Le maire de Saint-Étienne n’a pas hésité à accuser l’actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes d’actes criminels, au cours d’une discussion avec son ancien premier adjoint, selon une enquête publiée ce mercredi par Mediapart. Gaël Perdriau reconnaît que ses propos ne sont que pure calomnie.
En s’emportant au cours d’une discussion politique en novembre 2017 avec son premier adjoint d’alors, Gilles Artigues, Gaël Perdriau a qualifié l’actuel président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes de pédocriminel. Voilà ce que révèle l’article de Mediapart pour lequel l’avocat du maire de Saint-Étienne avait obtenu le 18 novembre de la part de la justice une interdiction de publication. Cette interdiction a été levée par le tribunal judiciaire de Paris ce mercredi, et l’article a été publié dans la foulée.
Le maire de Saint-Étienne a reconnu, auprès de Mediapart, mais également au cours du conseil municipal du 28 novembre, que les propos qu’il a tenus au cours de cette discussion ne sont que pure calomnie. « Il s’agit d’un échange vif et privé, enregistré à mon insu et diffusé sans mon autorisation. Ces propos -je le reconnais- sont grossiers et sans fondement, mais tenus dans mon bureau à un moment d’extrême tension avec mon premier adjoint et un élu de la région », a expliqué Gaël Perdriau en ouverture du conseil municipal.
L’échange en question, qui a été enregistré, remonte donc au 27 novembre 2017, pendant une réunion de travail, dans le bureau du maire de Saint-Étienne. C’est sur le même enregistrement – diffusé précédemment par Mediapart – qu’on entend Gaël Perdriau menacer son premier adjoint de révéler des extraits de la vidéo intime qui a été filmée deux ans plus tôt dans un hôtel parisien, dans laquelle Gilles Artigues apparaît aux côtés d’un escortboy.
Laurent Wauquiez va porter plainte pour diffamation
La discussion entre Gaël Perdriau et Gilles Artigues est tendue. Le maire de Saint-Étienne reproche alors à son premier adjoint d’avoir participé à une soirée de Laurent Wauquiez dans son dos, et d’avoir comploté contre lui avec le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Gilles Artigues explique alors qu’il connaît Laurent Wauquiez depuis longtemps, que c’est l’ancien ministre et député Jacques Barrot qui le lui a présenté alors que Laurent Wauquiez « était stagiaire [de l’École nationale d’administration] à Yssingeaux… » Ce à quoi Gaël Perdriau répond du tac au tac au sujet du président de région : « Et qu’il allait sucer sur le parking des supermarchés des petits garçons… »
Laurent Wauquiez, sollicité par Mediapart, a fait part de sa stupéfaction et a indiqué qu’il entendait porter plainte contre le maire de Saint-Étienne pour diffamation. Ce mercredi 30 novembre, après la publication de l’enquête du média d’investigation, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes confirme son intention de saisir la justice dans un message sur Twitter.
Dans la suite de son enquête, Mediapart donne la parole à plusieurs anciens collaborateurs du maire de Saint-Étienne, qui indiquent que la rumeur est une méthode utilisée à plusieurs reprises par l’équipe de Gaël Perdriau. « Pour discréditer et porter atteinte aux élus avec lesquels il y avait des divergences », raconte une des personnes interrogées.