Le 30 août 2018 se déroulait au Tribunal de Saintes le procès en correctionnelle de Stan Maillaud, Janett Seemann, Sandrine Gachadoat, Sylvie Peilleron, Jérémy Lehut et Christophe Borja.
Ils étaient accusés d’avoir, courant 2012, participé à un regroupement en vue de l’enlèvement des 3 enfants de Sandrine. La sentence encourue annoncée est de 30 ans de réclusion.
Seuls étaient présents à l’audience Christophe (Tof) et Jérémy (Djé), dans une petite salle à moitié remplie d’une quarantaine de personnes. Stan, Janett et Sandrine n’étaient pas représentés par un avocat ; Sylvie était absente mais représentée. Du côté de l’accusation, la constitution de partie civile de l’ex-mari de Sandrine et de sa plus grande fille majeure Léa a été acceptée par la cour, ils étaient représentés par 2 avocats.
Environ une quinzaine de militants anti-pédocriminalité furent peu à peu évacués de la salle durant la première demi-heure du procès, pour avoir exhibé des pancartes de soutien à Sandrine ou pour être intervenus oralement, mais la salle n’a pas été évacuée. Une dizaine de forces de l’ordre étaient répartis à l’intérieur et à l’extérieur de la salle. Dès l’annonce de la peine encourue, pour avoir sorti une pancarte, deux premiers militants furent évacués à la demande d’un homme en tenue de magistrat qui semblait avoir pour rôle de surveiller le public.
La séance se poursuit par l’énoncé des personnalités des accusés, d’abord ceux qui étaient présents.
Jérémy, 34 ans, diplômé en infographie, sans emploi depuis 2011 et condamné pour diffamation en 2013. Il a effectué 19 jours de détention provisoire dans le cadre de l’affaire Gachadoat. Il affirme s’être écarté quand la Présidente lui demande s’il est toujours dans la mouvance anti-pédophilie.
Christophe, 38 ans, travailleur handicapé. A la lecture de ses condamnations pour outrage, refus de contrôle, rébellion, le Procureur lui demande plusieurs fois s’il est rebelle contre la société. Christophe répond par la négative, évoquant une mauvaise période de sa vie qu’il raconte brièvement.
Sylvie, 56 ans, gérante d’une SARL de vente d’arbres, et dans son casier une condamnation pour usage de faux et pour travail dissimulé.
Sur le fond, Madame la Présidente explique que l’affaire concerne plusieurs histoires qui se croisent, et que les enfants de Sandrine Gachadoat sont le lien avec sa juridiction, ce pourquoi les prévenus sont jugés à Saintes et non pas dans le nord-est, là où les premières arrestations ont eu lieu.
Puis elle rappelle le parcours de Sandrine :
2006 : Sandrine accuse la mère de son mari d’attouchements sexuels sur sa fille Léa, ses accusations sont classées sans suite.
2007 : Elle met en cause son époux, qui entame une procédure de divorce.
2008 à 2010 : Sandrine s’enfuit avec ses enfants.
Puis ils sont retrouvés et Sandrine est envoyée en psychiatrie. Jamais jugée, elle est déclarée irresponsable et privée de son autorité parentale.
La Présidente souligne l’impact de l’enlèvement sur les enfants. Une partie de la salle réagit de nouveau, demandant « pourquoi les pédophiles n’ont pas de jugements ? » Deuxième série d’évacuation, de quelques personnes. D’autres militants poursuivent, « Sandrine Gachadoat est innocente! », et trois personnes supplémentaires sont accompagnées dehors. De nouveau, certains crient, entre autres, à l’impartialité d’un tribunal composé de franc-maçons, et 4 militants se font sortir.
Reprise, la Présidente cite des déclarations de Léa, la grande fille de Sandrine, lorsqu’elle aurait décrit leur cavale. Elle serait consciente que sa maman est en difficulté, et sont évoqués des moments de ruptures, des problèmes d’hygiène, de nourriture, de déscolarisation, de mobilité permanente. Elle redouterait une nouvelle irruption de sa mère.
La Présidente poursuit en expliquant que le dossier du jour concerne une seconde menace d’enlèvement. En parallèle, il y a Stan Maillaud, qui a créé un mouvement sur Internet pour lutter contre la pédocriminalité, et dont l’action est fondée sur l’existence d’une organisation maçonnique qui protégerait les pédocriminels via la police, la justice, etc. Stan Maillaud a pour but de sortir les enfants pour les mettre à l’abri. Il est déjà passé à l’acte et a été condamné à 1 an de prison pour l’affaire Vincent. La juge évoque un contexte de divorce, une grand-mère impliquée, un enfant enlevé et retrouvé quelques semaines plus tard, et un médecin qui dit avoir été manipulé. Une condamnation à 1 an de prison à La Réunion et aussi mentionnée dans son casier judiciaire.
La juge décrit un personnage ombrageux, et dont on sait peu de choses à part ce qu’il publie sur le net ; un gendarme qui a démissionné à cause de pratiques non-conformes à ses convictions.
Une condamnation à Madagascar est aussi répertoriée.
Puis, Stan Maillaud crée un mouvement qui est toujours très actif, le RRR. A part à Perpignan il a toujours échappé à la justice. Il est ciblé par un mandat d’arrêt européen, et serait actuellement au Vénézuéla selon ses vidéos postées sur Youtube.
Puis vient la lecture d’un courrier que Stan Maillaud a envoyé au juge d’instruction en mai 2015. Se présentant comme chef présumé de l’association de malfaiteurs, il dénonce, comme dans ses vidéos, une machination crapuleuse. La Présidente qualifie ce courrier de délire, et reproche à Stan Maillaud de ne pas être présent ce jour. Elle poursuit la narration par la rencontre de Stan et Jannett qui aurait eu lieu en 2005 / 2006. Janett, cadre de banque à l’époque, serait tombée sous le charme, subjuguée par Stan Maillaud, et aurait consacré ses 50,000 € d’économies à ses projets. La présidente poursuit sur la nature des projets, ayant pour principal objectif de rechercher et cibler les enfants victimes. Les moyens matériels et financiers proviendraient de dons de sympathisants.
En 2012, Stan Maillaud aurait fait le connaissance de Sylvie Peilleron, maman privée de son fils enlevé vers l’Algérie.
Tof (Christophe Borja) est à la barre. Il a rencontré Stan Maillaud en surfant sur Internet, sur des forum, en faisant des recherches sur la pédopornographie. La Présidente lui demande s’il est concerné personnellement. A sa réponse négative, elle lui demande pourquoi il s’est intéressé à ce sujet. Tof répond qu’il ne pensait pas que c’était possible en France à notre époque, et qu’il s’est laissé convaincre principalement par le reportage suivi d’un débat d’Élise Lucet « Viols d’enfants, la fin du silence » diffusé sur France 3 en 1999, et par le reportage de Karl Zéro « Zandvoort, le fichier de la honte », qui dénonce un réseau pédopornographique international. Il rappelle le sérieux incontesté de ces deux journalistes. Invité à argumenter, Tof précise que dans le reportage d’Élise Lucet, on trouve une maman qui dénonce des viols et dont l’affaire est classée. 18 mois d’enquête journalistique ont démontré qu’un réseau protégeait le père, la mère a du s’enfuir de France pour protéger ses enfants, ces choses ne sont pas normales, et cette affaire ressemble à l’affaire Gachadoat.
La Présidente lui demande de nouveau en quoi ça le concernait, et pourquoi il a voulu aller plus loin. Tof répète qu’on est en France et que normalement ce n’est pas possible, qu’il est tombé de haut. Il mentionne de nouveau le sérieux d’Élise Lucet et Karl Zéro quand la Présidente lui demande s’il a été convaincu de l’existence des réseaux pédocriminels, si c’était crédible. Puis elle rappelle que Stan Maillaud n’est lui pas journaliste. Elle affirme que Tof a été séduit par lui, elle lui demande pourquoi, et ce qui lui a plu en ce personnage ; il évoque alors le premier reportage réalisé par Stan, « les réseaux de l’horreur », qui présente des éléments convaincants.
La Présidente : « Vous affirmez qu’il y a des réseaux ? »
Tof « Je n’affirme rien, je questionne »
La Présidente : « Comment vous vous contactez ? »
Tof raconte qu’après une perte d’emploi il surfait beaucoup sur le net et qu’il fit la connaissance de Jérémy sur Facebook, sur la page « rassemblement contre la pédocriminalité ». Puis il eut des contact avec d’autres militants.
La Présidente reprend la lecture des procès verbaux dans lesquels Tof déclare avoir été contacté par Stan Maillaud en août 2012 et l’avoir rencontré vers Montendre, où il lui a parlé de l’affaire Gachadoat. Pour la Présidente, « on est sur une affaire, comme les pros ! ». Tof précise qu’il connaissait déjà le dossier Gachadoat qu’il avait vu sur le net. Madame la Présidente lui reproche alors d’utiliser des termes professionnels comme « affaire » ou « dossier », et lui suggère d’utiliser plutôt des mots plus courants comme « articles (de presse)».
Elle poursuit la lecture, Tof avait déclaré que Stan et Janett voulaient vérifier les accusations de Sandrine, et qu’ils lui ont demandé s’il pouvait les aider à finir l’enquête. « Vérifier quoi ? » interroge la Présidente. « C’est malin ce que vous dites, vérifier qu’il est pédophile ? » « C’est pas ça le job du 16 au 21 août que vous avez fait ? » « Quelle aide ? »
Tof : « J’ai surveillé la maison trois fois »
La Présidente : « Ce n’est pas ça vérifier, ce n’est pas le plan »
Tof : « C’était pour voir s’il y avait des gens, du passage, des soirées … »
La Présidente : « Votre téléphone a été noté là-bas »
Tof : « J’ai dit la vérité »
La Présidente : « Que faites-vous exactement ? Qu’est-ce que Stan et Janett vous donnent à faire ? »
Tof : « Surveiller les allers-retours, les véhicules de luxe, les trucs louches »
La Présidente « Qu’est-ce qui est louche ? »
Tof : « Des choses anormales , la venue d’autres enfants (…) »
La Présidente : « C’est la première fois ? »
Tof : « C’est la première fois »
La Présidente : « Vous ne trouvez pas bizarre de faire ça ? Et pourquoi les véhicules de luxe ? Quel est le lien, pour Stan Maillaud, entre voitures de luxe et réseaux pédophiles ? L’affaire d’Angers par exemple, concernait des pauvres. Quel matériel aviez-vous ?
Tof « Juste un carnet et un stylo»
La Présidente : « Alors, qu’est-ce que vous avez trouvé ? »
Tof : « Rien »
La Présidente : « Qu’est-ce qui était prévu après ? »
Tof : « Ils avaient réussi à interroger les enfants de Sandrine. Je ne pouvais pas rester plus longtemps. Il ont dit que pour ce dossier il n’y avait pas assez d’éléments, et qu’ils attendaient la vidéo de la procédure Mélanie ».
La Présidente : « Savez-vous ce que c’est ? »
Tof : « Oui, c’est une procédure légale d’audition filmée pour les enfants qui témoignent de viols. Stan n’a jamais obtenu cette audition»
La Présidente : « Qu’est-ce qui était prévu après ? »
Tof : « Je ne sais pas, il n’y avait pas d’enlèvement prévu. Restent ma conscience, mon devoir de citoyen et ma volonté d’aider Sandrine et ses enfants »
La Présidente : « Ses accusations ont été classées sans suite en 2008. Il y a un fossé entre Internet et la réalité des procédures. Vous saviez que Stan Maillaud a la volonté de mettre des enfants à l’abri.
Tof : « Il ne fait pas que ça, il fait des reportages aussi dont le dernier avec 11 témoignages de mamans, dont celui de Sandrine»
La Présidente : « Vous étiez au courant de l’affaire Vincent ? »
Tof : « Oui » . Christophe rappelle qu’une magistrate substitut du procureur de Bobigny, Martine Bouillon, a caché pendant un mois le petit Vincent et sa grand-mère chez elle, mais aussi que Martine Bouillon a témoigné dans le reportage débat d’Elise Lucet, « viol d’enfants la fin du silence », dénonçant des charniers d’enfants en plein Paris. La Présidente rétorque que Martine Bouillon n’est plus magistrate et poursuit.
La Présidente : « Que faites vous après ? Vous coupez les ponts ? »
Tof : « Je rentre chez ma sœur, et reste en contact avec Jérémy. J’avais parlé de l’affaire Joy à Stan Maillaud. En septembre il monte sur cette affaire et me sollicite avec Jérémy. Il voulait interroger Joy, je me suis retrouvé à Amancey »
La Présidente : « Joy K. a rencontré Jérémy et Janett. Stan Maillaud se convainc qu’elle est victime d’un réseau pédo-sataniste, mais Joy dément, elle dit qu’elle ne comprend pas, qu’elle a bien été victime mais à l’age adulte et hors milieu familial. Vous allez m’expliquer : le 22 septembre dans le Doubs, lors d’un contrôle, vous êtes le chauffeur, Stan Maillaud présente un copie de sa pièce d’identité et s’échappe. Vous, vous restez. Vous dites aux policiers que vous étiez là pour un projet de ferme bio. C’était bidon ?»
Tof : « Oui »
La Présidente : « La camionnette Mercedes est à vous ? Que faisiez vous ? »
Tof : « Oui elle est à moi. Stan voulais interroger Joy par rapport aux informations recueillies par Jérémy, il m’a demandé de l’accompagner »
La Présidente : « Dans le carnet de Stan Maillaud on trouve des phrases telles que « action offensive », « récupération des 3 enfants », rétablissement justice », les options d’action sont de « kidnapper adultes », « faire avouer » et « chercher preuves » par « contrainte, enlèvement, séquestration, torture psy » …
L’avocate de Tof intervient pour rappeler que son client n’a pas écrit ces lignes.
La Présidente : « Je n’ai jamais dit ça. Dans la description, vous êtes cité parmi les trois équipes pour une intervention . Y-a-t-il trace de vos surveillances dans le carnet ? »
Tof : « Non, je n’ai jamais écrit sur ce carnet »
La Présidente : « Vous n’aviez jamais vu ces carnets avant ? »
Tof : « Non »
Le Procureur intervient: « Pourtant d’après les procès-verbaux les carnets étaient visibles dans le véhicule »
Tof : « Alors il y a un problème »
La Présidente : « Les carnets ont été retrouvés sur le siège »
Tof « Je n’ai jamais lu ce carnet. Stan Maillaud est une personne qui cogite beaucoup. Je ne savais pas être dans le « schéma d’action », « monter une équipe » devait faire partie de ses multiples projets incroyables. A ma sortie de garde à vue la police a insisté pour que je récupère les affaires de Stan ». Tof insiste encore sur l’absence des carnets sur le siège, et répète qu’ils étaient dans des sacs à dos, dans le coffre du véhicule. Il demande à voir les procès verbaux de ses déclarations, stipulant qu’il n’aurait jamais signé une autre version.
La Présidente : « Vous êtes dans le schéma : « Tof chauffeur », « guetteur », « camion » et « 1000 euros ». De quoi il vous parlait si ce n’est pas d’enlèvement ? »
Tof : « Il me parlait des affaires, du monde de merde, il essayait de me convaincre. Il aurait pu enlever mais il ne l’a pas fait »
La Présidente : « Pourquoi votre fourgon l’intéressait ? »
Tof : « Parce-qu’il est pratique pour planquer et surveiller »
La Présidente : « Votre fourgon Vito est-il fermé ou y a-t-il des fenêtres ? Il est vachement bien pour enlever des enfants non ? Vous avez été dupé ? Vous tombez des nues ? Jamais vous n’aviez imaginé que … ?
Tof : « Non il n’y a pas de fenêtres »
La Présidente : « Vous saviez qu’il fait ça, il l’a déjà fait»
Tof : « Je n’aurais jamais participé à ça »
La Présidente : « Il vous fait du bourrage de crâne ? »
Tof : « Stan Maillaud dit de Jérémy et de moi que nous sommes des agents. Je reconnais que je n’aurais jamais dû me retrouver là-dedans »
Le Procureur intervient de nouveau : « Vous dites que vous n’aviez pas cerné le personnage, et qu’il avait des propos violents, violents par rapport à la société. Imaginons que pendant vos surveillances la petite Léa sorte avec un œil au beurre noir, que faites-vous ? Ou s’il y a des voitures de luxe, que faites-vous ? Vous avez passé des soirées avec Stan Maillaud mais vous n’avez pas parlé de ça !? »
Tof : « Peut-être qu’il voulait se servir de moi »
Le Procureur : « C’est un ex-gendarme, et donc ça l’autorise à enquêter ? »
Tof : « Je me suis douté que oui »
L’avocate de Tof intervient pour demander à la cour s’il est illégal de surveiller une maison.
Pas de réponse
Le Procureur enchaîne : « Stan Maillaud soutient Sandrine Gachadoat, contrairement à ce que vous dites »
Tof : « Sur le moment il n’avait pas assez d’éléments »
Le Procureur : « Il était donc possible qu’il revienne »
Tof : « Possible… »
L’avocat de l’ex-mari de Sandrine intervient: « Jérémy L. a dit que Mme Gachadoat voulait récupérer ses enfants par tout moyen, en dehors de la justice… »
Tof : « Jérémy avait des doutes sur l’affaire, le reste je n’étais pas au courant »
La Présidente : Pourquoi être resté en contact avec Jérémy ? »
Tof : « Pour l’affaire Joy »
L’avocate de Jérémy reprend la parole pour citer Joy : « J’étais victime, je cherche des personnes pour parler de ça »
L’interrogatoire de Tof se termine, et la Présidente rappelle la frustration du tribunal du fait que Stan Maillaud ne soit pas là.
C’est au tour de Jérémy d’être questionné. Il fut interpellé avec Janett.
La Présidente lui demande d’abord pourquoi il s’intéresse au sujet, il évoque le cas de sa petite sœur. La Présidente lui demande si justice a été faite pour elle, il répond que oui.
A la question de sa rencontre avec Stan et Janett, Jérémy évoque une rencontre hasardeuse : alors que d’autres militants devaient venir le chercher pour une rencontre, c’est le couple en question qui s’est présenté au rendez-vous, Stan et Janett, ce n’était pas prévu.
La Présidente : « Un hasard ? Vous connaissiez son site internet »
Jérémy : « Oui »
La Présidente : « Et vous vouliez travailler avec lui »
Jérémy : « Je pensais aller à un point A et faire des vérifications. Il ne m’a jamais parlé de faire un rapt d’enfant. Pour moi le cas de Vincent était une exception, c’est délirant d’enlever des enfants. Stan Maillaud est un enquêteur parallèle, je ne le voyais pas comme vouloir faire ça. »
La Présidente : « Vous rencontrez Sandrine Gachadoat grâce à David son compagnon, de quoi vous parlez ? »
Jérémy : « On ne parle pas trop du dossier, car elle renvoie toujours vers un fichier word qui détaille son affaire »
La Présidente : « Vous avez dit qu’elle voulait récupérer ses enfants par tous les moyens sauf légaux »
Jérémy : « Je ne pensais pas que Sandrine récidiverait. Entre la parole et les actes il y a un monde »
La Présidente : « Stan Maillaud vous en a parlé »
Jérémy : « Stan et Janett m’ont parlé de deux dossiers. Ils ne croyaient pas à l’affaire Gachadoat »
La Présidente : « Ils n’avaient pas parlé d’enlèvement mais vous avez déclaré que « ça devait flotter dans leurs têtes »
Jérémy : « Entre les paroles et les actes … c’est délirant de faire ça »
La Présidente : « Vos relations avec Christophe B. sont essentiellement sur l’affaire Joy. Et vous avez des contacts téléphoniques réguliers avec Sandrine Gachadoat. Vous dites qu’elle n’est pas fiable mais vous continuez »
Jérémy : « Elle a tenu des propos incohérents à partir du second rendez-vous »
La Présidente : « Sur Facebook, alors que Stan avait disparu, vous avez écrit « à nous de faire le boulot maintenant »
Jérémy : « Je ne me rappelle pas. Je n’aurais jamais fait ça (enlever des enfants) »
La Présidente : « Vous étiez au courant de l’histoire de Sylvie ? »
Jérémy : « Oui »
L’avocat de l’ex-mari de Sandrine dit que Jérémy a parlé de l’affaire Gachadoat avec Christophe.
Jérémy répète qu’il ne pensait pas que Sandrine préparait un enlèvement, qu’elle récidiverait.
Le Procureur se dit étonné que la téléphonie montre que Jérémy était en contact avec tout le monde, puis il l’accuse d’avoir participé à la médiatisation de l’affaire, ce que ce dernier regrette.
Le Procureur : « C’est votre médiatisation qui a permis la suite ? Vous avez écrit « c’est à nous de finir le boulot » Quel boulot ? »
Jérémy : « le boulot c’est de diffuser, informer, enquêter … j’entends bien ce que vous dites mais je n’ai jamais eu l’intention de participer à un enlèvement »
L’avocate de Jérémy rappelle que les faits reprochés sont des idées, pas des actes.
La Présidente poursuit avec les déclarations de Sylvie P. : « Je ne connaissais pas les intentions de Sandrine Gachadoat, mais je sais que Stan et Janett voulait l’aider ». Elle ajoute que Sylvie a mis ses véhicules à disposition, des puces de téléphone, des jumelles, un ordinateur portable contenant les témoignages de mères. Qu’elle a été en contact avec Sandrine Gachadoat, qu’elle lui a dit que l’étape n°1 était « terminée ». Qu’elle a eu des contacts avec des prévenus pendant l’instruction, et qu’elle a adhéré à l’idéologie de Stan Maillaud et Janett Seemann.
L’avocate de Sylvie reviens sur les sms que Syvie a reçu de la part de Janett à propos de la fin d’une « phase 1 », et relate le calendrier professionnel de sa cliente, justifiant que pendant la présence chez elle de Stan et Janett elle était en déplacement pour son travail la plupart du temps. Il ne fut pas évident d’identifier cette avocate car elle était assise sur le banc des parties civiles plutôt que sur le banc des avocats des accusés.
La Présidente poursuit en disant que 5600 euros en liquide avaient été trouvés chez Sandrine Gachadoat. Puis elle cite des déclarations de Corinne Gouget selon lesquelles Stan Maillaud lui aurait proposé d’enlever ses enfants, proposition qu’elle aurait refusée car grotesque, tout en affirmant que Sandrine Gachadoat, elle , aurait été d’accord. La Présidente répète la liste des équipements que possédait Janett : puces de téléphone, liquide, or, balises GPS ; elle rappelle que cette dernière a déclaré que l’usage de la violence était envisageable, et en déduit que des enlèvements étaient possibles. Selon les déclarations de Janett, Sandrine voulait des nouvelles de ses enfants. Janett a approché Léa, vers chez le domicile du père, et pas à l’école comme rapporté par le journal Sud Ouest, précise la Présidente. Léa a dit à Janett qu’elle ne subissait pas de violence, ni n’en avait subie par le passé, ce qui aurait désarçonné Janett.
Puis la Présidente parle de la psychologie de Sandrine Gachadoat, évoquant des troubles psychotiques, des troubles entre réalité et fiction, et un traitement au Risperdal, un médicament contre la schizophrénie. Elle présente Sandrine comme une personne perturbée, responsable pénalement mais délirante.
Le premier avocat des parties civiles, celui de l’ex-mari de Sandrine, prend la parole et évoque des parents diffamés tous les jours, sur internet. Il se dit mécontent de la « bande de bras cassés » qui pense que eux aussi, les avocats et les membres de la cour, seraient dans le réseau pédo-maçonnico-satanique d’élite. Il interpelle Jérémy en lui disant que lui aussi était dans le complot.
Pour lui, on n’est pas dans la supposition, on est dans l’acte. Sandrine Gachadoat est passée à l’acte quand elle a disparu jusqu’au 27 avril 2011. L’avocat décrit un père déprimé, qui restait au lit, et qui pensait que Sandrine allait faire un « suicide altruiste » avec leurs enfants, puis dénonce cette cavale comme un roman misérable, avec des enfants déscolarisés. Il s’en prend aussi à ces gens qui l’ont protégée, telles les personnes qui se sont fait sortir du tribunal et qui attendent sur le parvis.
Il interpelle « les deux comparses » (Christophe et Jérémy ) :
« Vous avez parlé des réseaux de l’horreur, mais c’est vous les réseaux de l’horreur »
Puis il évoque le passage de Stan et Janett sur Méta Tv, une chaine Youtube où l’on donne la parole à Alain Soral et même à Robert Faurisson. « Même Soral soutient Stan Maillaud !»
L’avocat poursuit en arguant que Sandrine Gachadoat ne prend pas son traitement et qu’elle ne respecte pas son contrôle judiciaire. Il demande à ce qu’elle arrête de diffamer sur internet, et prédit qu’un jour un des bras cassés va passer à l’acte. Il conclut en affirmant que le délire de Sandrine Gachadoat est activé par des gens comme Stan Maillaud.
Le second avocat des parties civiles enchaîne : « Il a fallu 6 ans d’instruction pour arriver jusqu’à vous. Les accusés présents ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas. On remet la faute sur Stan Maillaud. Les deux accusés présents répètent qu’ils voulaient « vérifier », c’est le pilier de leur défense et ils visent la relaxe. Stan Maillaud a réussi à envoyer des gens ici, dans « le palais de l’injustice », avec sa vidéo « Vers la rébellion humaine », pièce qui a été ajoutée au dossier. Christophe et Jérémy ont eu le mérite d’appeler au calme ». L’avocat poursuit : « Jérémy a rencontré Sandrine Gachadoat qui lui a clairement dit, il l’a compris parfaitement, qu’elle voulait « récupérer ses enfants par tous moyens sauf la justice ». Jérémy ne peut ignorer le passé de Stan Maillaud, considéré comme un héro parce-qu’il passe à l’action. Quand on ne veut pas participer on se retire, pourtant Jérémy a écrit sur Facebook « nous devons faire le job ». Il savait, sinon il aurait coupé tout contact. Quant à Christophe, impliqué, il a reconnu qu’il était impressionné par le personnage de Stan Maillaud. Il ne pouvait ignorer son passé, et pourtant il s’est impliqué. Quelle est la finalité de cette surveillance ? Qu’auriez-vous fait si vous aviez vu quelque chose ? Juste parler ? Ne pas prévenir la police ? Je n’y crois pas. De plus les cahiers étaient visibles sur le siège, et Christophe B. tente de nous faire croire qu’il ne savait pas. Je demande condamnation.
Quant à Sylvie P., qui était touchée par un problème de pédocriminalité, elle ne pouvait qu’adhérer. Elle dit qu’elle est généreuse, mais elle ne pouvait ignorer la situation. S’il y a une phase 1, il y a une phase 2. Sa culpabilité est démontrée.
Sandrine Gachadoat, elle, ne s’est pas présentée. Elle est au centre, c’est « l’affaire Gachadoat ». Jérémy avait compris qu’un enlèvement se préparait. Même l’usage de la violence était prévu d’après Janett. 5600 euros ont été retrouvés chez elle, et elle a prétexté qu’elle était contre le capitalisme et qu’elle retirait son argent. Si vous ne faites rien, peut-être qu’il va encore se passer quelque chose. Il y a tout pour condamner Sandrine Gachadoat, il faut trouver la réponse pénale adaptée.
Quant à Stan Maillaud et Janett Semann. Janett Seemann est complètement impliquée. Quelle route prenaient les enfants ? Quand étaient-ils seuls ? Ils vont dire que c’est pour vérifier, mais Stan Maillaud a tout écrit. Quel est le crime d’écrire des idées sur un carnet ? C’est plus précis que ça.
Stan Maillaud a un problème d’ordre psy et paranoïaque. Il dit « mon projet est de démontrer la réalité des réseaux pédosatanistes par une affaire exemplaire », cette affaire exemplaire c’est l’affaire Gachadoat. Dans sa lettre au juge d’instruction, il l’accuse de complicité, de protéger les pédophiles. Léa et son père se sont constitués partie civile. 16 personnes ont été évacuées. Il faut une peine adaptée et une obligation de soins. Le père des enfants demande 10,000 euros, 3000 euros pour Léa et 3000 par enfant, ainsi que 1800 euros au titre de l’article 120 du code pénal.
La parole est au Procureur :
« Ce procès n’est pas une messe noire, mais un moment de démocratie, que certaines personnes veulent détruire. » Le Procureur évoque une « alchimie » entre les protagonistes, dont a résulté un « cocktail Molotov ». Dans cette affaire il y a « le manipulateur », les « naïfs en quête de révolte » et les « femmes sous influence » ; il précise que Janett aussi serait sous influence et évoque la « caisse de résonance » d’internet. Ce cocktail engendre une série d’actions qui traumatise des gamins. Heureusement ce cocktail n’a pas explosé, et il cite les enfants de Sandrine : « Maman aurait pu nous tuer ».
Puis le Procureur rappelle que les prévenus sont accusés d’association de malfaiteurs, pas d’enlèvement. Pour lui Sandrine Gachadoat subit une abolition totale du discernement.
Pour le Procureur chacun a posé sa pierre :
Stan Maillaud est un personnage convaincant, impressionnant, charismatique, et il y a un mécanisme sectaire dans la « sphère Stan Maillaud ». Janett Seemann, à propos de la violence, a déclaré « Il m’a dit qu’il me quitterait si je ne le suivais pas » ; et il y a les relais, dont Christophe B. qui « remet en forme le texte ». Le Procureur poursuit en affirmant que le site de Stan Maillaud, le RRR (Ralliement des Résistants pour la Révolution) est mis à disposition par Alain Soral.
Puis il rappelle une citation de Jérémy « ils cherchaient à se relancer car ils n’avaient rien fait de concret depuis des années ». Ensuite il dit n’avoir réussi à regarder que 35 minutes de la dernière vidéo de Stan Maillaud.
Le Procureur rappelle que l’affaire jugée concerne une association de malfaiteurs, punie de 5 ans de prison, et pas un enlèvement ni une affaire de bande organisée. Il rappelle une jurisprudence qui précise que la qualification d’association de malfaiteurs est applicable même si les objectifs ne sont pas ou peu définis. Il rappelle l’importante liste de matériel dont disposait les protagonistes. Il dit que Janett a demandé à Léa de laisser ses fenêtres ouvertes, et que Léa a dit à Janett qu’elle préférait être avec papa, et que maman était malade. Janett ne l’aurait pas crue. Le Procureur évoque ensuite une balise GPS valant 607 euros, dont on ignore qui l’a achetée. La jurisprudence évoquée précédemment à propos de l’association de malfaiteurs précise aussi qu’il n’est pas obligé que tout le monde soit au courant de tout.
Le Procureur résume : Sandrine Gachadoat est la commanditaire, elle est en souffrance, nécessite des soins, y compris sous le régime de l’hospitalisation.
Janett fait ça par amour et sous influence de Stan Maillaud.
Sylvie P. est la logisticienne, en souffrance aussi.
Jérémy L. est l’entremetteur.
Christophe B. est aussi entremetteur, et homme de main de Stan Maillaud.
Quant à Stan Maillaud, le Procureur reprend une déposition de Corinne Gouget décrivant un personnage instable et parano, à qui elle devait masser les pieds. Mme Gouget disait avoir prévenu Sandrine Gachadoat.
« Il faut se réveiller !» assène le Procureur. Il rappelle ensuite les recherches avancées de Stan Maillaud par la justice, ce qui explique le délais de 6 ans avant que ce procès n’ait lieu.
Les réquisitions du Procureur :
Jérémy a pris sa petite part, le procureur requiert 6 mois d’emprisonnement avec sursis, obligation de trouver du travail, interdiction de contact avec les autres protagonistes, le paiement de dommages et intérêts, l’interdiction de se rendre en Charente-Maritime et l’obligation d’effectuer des travaux d’intérêt général ; le Procureur ajoute « par vos agissements vous avez détruit la société »
Pour Sandrine Gachadoat, le Procureur commence par une citation « les lois qui obligent n’existent pas ». Il ne requiert pas de prison ferme, mais 2 ans avec sursis et 3 ans de mise à l’épreuve ; l’obligation de fixer son lieu de résidence, l’interdiction de contact avec la famille et les protagonistes même sur internet, et l’interdiction de se rendre à l’étranger.
Le Procureur s’interroge sur le fait que Sylvie P. soit chef d’entreprise mais qu’elle n’ait pas de moyens financiers, il affirme qu’elle n’est pas accessible au sursis et requiert une amende de 6000 euros contre elle.
Le Procureur requiert 2 ans avec sursis pour Christophe B.
Puis il demande pour Janett, sous influence, une peine de 3 ans avec sursis.
Quant à Stan Maillaud, le Procureur ne dépose pas plainte contre lui pour outrage, mais requiert 4 ans de prison ferme ainsi qu’un nouveau mandat d’arrêt.
Dernières prises de paroles pour les avocats de la défense :
L’avocate de Sylvie P. rappelle que c’est Stan Maillaud qui est venu à elle, et demande à la Cour pourquoi Sylvie irait s’occuper d’enlever d’autres enfants que les siens. Elle précise aussi que pendant la période d’août/septembre elle était comme tous les ans, comme en ce moment même, en déplacement pour son travail, et que donc Stan et Janett étaient hébergés chez elle en son absence, ce qui limite physiquement la possibilité d’implication de Sylvie P. dans cette affaire.
L’avocate de Jérémy se dit sidérée par les vidéos de Stan Maillaud, par la situation du père des enfants, et par les arrestations qui ont eu lieu dans cette affaire. Elle met en avant les libertés de conscience et d’expression de son client : « une idée n’est pas punissable ». Quant à une potentielle association de malfaiteurs, l’avocate rappelle que le militantisme anti-pédocriminalité en France est un tout petit milieu « Tout le monde se connaît, et alors ? ». Elle répond à l’interrogation de la Cour sur « l’étape n°2 », qui serait le dossier Joy, ce qui n’a rien à voir avec l’affaire Gachadoat. Elle conclut en disant que Jérémy n’a pas cru Sandrine Gachadoat.
L’avocate de Christophe se dit d’accord avec le Procureur sur le fait que l’audience est un moment de démocratie. Elle rappelle aussi que durant ces 6 années de procédure, à la recherche de Stan Maillaud, son client a dû aller pointer toutes les semaines durant 2900 jours. Elle rappelle aussi que le 22 septembre 2012, son client a passé 1 heure sous la pluie avec le visage collé au sol, sous la menace d’un fusil à pompe. La peur lui a fait dire qu’il était présent sur place pour un projet d’éco-village. Elle conclut en affirmant qu’il manque l’intention coupable de son client pour le condamner.
Le verdict tombe après une trentaine de minutes de pause :
Jérémy Lehut est relaxé,
Christophe Borja est jugé coupable, la peine est de 2 ans avec sursis simple et 5 ans de mise à l’épreuve.
Sylvie Peilleron est jugée coupable, elle bénéficie de l’aide juridictionnelle et est condamnée à une amende de 15.000 euros.
Janett Seemann est jugée coupable, la peine est de 3 ans de prison avec sursis simple.
Sandrine Gachadoat est jugée coupable, la peine est de 2 ans de prison avec sursis avec une mise à l’épreuve de 3 ans. Elle a obligation de soins y compris sous le régime de l’hospitalisation, obligation d’établir sa résidence en un lieu déterminé, interdiction de se rendre en Charente-Maritime, obligation d’indemniser les victimes, interdiction d’entrer en contact avec les personnes condamnées, avec Jérémy et avec ses 3 enfants, le tout assorti de l’exécution provisoire.
Stan Maillaud est jugé coupable des faits reprochés, il est condamné à 5 ans de prison ferme ainsi qu’à un nouveau mandat d’arrêt.
L’ensemble des condamnés devront payer 8000 euros pour le père des enfants, 2500 euros pour Tony, 2500 euros pour Andy, 8000 euros pour Léa et 1500 euros au titre de l’article 475A du code pénal.
L’audience est levée.
Compléments :
Sylvie P. aurait fait appel de la décision.
Sandrine Gachadoat explique pourquoi elle ne s’est pas rendue au procès : https://www.facebook.com/events/1069472689870205/permalink/1140966836054123/
Réactions de Stan Maillaud et Janett Seemann sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=U6rsG-ShvCM
Réaction de Tof :
Compte-rendu du procès par Jérémy : https://endirectduchaos.com/2018/09/04/verdict-du-proces-maillaud-du-30-aout-a-saintes/
Compte-rendu par une journaliste locale :http://nicolebertin.blogspot.com/2018/09/montendretribunal-de-saintes-stan.html?spref=tw
Dossier à charge sur Stan Maillaud dans la revue ‘Détective’ – « Le couple qui enlève les enfants » : http://mk-polis2.eklablog.com/dossier-a-charge-sur-stan-maillaud-dans-la-revue-detective-le-couple-q-a148449958