Le célèbre politologue est accusé de viols et d’agressions sexuelles sur son beau-fils. Le père de la victime, l’ancien ministre, Bernard Kouchner avait signé la pétition lancée par Gabriel Matzneff en 1977…
Alors que son livre « La Familia Grande » n’est pas encore sorti en librairie, – il est publié ce jeudi 7 janvier – Camille Kouchner a brisé un silence dont l’onde de choc fait beaucoup de bruit.
Dans ce livre, l’avocate et fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner, aujourd’hui âgée de 45 ans, dévoile un terrible secret de famille : les abus sexuels subis par son frère jumeau à partir de ses 13 ans, dans les années 1980, commis par leur beau-père, le célèbre politologue Olivier Duhamel qui était en couple avec leur mère Evelyne Pisier.
Omerta brisée
En publiant son livre, elle brise une omerta très forte pourtant elle assure que les faits étaient connus depuis longtemps par son entourage qui a préféré se taire pour éviter tout scandale.
Démission et enquête
Face aux accusations, Olivier Duhamel a annoncé ce lundi 4 janvier sa démission de ses fonctions, notamment celle de président de la Fondation nationale des sciences politiques après l’article publié par Le Monde.
Et quelques heures plus tard, ce mardi 5 janvier, le parquet a décidé d’ouvrir une enquête à son encontre pour viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans.
« À la suite de la publication des différents articles de presse le 4 janvier mettant en cause Olivier Duhamel, le parquet de Paris a ouvert ce jour une enquête des chefs de viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans », a précisé ce mardi 5 janvier dans un communiqué le procureur de Paris, Rémy Heitz.
La pétition de Matzneff qui ressort
L’affaire Gabriel Matzneff qui a éclaté avec le livre « Le Consentement » de Vanessa Springora l’an dernier avait fait ressortir la tribune rédigée par Gabriel Matzneff lui-même défendant la possibilité d’entretenir une relation amoureuse et sexuelle avec des mineurs.
Publiée le 26 janvier 1977 dans le Monde, cette pétition avait à l’époque était signée par Bernard Kouchner, le père de Camille Kouchner et de son jumeau, donc le propre père de la victime d’Olivie Duhamel.
Une pétition signée par des intellectuels français
Quelque 69 intellectuels français ont signé aux côtés de l’écrivain Gabriel Matzneff et du romancier, Guy Hocquenghem une tribune publiée le 26 janvier 1977, comme le rappelle France Culture.
Parmi lesquels Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Gilles et Fanny Deleuze, Francis Ponge, Philippe Sollers, Jack Lang, Bernard Kouchner, Louis Aragon, André Glucksmann, François Châtelet, Daniel Guérin, Pierre Guyotat, Françoise Laborie, Catherine Millet, Vincent Monteil, Alain Cuny, entre autres soutenus par de nombreux psychiatres.
Cette pétition a été publiée dans Le Monde puis dans Libération pour défendre trois hommes incarcérés depuis plus de trois ans pour avoir abusé sexuellement de mineurs de moins de 15 ans.
« Une connerie absolue »
L’an dernier plus de quarante ans après avoir approuvé cette tribune prônant la pédophilie, l’ancien ministre Bernard Kouchner avait confié au Point que « c’était une connerie absolue ».
« La pétition de Matzneff, je ne l’ai pas lue ! Daniel Cohn-Bendit et moi l’avons signée parce que Jack Lang nous l’avait demandé. C’était il y a 40 ans. C’est une énorme erreur. Il y avait derrière une odeur de pédophilie, c’est clair. C’était une connerie absolue. Plus qu’une connerie, une sorte de recherche de l’oppression. Je regrette beaucoup », a-t-il confié au journal en janvier 2020.
Bernard Kouchner souligne le courage de sa fille
Dans son récit, Camille Kouchner n’accable en rien son père. Elle confie même qu’il avait voulu aller lui « péter la gueule » lorsqu’il a été au courant en 2010. C’est elle qui aurait dissuadé son père de s’en mêler pour protéger son frère.
Leur mère prévenue a préféré garder le silence et protéger la réputation. Elle est décédée en 2017.
Bernard Kouchner a tenu à souligner le courage de sa fille. Il écrit dans un communiqué : « Un lourd secret qui pesait sur nous depuis trop longtemps a été heureusement levé ».
Avant d’ajouter : « J’admire le courage de ma fille Camille ».