Selon Mediapart, Anne Hidalgo a appris l’existence de déjeuners entre son adjoint à la culture, avant sa démission, et l’écrivain accusé de viols sur mineurs.
Le nouveau mandat d’Anne Hidalgo à la tête de capitale ne commence pas sous les meilleurs auspices. Les relations entre la maire socialiste et ses alliés écologistes se sont étiolées : jeudi 23 juillet, lors du premier Conseil de Paris de sa mandature, des activistes féministes, soutenus par deux élues écologistes, s’étaient rassemblés sur le parvis de l’hôtel de ville pour demander la démission de l’adjoint à la culture Christophe Girard, entendu en mars dans l’enquête ouverte pour « viols sur mineurs » contre Gabriel Matzneff. Ces manifestations avaient poussé l’élu à démissionner de son poste. Anne Hidalgo avait de son côté dénoncé les « excès » de ses partenaires écologistes, et a réclamé des « excuses ». Mais l’affaire était-elle vraiment aussi simple ?
Christophe Girard n’aurait pas seulement démissionné à la suite des protestations féministes. Selon les révélations de Mediapart, la Mairie de Paris a retrouvé la trace de déjeuners entre l’ex-adjoint chargé de la culture et l‘écrivain Gabriel Matzneff, soupçonné de pédophilie et visé par une enquête pour « viols commis sur mineurs ». Trois notes de frais pour des repas au restaurant entre les deux hommes ont été découvertes.
L’une d’entre elles, d’un montant de 85 euros et datant du 12 février 2019, a été transmise par Anne Hidalgo au parquet de Paris dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte dans l’affaire Matzneff. Christophe Girard s’était fait rembourser la dépense en sa qualité d’adjoint à la culture, justifiant auprès des services de la Ville un déjeuner dans le cadre de la journée de l’écriture manuscrite, organisée par Paris trois mois plus tard. Les deux autres notes de frais remontent quant à elles à 2016 et 2017 – Girard était alors maire du 4e arrondissement de Paris, précise Mediapart.
« Aucune validation politique de la maire »
Interrogé par Mediapart, le cabinet d’Anne Hidalgo assure que la maire de la capitale « n’avait absolument pas eu connaissance de ce déjeuner en 2019 ». Le remboursement des frais s’était fait selon un « processus purement administratif ». « Il n’y a eu aucune validation politique du cabinet de la maire. » D’après l’équipe de l’édile socialiste, « quand la maire prend connaissance de cette note de frais », « elle prend la décision d’en informer Christophe Girard et d’en informer le parquet », car « l’affaire est sensible ». « La maire a considéré que cette nouvelle pièce n’était pas incriminante, puisqu’on savait que Christophe Girard avait eu de toute façon des liens, qu’il avait été entendu par la justice et qu’il n’est visé par aucune plainte », poursuit le cabinet.
Un proche d’Anne Hidalgo, cité par Mediapart, n’hésite en tout cas pas à affirmer que ces nouveaux éléments ont « pesé dans la décision personnelle qu’a prise Christophe Girard ». « Il a manifestement cherché à nous cacher toute trace d’une relation en réalité plus établie qu’il ne l’avouait lui-même », déclare-t-il. La maire socialiste de Paris, réélue le 3 juillet, « réitère » de son côté son soutien à Christophe Girard.