses camarades du foyer. Deux mois plus tard, Pontoise toujours, nouveau mandat de dépôt, pour un troisième vol aggravé…


14h25 : L’accusé est maintenant interrogé sur son rapport avec ses enfants. Il donne les dates de naissance de ses trois petits, en hésitant longuement sur le jour et le mois de naissance d’Inaya. « Mes enfants, c’est tout pour moi, c’est ma plus belle réussite. Le jour de leur naissance est un moment inexplicable… magnifique. C’était le fruit de notre amour. C’était le plus beau jour de ma vie. Vous anticipez la suite, vous pensez au temps que vous allez passer avec eux à rigoler, à ce que vous allez faire pour qu’ils sachent que vous les aimer. Je voulais m’investir, qu’ils voient que j’étais présent pour eux. Je leur demandais ce qu’ils faisaient à l’école… C’est important, la complicité avec ses enfants. »


14h23 : Toujours à propos de la mère de ses enfants, Grégoire Compiègne assure : « Elle était jalouse. Au début, j’aimais bien… Mais elle s’est mise à mentir. Tout ce que je veux, pour que ma fille puisse reposer en paix, c’est qu’elle assume ce qu’elle a fait ».


14h21 : « Je ne sais pas comment j’ai pu avoir des sentiments pour elle. Alors qu’elle a donné la mort à ma fille. »


14h14 : Ses défauts ? « Impulsif ». Une qualité ? « Je suis quelqu’un de joyeux ». Il poursuit : « Je ne me voyais pas me marier, avoir des enfants… Nos regards se sont croisés… Entre nous, ça s’est passé au feeling ». Il explique s’être présenté à Bushra Taher Saleh sous le prénom Ashraf (le prénom qu’il portait avant son adoption) : « Pour être accepté par sa famille, parce que ça ne se passait pas très bien. Ils nous ont dit que c’était haram – pêché – d’avoir un enfant en dehors des liens du mariage. On s’est mariés religieusement. Aujourd’hui, je suis très peu impliqué dans la religion. Aujourd’hui je considère que la vie est injuste: ma fille n’est plus là ».


14h08 : L’audition sur sa personnalité de Grégoire Compiègne, le père de la petite Inaya, se poursuit. Les mains jointes devant lui, le jeune homme âgé de 26 ans, barbe de trois jours, parle doucement au micro, devant une salle comble. Décrit comme « intelligent, contestataire et fugueur » lorsqu’il était enfant, il raconte : « L’école, je n’aimais pas. J’aurais aimé faire stewart. J’aurais aimé voyager, voir le monde ». Sur le peu d’emplois qu’il a occupés : « Peut-être, j’étais instable professionnellement parlant ». Il n’a obtenu aucune formation diplômante.


13h54 : La présidente demande à l’accusé de raconter à la cour et aux jurés son enfance. « J’ai été placé dans une première famille d’accueil. C’était très bien mais on m’a ensuite placé ailleurs, et séparé de mon frère. Là, ça ne se passait pas très bien. Et ça se passait très mal avec Monsieur et Madame Compiègne. J’avais peur du père, qui me frappait. La mère ne m’aidait jamais. C’est vrai qu’enfant, j’étais impulsif… » A propos de sa co-accusée, la mère de leur fille Inaya : « C’était la femme de ma vie. C’est pour ça que j’ai eu trois enfants avec elle. Je ne suis pas quelqu’un d’agressif ni de violent comme décrit dans le dossier ».


13h42 : L’audience reprend avec l’audition de Grégoire Compiègne, le père d’Inaya, accusé de sa mort et pour laquelle il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. « La pire chose qui me soit arrivée dans la vie, c’est la mort d’Inaya. C’est un échec dans mon rôle de père. »


12h30: L’audience est suspendue jusqu’à 13h30.


12h27 : « Si je pouvais retourner en arrière pour faire quelque chose pour protéger mes enfants, Inaya, je serais toute seule devant la cour d’assises aujourd’hui ».


12h23 : « C’est vrai qu’il m’achetait des habits de temps en temps et qu’il offrait des cadeaux à mes enfants, parfois. Mais lui, il allait chez le coiffeur toutes les semaines et s’habillait avec des vêtements de marque. Il me considérait comme un meuble. Il me répétait que je ne servais à rien. Il m’insultait, me frappait, moi et mes enfants. Ma liberté, c’est quand il n’est pas là. Je ne le considère plus comme mon mari, je ne le considère plus comme le père de mes enfants. »


12h17 : Me Jean Chevais, l’avocat de l’accusée, demande à sa cliente si elle a allaité ses enfants. Bushra Taher Saleh a allaité son fils aîné et Inaya. « Mais j’ai dû arrêter car mon lait n’était pas assez riche. » « Et quand vous travailliez, votre paie, elle arrivait sur un compte joint ? » « Oui, je n’avais pas de compte à moi. Et c’est lui qui le gérait. Quand j’allais au travail, il ne me laissait rien, ni ma carte bancaire, ni un euro pour prendre un café. Lui, il s’achetait des jeux vidéos, consoles… »


12h13 : L’avocat de Grégoire Compiègne demande à Bushra Taher Saleh : « Pensez-vous que tous les parents giflent leurs enfants ? ». L’accusée, dubitative, répond : « Je suis née en 1986, vous voyez… Même mes parents ont reçu des gifles de leurs propres parents. Ce ne sont que des gifles, des petites gifles, rien d’autre ».


12h03 : Question de Me Marie Grimaud, représentante de l’association de protection de l’enfance Innocence en danger : « Vos enfants avaient-ils des jouets ? Des doudous ? ». L’accusée répond par l’affirmative. Elle se rappelle aussi que son compagnon lui interdisait de voir sa famille pendant les deux ans où ils ont vécu ensemble. Elle a du mal à se souvenir du premier anniversaire de son garçon aîné. Sur les problèmes d’hygiène constatés par les services sociaux, elle se défend : « Quand vous travaillez toute la journée, que vous rentrez fatigué, que vous avez tellement de choses à faire et que vous ne pouvez compter sur personne… Voilà… C’est vrai que… », pleure-t-elle sans pouvoir finir sa phrase.

 


11h55 : Reprise de l’audience. L’un des six représentants de la partie civile a trois questions à poser à la mère de la petite Inaya, sur ses rapports avec le père de ses enfants. Financièrement, religieusement et au niveau de l’état civil. « Êtes-vous toujours mariés religieusement ? » « Oui. » « Vous avez déclaré: «Inaya, moi, je ne l’ai pas connue. On me l’a prise à un mois, on me l’a rendue à un an. Elle était avec son père: je travaillais». Quel âge avait-elle quand vous vous énerviez sur elle ? » « Un an et demi. Je me suis énervée quand elle m’appelait «Vivi», comme si je n’étais pas sa maman, mais je ne l’ai jamais tapée. »


11h38: Un juré vient de demander à la présidente de suspendre l’audience, dix minutes.


11h35 : « Je veux que Monsieur Compiègne [son ex-compagnon, co-accusé] reconnaisse que mes enfants étaient battus. Je veux que tout le monde sache la vérité : j’étais battue, mes enfants aussi. Je suis en détention c’est vrai, mais je me sens libre : Monsieur Compiègne n’est plus là pour me faire taire ».


11h26 : « Comment se passe ma détention ? Au début, je voulais en finir, rejoindre ma fille Inaya. Et puis j’ai décidé de faire justice à mes enfants. Je veux que la vérité éclate. »


11h21 : La présidente continue d’interroger la mère d’Inaya sur sa personnalité. Après l’enfance « rebelle », les études écourtées, les petits boulots et la rencontre avec le père de ses enfants, qu’elle décrit comme violent et manipulateur, Bushra Taher Saleh décrit la relation qu’elle avait avec son fils aîné. « J’ai accouché sans péridurale, Monsieur Compiègne voulait ça, par rapport à la religion. C’est d’ailleurs lui qui a choisi le prénom de mes trois enfants. »


11h18 : « Il me rabaissait tous les jours. Devant mes enfants. Il m’insultait devant eux. Je me prenais pour une merde. Une personne qui ne sert à rien. Moi-même, avec le recul, et en détention depuis janvier 2013, je n’arrive pas à comprendre comment j’ai vécu tout ça, comment je n’ai pas pu me défaire de cette situation, comment je le défendais tout le temps devant mes parents. »


11h13 : « Avec lui, c’était beau les six premiers mois. Et puis ça s’est enchaîné. Quand il n’était pas content, il me frappait. Mes parents ont vu les bleus que j’avais. Il me tapait à chaque fois que j’étais enceinte, d’ailleurs. Il m’a frappée pendant la grossesse des trois enfants. J’étais souillée. Il me menaçait de mort. Il me menaçait de ne plus voir mes enfants. J’avais peur pour ma vie, j’avais peur pour leur vie. Quand je partais, il me faisait revenir. Et quand je revenais, il me frappait. Et il me disait « Ah t’as vu, je t’ai bien eue ». J’étais sous son emprise, j’étais soumise. »


11h10 : « Monsieur Compiègne ? Non, ce n’était pas mon premier amour. Mais nos regards se sont croisés un jour au travail… c’est de là que c’est parti. Il m’a raconté avoir été violenté par son père durant son enfance. Il m’avait donné un faux nom, au début. Il habitait dans un foyer, n’avait pas de travail. Je comprends. Ce qui compte pour moi, c’est ce qu’on a dans le cœur. Je suis tombée sous le charme, oui. »


11h04 : « J’ai toujours travaillé, même quand je devais me reposer après l’accouchement. Je n’avais pas le choix : il nous fallait de l’argent. Pour nourrir les enfants… » L’accusée décrit ce jour où il lui a mis un couteau sous la gorge : « J’avais tellement peur de lui… Il m’insultait, le frappait, me menaçait. J’ai porté plainte une fois et puis, comme je suis manipulable, et qu’il sait y faire, je suis retournée vivre avec lui. Par crainte ».


10h59 : L’accusée poursuit : « Je voulais soigner les gens, m’occuper d’eux, j’aimais ça. Mais comme je n’avais pas de bonnes notes, j’ai suivi une formation de secrétaire médicale. J’ai commencé à travailler à 18 ans. J’ai passé deux ans chez Quick, j’ai été vendeuse, serveuse en hôtellerie… j’ai continué à travailler enceinte. Je n’avais pas le choix : Monsieur Compiègne (le père de ses enfants) refusait de travailler ».


10h50 : La présidente aborde la personnalité des accusés. C’est Bushra Taher Saleh qui est la première interrogée. Agée de 29 ans aujourd’hui, la jeune femme décrit une adolescence difficile, au sein d’une famille aimante. Née au Yemen d’une mère d’origine vietnamienne et d’un père d’origine saoudienne, elle est arrivée en France à 2 ans et a été élevée de manière « stricte », dit celle qui se décrit comme « rebelle ». « Je disais à me parents que j’allais à l’école mais je séchais les cours pour traîner avec mes copines… En grandissant, j’ai compris pourquoi ma mère était stricte. Je croyais être forte mais je suis influençable, manipulable. »


10h35 : L’accusée, les cheveux noués en chignon et vêtue de noir, se lève. La présidente lui rappelle la sanction maximale, 30 ans, et la peine minimale qu’elle encourt, un an.
A son tour, l’accusé, en chemise blanche, se lève. « Les faits se seraient produits le 19 août 2011. Vous êtes en état de récidive. Si vous étiez déclaré coupable, vous risqueriez la réclusion criminelle à perpétuité. Spontanément, vous avez des déclarations à faire ? ». « Non, je ne suis pas l’auteur des violences qui ont causé la mort de ma fille. Je ne suis pas responsable de sa mort. Mais c’est vrai, je n’ai pas appelé les secours ».

La présidente pose à l’accusée la même question. Elle répond : « Je n’ai pas d’observations à faire ». Ni Grégoire Compiègne, ni Bushra Taher Saleh n’est « responsable » de la mort d’Inaya.


10h26 : « Lors de la reconstitution, l’accusé a expliqué que sa compagne avait brûlé Inaya dans la baignoire », poursuit la présidente. « L’accusée, elle, si elle reconnaît avoir donné des claques à la petite, indique que c’est à la suite des coups portés par le père que l’enfant ne bougeait plus… »

 


10h18: «Le placement des enfants a été levé le 19 août 2011, la situation sociale des parents s’étant stabilisée. Jusqu’en février 2012, les services sociaux ont effectué trois ou quatre visites au domicile familial, où ils n’ont pas vu Inaya. L’enfant n’avait pas été vue depuis la levée de son placement», lit la présidente.

 


10h12: En 2009, alors que l’accusée était enceinte d’Inaya, elle s’était réfugiée dans un centre du Val-d’Oise pour ne plus subir les coups de son compagnon, qui la frappait elle et leur jeune fils. Bushra Taher Saleh a fini par retourner vivre avec lui. La famille a déménagé à Calais, puis est partie s’installer en Corrèze, avant d’arriver en Seine-et-Marne début 2010, où elle bénéficiait d’une mesure éducative.

 

 


10h07 : Brûlures, coups sur le ventre portés avec une louche, coups de pied, gifles… Le couple, en garde à vue, s’est rejeté la faute des violences commises sur Inaya, qu’ils ont enterrée tous les deux avant de se faire la promesse de ne jamais parler de son décès, « pour ne pas aller en prison ».

 


10h03 : Inaya a été enterrée dans trois sacs poubelles par ses parents, qui ont indiqué l’endroit où ils l’avaient cachée un an plus tôt… Le père a dit : « Inaya a été placée en famille d’accueil à l’âge de 3 semaines et elle y est restée pendant un an. Je ne l’ai pas encaissé. On s’était promis avec Bushra de ne plus en parler ».

 


10h00: Selon l’acte d’accusation, la mère d’Inaya a expliqué lors de sa garde à vue, le 23 janvier 2013, que la mort de la petite était due à un accident.


9h51 : La mère de la petite Inaya, le regard baissé, essuie les larmes qui coulent sur ses joues. Elle est installée à deux mètres du père de ses enfants, qui regarde la cour, pendant la lecture de l’acte de renvoi devant la cour d’assises. Le grand frère d’Inaya a raconté à la police, en décembre 2012, avoir peur des « corrections » infligées par son père… Ce dernier a d’ailleurs été condamné pour des violences commises en état de récidive sur son garçon.

 


9h42 : L’audience est reprise, annonce la présidente de la cour d’assises de Seine-et-Marne, suivie par les assesseurs et les jurés tirés au sort, jeudi matin, avant le drame. La présidente demande à ce propos à l’un des avocats de la défense s’il a des nouvelles du bâtonnier, Me Henrique Vannier, sur qui un avocat a tiré à trois reprises en plein tribunal, dans les locaux du Conseil de l’Ordre… « Il va bien », répond le défenseur des parents d’Inaya.


9h30: Le public, nombreux, a pu entrer dans la salle d’audience. L’oncle de la petite Inaya, qui ne l’a jamais vue et qui s’est constitué partie civile pour savoir qui était sa nièce, est assis derrière les avocats. Il prend des notes.

 


9h22: Après la journée éprouvante de jeudi – un avocat a tiré sur le bâtonnier de Melun avant de se suicider en plein tribunal -, les conseils des parties civiles et de la défense reprennent place dans la salle d’audience.

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