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Valeurs Actuelles Pédophilie : La mémoire courte de la gauche

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Pédophilie. La curée médiatique contre Mgr Barbarin instruit à charge. Sans doute parce qu’il s’agit autant de faire payer à l’Église son engagement contre le “mariage gay” que de lutter contre une pédophilie vis-à-vis de laquelle une certaine gauche a longtemps eu des indulgences coupables.

« Les scandales de l’Église de France », affiche Marianne en couverture, le 18 mars. La semaine précédente, l’Obs titrait « Pédophilie, le silence de l’Église ». À en lire les gros titres, l’affaire est entendue : Mgr Barbarin serait forcément coupable et, au-delà, l’Église catholique tout entière, de couvrir les agissements de prêtres pédophiles. Qu’importe que Mgr Barbarin ne soit mis en cause que pour sa gestion de la carrière de prêtres accusés de faits très antérieurs à son accession à l’archevêché. Qu’importe que, lorsqu’il a eu connaissance d’abus récents, il ait à chaque fois suspendu le prêtre incriminé et alerté la justice. Qu’importe encore que, sous Benoît XVI, l’Église —première institution à prendre ainsi le problème à bras-le-corps —, ait mis en place, certes tardivement, une “tolérance zéro” sur ces questions : il faut absolument démontrer que, comme l’a dit la secrétaire d’État Juliette Méadel, « alors même que dans toutes les institutions de la République, la lutte contre la pédophilie est mise en place et assumée, l’Église continue de traîner les pieds »…

Manuel Valls a appelé Mgr Barbarin à « prendre ses responsabilités ». Juliette Méadel a été plus explicite affirmant que, « bien évidemment », il devait démissionner. De telles exigences n’ont pourtant pas été émises à l’égard de Najat Vallaud-Belkacem quand, le 19 février, elle a dû reconnaître qu’un enseignant de l’Éducation nationale, mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, avait déjà été condamné pour des faits similaires en Grande-Bretagne…

Pourquoi cette violence à l’égard de l’Église ? L’éditorial de Matthieu Croissandeau dans l’Obs du 17 mars nous met sur la voie : « Quand on se souvient de la récente croisade des prélats — cardinal Barbarin en tête — contre le mariage gay, au nom de la défense des enfants et à grand renfort d’arguments fallacieux et insupportables, on se dit que l’hypocrisie de sacristie a encore de beaux jours devant elle… » Pour certains, l’indignation devant l’horreur pédophile semble aussi un prétexte à régler des comptes avec une Église coupable de ne pas être assez ouverte à la modernité en général et à l’homosexualité en particulier. Libération, dans son édition du 17 mars, le confirme : « L’Église, qui entendait protéger les enfants avec la Manif pour tous, serait-elle moins tendre avec ses propres petits fidèles ? »

Ce numéro de Libération est titré « Rappelle-toi, Barbarin » : le quotidien bobo se souvient-il du temps où il faisait l’apologie de la pédophilie, notamment dans une page du 5 novembre 1977 titrée « Apprenons l’amour à nos enfants », illustrée d’un dessin ignoble ? Que le 20 juin 1981, il publiait l’interview d’un homme décrivant ses pratiques sexuelles avec une fillette de 5 ans ?

En 1977, comme Libé, Charlie Hebdo prenait la défense de trois hommes emprisonnés pour pédophilie. Le journal qui, des décennies plus tard, ne cessera de caricaturer les prêtres en violeurs d’enfants, appelle alors tous ses lecteurs qui « aime[nt] les petites filles et les petits garçons » et leurs « ciels de cuisses tendres et sans duvet » à rejoindre le combat en faveur de ces hommes « emprisonnés […] pour amour à enfants ». Une pétition en leur faveur, qui plaide un improbable “consentement” des enfants et proclame : « Trois ans de prison pour des baisers et des caresses, cela suffit ! », recueille des signatures prestigieuses : Aragon, Kouchner, Glucksmann, Jack Lang, Sollers, Sartre et Beauvoir… Même succès pour un autre texte, quelque temps plus tard, qui réclame une modification profonde des articles du code pénal réprimant le détournement de mineur, et « une reconnaissance du droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec les personnes de son choix »…

C’est l’époque aussi où celui qui allait devenir l’icône de la gauche écolobobo, Daniel Cohn-Bendit, reprenant une confession faite en 1975 dans son livre le Grand Bazar, proclame sur le plateau d’Apostrophes, le 23 avril 1982 : « Quand vous avez une petite fille de 5 ans qui commencent à vous déshabiller, c’est fantastique, car c’est un jeu absolument érotico-maniaque. » Des propos reniés plus tard par Daniel Cohn-Bendit, « en fonction de ce que nous savons aujourd’hui ». De même Sorj Chalandon, dans un article de Libération du 23 février 2001, en forme de mea-culpa collectif, explique les anciens délires pédophiles de son journal par un « vertige commun » à cette époque contestataire. À gauche, on est toujours plus indulgent avec soi-même qu’avec les autres.

 

Photo: Daniel Cohn-Bendit à « Apostrophes » en 1982, quand il trouvait « fantastique » de se livrer à des jeux érotiques avec une fillette. Photo © INA

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