(Marianne) « Pour financer un film » : Jack Lang justifie un don de Jeffrey Epstein à une association gérée par ses proches

La fondation de Jeffrey Epstein a donné 57.897 dollars à une association gérée par plusieurs anciens collaborateurs et proches de Jack Lang en 2018. Dans un article publié mercredi 14 octobre par Politico, l’ancien ministre assure qu’il ne s’agit que de « gens qui lèvent de l’argent pour financer un film ».

Un cadeau empoisonné. Interrogé sur un don effectué par Jeffrey Epstein à une association gérée par certains de ses proches et anciens collaborateurs, l’ancien ministre socialiste Jack Lang a assuré que l’argent devait servir à « financer un film » auprès de Politico. La fondation de l’hommes d’affaires américain, qui s’est suicidé en prison en août 2019 alors qu’il était poursuivi pour trafic de mineures, a versé un peu moins de 58.000 dollars à cette structure en 2018, comme le raconte le site d’information dans un article publié ce mercredi 14 octobre.

Créée en juillet de la même année, l’organisation porte un nom ronflant : « Association pour la promotion de la politique culturelle nationale menée dans les années 80 et 90 du XXème siècle« . Dans le détail, elle se destine à « contribuer à soutenir la production et la diffusion de toutes créations et actions, y compris audiovisuelles et cinématographiques, destinées à développer la connaissance de cette politique« , ainsi qu’à « valoriser » ses « grandes orientations, ses réalisations les plus significatives et le rôle de ses principaux animateurs« , précise son objet. Son intitulé abrégé et son adresse figurent dans l’édition 2018 de la déclaration fiscale de Gratitude America, la fondation d’Epstein, dans la rubrique des dons consentis à d’autres organisations. Relayé par Politico, le document affiche un montant de 57.897 dollars en face de l’association. Détail notable : elle est la seule structure française à laquelle « Epstein a jamais donné de l’argent« , selon le site d’information.

« Mise en place » par Jack Lang

Les statuts de cette structure font apparaître plusieurs ex-collaborateurs et proches de Jack Lang, relate Politico : le président est ainsi Christophe Degruelle, ancien chef de cabinet de l’homme politique au ministère de l’Education et ex-conseiller à l’Institut du monde arabe, dont Jack Lang occupe la présidence depuis 2013. Tandis que le trésorier de l’organisation est Jacques Renard, qui a dirigé le cabinet de Jack Lang au ministère de la Culture. Une autre cofondatrice, Sylvie Aubry, est une « amie de longue date de Lang« , indique Politico, qui évoque des clichés publiés sur son compte Instagram où elle apparaît en compagnie de l’ancien ministre.

Sollicité par Politico, Jack Lang s’est fendu d’une brève explication sur l’argent reçu par l’association : « Ce sont des gens qui lèvent de l’argent pour financer un film, c’est tout« . « [Le film] est en train d’être finalisé, je crois« , a-t-il ajouté. Egalement contactée par Politico, Sylvie Aubry semble moins au fait de l’activité de son association que l’ancien ministre, alors même que ce dernier « n’apparaît sur aucun document« , selon le site d’information. La cofondatrice a d’abord indiqué ne pas connaître l’existence de la structure, avant de se souvenir d’avoir été sollicitée par Jack Lang : « Je me rappelle avoir été sondée pour savoir si je voulais [créer l’association] et que j’ai dit oui« , raconte-t-elle, ajoutant que l’ancien ministre a « en gros mis en place » le projet. Elle a également indiqué ne pas être au courant du don d’Epstein, précise Politico.

« Relation de rencontre »

Quant à la vocation de la structure, Sylvie Aubry indique qu’elle devait « produire un film sur la culture dans les années 1980 et 1990, ou quelque chose comme ça« . Ce qui semble concorder avec les explications de Jack Lang. Mais à l’inverse de l’homme politique, la cofondatrice dit ignorer l’avancement du projet : à vrai dire, elle n’a même « pas de souvenir que l’association ait jamais été réellement active« . Sylvie Aubry semble pourtant aux premières loges pour observer le travail de la structure. L’immeuble où est domiciliée l’association, dans le XIVe arrondissement de Paris, est en effet le même… que celui où habite Sylvie Aubry. A moins que la cofondatrice ait simplement prêté son adresse au moment de la déclaration, alors que Politico indique que l’organisation n’est pas visible sur les boîtes au lettres et interphones.

Jack Lang a croisé à plusieurs reprises Jeffrey Epstein à Paris, comme il l’a raconté dans une enquête publiée en août 2019 par franceinfo. L’ancien ministre avait rencontré l’homme d’affaires lors d’un dîner organisé en l’honneur de Woody Allen, et l’avait invité en mars 2019 aux célébrations des 30 ans de la pyramide du Louvre, précise l’article. « Epstein était une personne charmante, courtoise et agréable, y raconte Jack Lang. Je me suis rendu une seule fois chez lui avenue Foch pour un déjeuner. C’est vrai qu’il était souvent accompagné de quelques jolies femmes, mais qui n’étaient à l’évidence pas des mineures« . « Une relation de rencontre« , résume l’ancien ministre, qui assure n’avoir pas vu venir l’arrestation d’Epstein : « Je suis tombé de l’armoire en apprenant toutes ces histoires.« 

Commentaire de l’image : «  »Epstein était une personne charmante, courtoise et agréable« , avait raconté Jack Lang en août 2019 à franceinfo. « 

Laisser un commentaire

Base de Données sur les réseaux pédocriminels