(France 2, Extrait "Complément d’enquête") Harcèlement sexuel : une liste noire de 450 noms circule chez les mannequins

Alors que les révélations de scandales sexuels se multiplient dans le milieu de la mode, la résistance s’organise. Une liste noire des professionnels ayant des comportements déplacés circule chez les mannequins.

Dans le milieu de la mode, depuis le mouvement #MeToo et le scandale Jeffrey Epstein, la résistance s’organise. Une liste de 450 noms circule par exemple chez les mannequins. Y sont recensés des patrons d’agence, photographes, bookers… ayant eu des comportements déplacés. Certains font l’objet de plaintes devant la justice, mais pour la plupart des noms, il s’agit simplement de signalements. Les modèles peuvent ainsi confronter leurs (mauvaises) expériences.Cette liste noire, « Complément d’enquête » l’a montrée à Céline et Marie, deux jeunes mannequins en shooting dans un studio de Montreuil, près de Paris, ainsi qu’à Malo, leur photographe ce jour-là. Ils la voient pour la première fois. Certains noms les font réagir. « Ce mec, c’est un cauchemar, il fait peur », s’exclame Céline en découvrant l’un d’entre eux. Malo confime qu’il en a « entendu parler très récemment » comme de « la prochaine tête qui va tomber ». Devant un autre nom, la jeune femme se souvient de « trucs déplacés », notamment de « regards pervers » qui l’avaient mise très mal à l’aise.

« Il y a de grandes stars »

Si le harcèlement sexuel existe dans le milieu de la mode, le photographe tient pourtant à relativiser son ampleur : « C’est une liste monde, il y a de grandes, grandes stars… mais en comparaison avec le nombre de photographes qui travaillent, c’est minime. (…) Ça entache la profession, ça entache les rapports, mais heureusement, ce n’est pas que ça. »

Pour avoir l’assurance d’être irréprochable, Malo s’entoure d’une équipe professionnelle : styliste, assistant, coiffeuse, maquilleuse. Quand il doit rectifier la pose d’un modèle, il lui demande la permission de la toucher. Pour lui, c’est une question de respect, le même « qu’on peut avoir dans la vie de tous les jours avec quelqu’un » qu’on ne connaît pas. Et toutes ses indications restent « dans quelque chose de concret par rapport à la photo qu’on va faire ». Pour Marie, « c’est ce que tous les photographes devraient faire ».

Extrait de « Fashioned victimes », un reportage à voir dans « Complément d’enquête » le 7 novembre 2019.

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